« Visegrad n’est pas mort, mais avec la Hongrie ça ne marche plus »
La venue de l’épouse du président Zelensky à Strasbourg ce mercredi montre que l’Ukraine et les conséquences de la guerre sont au cœur de la session plénière du Parlement européen, où la présidente de la Commission a prononcé dans la matinée son discours sur l’Etat de l’UE. Mais un autre pays était également au centre des débats mercredi : la Hongrie de Viktor Orban. Les eurodéputés doivent se prononcer sur le projet de rapport qualifiant le pays magyar d’autocratie électorale. L’eurodéputée tchèque Michaela Šojdrová siège dans le groupe du Parti Populaire Européen (PPE), dont faisait partie le FIDESZ de Viktor Orban jusqu’à l’année dernière :
Michaela Šojdrová : « Je suis persuadée que la Hongrie doit remplir les critères de l’Etat de droit. La Commission européenne est bien sûr obligée de veiller à ce qu’elle le respecte et propose au Conseil et au Parlement européens la marche à suivre. Nous allons aussi demander à nos collègues hongrois de participer parce qu’ils sont européens. Je regrette que certains tolèrent la collaboration d’Orban avec Poutine et ne le comprends pas du tout. Avec la commission culturelle du Parlement européen, nous allons en Hongrie en octobre et nous contribuerons à observer si tous les droits et libertés sont respectés. Je pense que le débat est important et j’espère qu’il va montrer qu’il est mieux de rester dans la famille européenne et de coopérer, parce qu’ensemble nous sommes plus forts. Mais il faut que le gouvernement hongrois retourne aux principes et aux valeurs de l’UE, c’est absolument clair. »
RPI : Est-ce difficile pour vous de comprendre comment a évolué le FIDESZ, qui faisait partie du même groupe que vous ? Avez-vous échangé avec vos collègues eurodéputés hongrois ?
« Pour moi c’est vraiment incroyable et je ne le comprends pas du tout. Ce sont toujours les mêmes collègues qui sont ici au Parlement et ensemble nous avons défendu nos mêmes valeurs, principes et activités. Maintenant je crois qu’ils sont peut-être sourds ou aveugles, qu’ils ne voient pas la collaboration avec le régime de Poutine. Je leur demande et je parle avec eux… »
Que constatez-vous avec eux ? Que le groupe de Visegrad (qui rassemble avec la Tchéquie et la Hongrie également la Pologne et la Slovaquie) est mort ?
« Non, je ne pense pas que Visegrad soit mort, mais Visegrad n’est pas utile, ça ne marche pas. C’était très important au début mais plus avec autant de divergences entre les représentations politiques. Peut-être à l’avenir… On peut toujours parler de coopération mais on ne peut pas être à la même table que quelqu’un qui soutient Poutine. J’ai beaucoup apprécié que notre Premier ministre et que notre ministre de la Défense aient récemment refusé de se rendre à une réunion du groupe de Visegrad. »
Dernière question : quel est votre regard sur la nomination contestée du nouveau secrétaire général du Parlement européen (ancien chef de cabinet de la présidente du Parlement Roberta Metsola, elle-même issue des rangs du PPE) ?
« J’ai des informations selon lesquelles le processus a été transparent. J’ai confiance en notre président de groupe Manfred Weber, qui nous l’a indiqué. J’espère qu’il va nous expliquer et que nous pouvons le croire en toute confiance. »