En Géorgie, l'aide tchèque pour la protection de la nature et le soutien aux communautés locales
La protection des ressources naturelles, le développement du tourisme ou la mise en place de services sociaux alternatifs - ce ne sont là que quelques exemples de la coopération au développement que la République tchèque fournit actuellement en Géorgie. Ce pays montagneux situé à la frontière entre l'Europe et l'Asie est l'un des six pays prioritaires de l'Agence tchèque de développement et entretient des relations très étroites avec la Tchéquie.
Barbara Dzhabanishvili vit dans le village de montagne isolé de Tkiliana, dans la zone naturelle protégée de Pshav-Chevsureti, dans la vallée de la rivière Aragvi. Avec sa grande famille, elle gère ici une petite pension de famille. Barbara est l'une des nombreuses personnes qui ont bénéficié d'une subvention du groupe d'action locale Aragvi.
Il s'agit d'une initiative de l'ONG tchèque People in Need (Člověk v tísni), qui vise à améliorer la situation socio-économique de la population locale, notamment par le développement du tourisme.
La maison d'hôtes Midamo est située dans la pittoresque vallée de la rivière Aragvi, et Barbara la gère avec ses parents et ses neuf frères et sœurs. Alors que les parents s'occupent du transport et de la cuisine, Barbara et son frère adulte s'occupent des invités.
Une subvention du projet « Développement communautaire durable à Aragvi » a permis à la famille d'acheter de nouveaux meubles et équipements, ainsi que de suivre divers cours de formation.
Barbara Dzhabanishvili espère que bientôt, non seulement les touristes de Géorgie mais aussi ceux de l'étranger commenceront à venir dans leur maison d'hôtes. À l'avenir, ils aimeraient développer davantage leur activité, par exemple en achetant des chevaux et en proposant des promenades dans la région.
La pittoresque zone montagneuse d'Aragvi présente un grand potentiel touristique en raison de son paysage naturel unique, mais il n'a pas encore été pleinement exploité. Les groupes d'action locale et les subventions sont l'un des outils permettant de contribuer au développement durable de la région et d'impliquer la population locale.
Ramazi Chichinadze, chargé de communication pour la branche géorgienne de People in Need, qui est active depuis longtemps dans le pays, explique comment cette aide fonctionne en pratique :
« Le groupe local Aragvi est composé de personnes qui vivent dans la région. Ce sont eux qui ont la tâche de définir les priorités qui doivent être développées.
Par exemple, le groupe décide qu'il est nécessaire de créer des installations ou des logements pour les touristes, il annonce donc une subvention pour soutenir le tourisme et le développement d'auberges touristiques.
Les gens proposent ensuite une série d'activités et un jury composé de divers experts choisira à qui attribuer la subvention en fonction des priorités définies à l'avance. »
Le groupe d'action locale Aragvi a été créé en 2020 et a soutenu près d'une centaine d'initiatives différentes à ce jour, dont la maison d'hôtes Midamo dans le village de montagne de Tkiliana. Selon Ramazi Chichinadze, ce sont les activités de ce type qui ont le plus grand impact sur la vie des populations locales :
« Les groupes d'action locale sont généralement un outil assez important pour le développement régional en Géorgie. Le premier groupe d'action locale a été créé par People in Need à Kazbegi et a connu un grand succès. Par la suite, d'autres groupes d'action locale ont été créés par d'autres organisations.
Il s'agit d'une stratégie ascendante. L'idée principale de cette approche est que ce sont les personnes qui vivent dans la région qui savent le mieux ce dont elles ont besoin. Ce sont donc ces personnes qui définissent les priorités et élaborent les stratégies. C'est un outil vraiment efficace pour le développement de la région. »
Une aide tchèque apportée après l'invasion russe de 2009
La coopération tchèque au développement en Géorgie a une longue tradition et est loin de se limiter à des projets de développement communautaire. Les Tchèques ont commencé à aider le plus grand pays du Caucase en 2009, à la suite du conflit armé avec la Russie, explique Petra Mojžíšová, chef de projet à l'Agence tchèque de développement (Česká rozvojová agentura) :
« L'aide au développement en Géorgie a commencé par une coopération humanitaire, dans le cadre de la reconstruction du pays après la guerre. Et grâce au fait que la coopération était déjà établie, la Géorgie est devenue l'un des pays prioritaires. Cela s'est passé entre 2010 et 2017.
Depuis 2018, la Géorgie est un pays dit de programme. Cela signifie que nous avons élaboré un document conceptuel, qui définit certaines priorités dans lesquelles la République tchèque souhaite coopérer avec la Géorgie et transférer son savoir-faire. »
Selon Petra Mojžíšová, la coopération tchèque fonctionne très bien par rapport à d'autres pays, et ce non seulement grâce au partenariat de longue date entre les deux pays :
« En Géorgie, l'administration publique est relativement transparente et les ONG ne sont pas persécutées. En témoigne, par exemple, le fait que nos organisations, telles que Charita ou People in Need, y ont des antennes de réseau où elles emploient des personnes locales et sont donc en mesure de toucher beaucoup plus loin. »
La Géorgie est aujourd'hui l'une des économies à la croissance la plus rapide au monde, mais le plus grand pays du Caucase est confronté à un certain nombre de défis. Il s'agit notamment d'un manque d'accès aux services sanitaires et sociaux et d'une faible productivité agricole.
C'est également la raison des priorités de la coopération tchèque au développement, qui se concentre actuellement sur trois domaines : le développement social inclusif, l'agriculture et le développement rural, ainsi que la bonne gouvernance, explique Petra Mojžíšová.
« Dans le secteur de la santé, par exemple, nous nous sommes concentrés sur les enfants souffrant d'autisme. Nous avons établi des normes qui déterminent comment travailler avec ces enfants. Nous avons réussi à le faire très bien, dans certains cas peut-être même mieux que ce que nous faisons ici.
Dans le domaine de l'agriculture et du développement rural, nous avons mis l'accent sur l'apiculture, qui constitue une part essentielle du revenu des petits agriculteurs. Et dans le domaine de la bonne gouvernance, je citerais, par exemple, un projet visant à accroître la capacité et l'efficacité du service canin géorgien.
Notre administration douanière avait un projet avec l'administration douanière de Géorgie pour leur fournir des chiens, qu'ils ont ensuite dressés et à qui ils ont appris à rechercher des substances interdites à la frontière. »
Combiner la protection de la nature et le développement du tourisme local
La Géorgie, dont la taille est à peine inférieure à celle de la Tchéquie, est un pays doté d'une riche culture et de ressources naturelles variées. Et la conservation de la nature est l'un des domaines sur lesquels la coopération au développement tchèque se concentre depuis longtemps.
Un projet est actuellement en cours dans la région d'Aragvi pour assurer la gestion durable de la zone paysagère protégée nouvellement créée. Michael Hošek, de l'administration du parc national tchèque des Krkonoše, qui met en œuvre le projet, travaille avec ses collègues tchèques et géorgiens à l'élaboration d'un plan de gestion pour ce paysage naturel unique :
« Le parc naturel protégé présente l'avantage que, bien qu'il soit établi par l'État, sa gestion dépend du district spécifique. La Géorgie est un État intéressant dans la mesure où il est composé de nombreux groupes ethniques qui sont vraiment différents dans leurs traditions, leur cuisine et d'autres coutumes, contrairement à notre société. Leur identité est très forte dans ce domaine, et le statut de parc naturel protégé est un outil qui, de notre point de vue, aide les communautés individuelles à récupérer la compétence de gouverner leur propre territoire. Et c'est loin de se limiter à la conservation de la nature. »
Michael Hošek travaille sur des projets de développement pour la Géorgie depuis plus de dix ans. Par le passé, il a élaboré un plan de gestion similaire pour la région de Tusheti, située dans le nord du pays, à la frontière avec la Tchétchénie.
Des milliers de touristes visitent désormais chaque année cette région isolée et autrefois presque inconnue, grâce aux Tchèques qui ont construit un réseau de sentiers de randonnée balisés dans la région, une grande spécialité tchèque.
Lorsque les activités du projet à Tusheti ont pris fin en 2018, M. Hošek et ses collègues ont été approchés par le ministère géorgien de l'Environnement pour leur demander s'ils pouvaient créer un plan similaire pour la région d'Aragvi.
Bien que son équipe soit principalement composée d'experts en conservation, M. Hošek affirme que le document en cours de préparation a une portée beaucoup plus large :
« Il s'agit d'une sorte de ‘feuille de route’ pour la région. Cela signifie que vous y combinez non seulement la protection de quelque chose, mais aussi le développement du tourisme et des compétences adéquates pour une utilisation durable de la zone par la communauté locale, de la manière la plus traditionnelle. Ceci est, bien sûr, lié au développement local, notamment en ce qui concerne la zone constructible des différents villages. Il s'agit donc d'un document très complexe. »
Gestion forestière
Outre les experts du parc national des Monts des Géants-Krkonoše, des experts de l'Institut de gestion forestière de Brandýs nad Labem en Tchéquie travaillent également à Aragvi, où ils mettent en œuvre un projet de foresterie durable. L'un d'eux est le forestier Tadeáš Štěrba.
« Les forêts de Géorgie sont généralement très diversifiées. La région d'Aragvi est particulièrement intéressante car les forêts y sont étonnamment similaires aux nôtres. Il existe un certain nombre d'espèces communes que nous trouvons en Europe, comme le charme commun ou certaines espèces d'érable et d'orme. Il y a un certain nombre d'analogies que l'on retrouve également dans nos chênaies et nos hêtraies. »
Les vastes forêts sont une source de subsistance et de soutien pour la population locale, mais elles jouent également un rôle essentiel dans l'atténuation de l'impact du changement climatique, explique T. Štěrba.
« Les forêts de Géorgie n'ont pas eu de plan de gestion forestière jusqu'à présent. Non pas que cela soit un problème, mais la pression sur les ressources naturelles devrait augmenter en Géorgie, comme partout dans le monde. La désignation du nouveau parc naturel a donné lieu à un ensemble complet de mesures de coopération pour son développement durable. Son but est de veiller à ce que les activités individuelles ne soient pas fragmentées et que la coopération étrangère ait un sens. »
Depuis le début de son travail en Géorgie, l'Agence tchèque de développement a soutenu plusieurs dizaines de projets (une dizaine sont actuellement en cours) et, selon sa chef de projet Petra Mojžíšová, la grande majorité d'entre eux ont été couronnés de succès malgré le budget limité. Selon elle, cela est dû, entre autres, à l'affinité culturelle entre les deux nations :
« Je pense que les Géorgiens nous apprécient et que nous les apprécions. C'est aussi la raison pour laquelle les projets sont réussis. De plus, c'est un beau pays et je pense que tous ceux qui viennent mettre en œuvre des projets ici veulent revenir parce qu'il est agréable de travailler en Géorgie.
La durabilité est pour nous l'un des attributs les plus importants de l'ensemble du projet. Nous voulons laisser quelque chose derrière nous, pour que ça marche après notre départ. Et je pense que c'est en train de réussir. »
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