« Février sec » : le défi d’un mois (ou plus) sans alcool
Ce mercredi a commencé la 11e édition de l’opération « Février sec » (Suchej únor) qui vise à sensibiliser le public aux dangers liés à la consommation d’alcool. Dans un pays dont les habitants boivent plus de 14 litres d’alcool pur par an et par personne, soit une des consommations les plus fortes au monde, la campagne rencontre un succès croissant : en 2022, près de 900 000 personnes y ont participé.
« Un mois, c’est parfait pour se rendre compte si ça va sans alcool, ou non », affirme Honza, un alcoolique qui a arrêté de boire il y a cinq ans de cela, grâce à un traitement qu’il continue à suivre à la clinique d’addictologie de Prague-Podolí.
Un Tchèque sur sept dépendant à l’alcool
C’est précisément l’objectif de la campagne « Février sec ». Plutôt que de ne pas boire une seule goutte d’alcool pendant un mois, elle suggère aux participants de faire le point sur leur consommation, pour y voir plus clair, comme l’explique son organisateur Petr Freimann :
« Ce questionnement est très personnel. Nous ne surveillons pas les gens, nous ne leurs disons pas ce qu’ils devraient ou ne devraient pas faire. Certains participants nous ont dit qu’ils ont bu une bière au déjeuner et en finissant leur verre, ils se sont rendu compte qu’en fait, ils participaient à la campagne. Chacun gère la situation à sa façon. Peu importe, à mon avis, si la personne continue à s’abstenir jusqu’à fin février ou non. Ce qui est important, c’est de mener un débat public sur le sujet. En Tchéquie, un adulte sur sept est concerné par la consommation excessive de l’alcool. En participant à la campagne, les gens peuvent réaliser s’ils sont concernés par le problème ou non. »
Etre créatif
Soutenue par plusieurs personnalités, dont l’ancien gardien de but international Petr Čech, l’acteur Roman Vojtek ou la violoncelliste Terezie Kovalová, la campagne se déroule cette année sous le slogan « Ne pas boire est un art ». Petr Freimann :
« Nous aimerions inspirer les gens à se reconnaître dans une certaine pureté qu’offre l’absence de consommation d’alcool et à repousser aussi leurs limites non pas grâce aux substances addictives, mais à travers la création. On incite les gens à dessiner, cuisiner, sculpter, prendre des photos… Peu importe ! Nous voulons qu’ils partagent leurs œuvres et créations sur les réseaux sociaux pour inspirer les autres. »
La bière sans alcool n’est pas anodine
La campagne appelle également les parents à ne pas servir la soi-disant bière sans alcool aux mineurs Petr Freimann explique :
« La bière rafraîchissante aromatisée reste une boisson à base de bière et contient de l’alcool. Pour de nombreux parents, il s'agit d’une information totalement nouvelle. Le métabolisme d’un adulte sait décomposer l’alcool, à la différence de celui d’un enfant. Très populaire en Tchéquie, la Birell Pomelo & Grep contient jusqu’à 0,34 % d’alcool. Sa consommation a un effet très négatif sur le corps de l’enfant ».
Avec 14,5 litres d’alcool pur par an et par personne âgée d’au moins 15 ans, et même 18,6 litres pour les hommes, les Tchèques affichent une consommation moyenne parmi les plus élevées au monde, sensiblement équivalente à celle des Irlandais ou des Allemands. Selon les organisateurs du « Février sec », plus d’un million de Tchèques sont à la limite d’une « consommation à risque ».
« Chaque année, nous demandons aux participants de nous dire à la fin de la campagne quels ont été ses bienfaits. Environ 86 % des gens sont fiers d’être arrivés jusqu’au bout. Ils nous disent avoir pris conscience de leur relation à l’alcool. Ensuite, beaucoup de gens mentionnent des bénéfices comme l’esprit claire, un afflux d’énergie, une perte de poids aussi. Ils sont également nombreux à avoir abandonné la cigarette. Mais surtout, ils parviennent à s’abstenir de consommer de l’alcool non seulement en février, mais aussi après la campagne. »
Selon une enquête réalisée par l’agence Nielsen Admosphere et les organisateurs du projet, plus de la moitié des personnes ayant adhéré par le passé à la campagne « Février sec » ont limité considérablement leur consommation d’alcool pendant les mois suivants.