Dans son dernier discours de Noël, Miloš Zeman appelle à soutenir l’Ukraine
Miloš Zeman a prononcé, le 26 décembre, ses traditionnels vœux de Noël, les derniers qu’il a adressés aux Tchèques en tant que président de la République.
70 jours avant la fin de son deuxième et dernier mandat – et une vingtaine de jours avant le premier tour de la prochaine élection présidentielle en Tchéquie – Miloš Zeman a saisi l’occasion de faire le bilan de sa carrière politique, longue de plus de 30 ans. Mais avant cela, le président s’est exprimé sur l’actualité internationale, qualifiant « l’agression russe contre l’Ukraine » d’événement « majeur » de l’année écoulée. Le chef de l’Etat a souligné qu’il soutenait pleinement l’aide tchèque fournie à l’Ukraine et s’est dit favorable à un soutien supplémentaire de la communauté internationale.
« Je suis convaincu que la pression des pays libres obligera tôt ou tard la Russie à quitter le territoire de l’Ukraine », a déclaré Miloš Zeman qui, jusqu’au déclenchement de la guerre le 24 février dernier, était critiqué, dans son pays comme à l’étranger, pour ses positions pro-russes, y compris le rejet des sanctions européennes contre Moscou.
Le président a reconnu qu’il avait toujours été favorable aux relations économiques « correctes » avec la Fédération de Russie, notamment grâce à la livraison d’énergie relativement bon marché.
Toutefois, il a souligné que les événements actuels mettaient en danger non seulement la sécurité nationale tchèque, mais aussi la sécurité mondiale, de sorte que les intérêts économiques devaient passer au second plan.
Crise économique et énergétique
Miloš Zeman a admis que l’invasion russe de l’Ukraine a largement contribué à la hausse des prix de l’énergie. Néanmoins, il a également pointé du doigt le Green Deal, qu’il qualifie de « fanatisme vert » et qui serait également responsable, selon le président tchèque, de la crise énergétique actuelle.
Dans son bilan 2022, le président a enfin évoqué l’inflation qui a frappé de plein fouet les Tchèques, grimpant à plus de 15% à la fin de l’année. « (…) J’ai exercé mon autorité légale et nommé le gouverneur et les membres du conseil d’administration de la Banque nationale qui sont opposés à la hausse des taux d’intérêt », a expliqué Miloš Zeman, rappelant qu’il a également opposé son veto à un amendement au projet de budget de l’Etat pour 2022, avec un déficit « horrible » de 375 milliards de couronnes.
« En ce qui concerne les recettes, je crois que le gouvernement doit accepter les propositions des économistes qui concernent surtout le domaine fiscal », a-t-il suggéré au cabinet du Premier ministre Petr Fiala.
Figure importante et controversée de la politique tchèque après 1989
Premier chef de l’Etat tchèque élu au suffrage universel direct en 2013, réélu en 2018, Miloš Zeman est le troisième président de la République tchèque depuis la création de cet Etat en 1993.
En récapitulant sa longue carrière politique, qui a commencé dès la révolution de Velours, Miloš Zeman a rappelé notamment son engagement à la tête du parti social-démocrate tchèque (ČSSD) et les succès du gouvernement qu’il a dirigé entre 1998 et 2002.
Il a indiqué qu’en tant que président, il avait surtout voulu défendre les intérêts nationaux tchèques, en encourageant les exportations et la diplomatie économique en général et en entretenant de bonnes relations avec « le plus grand nombre possible de pays importants au monde ». Dans ce contexte, le président a rappelé que les relations tchéco-israéliennes en particulier lui avaient tenu à cœur tout au long de ses mandats présidentiels.
Dans sa réaction au discours présidentiel, le politologue Petr Just remarque que Miloš Zeman n’a pas consacré un seul mot à la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne. Pour lui, « il s'agissait essentiellement d'un discours similaire à ceux qu'il [Miloš Zeman] avait prononcés par le passé, y compris ses traditionnelles attaques contre les commentateurs politiques ou l’Union européenne ».
Selon le politologue Josef Mlejnek, le président Zeman a aussi omis de mentionner ses efforts passés visant à renforcer les liens avec la Russie et la Chine.
« Miloš Zeman n’a même pas profité de ce discours pour réconcilier les Tchèques. Si la société est divisée et une partie de l’opinion publique est sensible à la propagande pro-russe et pro-chinoise ou anti-européenne, c’est également dû à son intolérance et à ses discours antérieurs, de même qu’à sa très faible capacité à admettre une erreur, à s'excuser, à soumettre ses actes à une réflexion critique », écrit le quotidien Respekt dans son édition de ce mardi.
Dans un an, un nouveau président (ou présidente) de la République adressera ses vœux à ses concitoyens. Le premier tour de l’élection présidentielle, qui pour beaucoup marque la rupture avec l’ère de Miloš Zeman, se tiendra les 13 et 14 janvier prochains.