En l’absence d’une opposition démocratique au Parlement, la politique tchèque bat de l’aile
L’absence d’une opposition parlementaire démocratique, la présentation des conseillers du nouveau président Petr Pavel, le refus de séparer les enfants roms dans l’enseignement sont les principaux sujets au sommaire de cette nouvelle revue de presse. Quelques mots aussi sur l’entrée de la Finlande dans l’OTAN et sur le retour du ballet Cendrillon au Théâtre national de Prague, une création du chorégraphe français Jean-Christophe Maillot.
« La Tchéquie est le seul pays démocratique en Europe où l’opposition parlementaire ne fait pas partie du spectre politique démocratique ». C’est le constat que dresse le quotidien indépendant Deník N. L’auteur du texte précise :
« Dans tous les pays européens, on trouve au sein de l’opposition parlementaire, à côté des partis anti-système qui ont émergé en raison de toute une série de nouveaux défis internationaux et locaux, un ou deux partis traditionnels, toutes orientations confondues, qui respectent les mécanismes démocratiques. À la différence de ces pays, l’opposition parlementaire en Tchéquie est composée de deux formations politiques anti-système qui s’appuient sur des leaders forts : le mouvement ANO avec Andrej Babiš et le parti (d’extrême-droite) Liberté et démocratie directe (SPD) dirigé par Tomio Okamura. À la fois leaders et fondateurs de leurs partis, ils prennent eux-mêmes toutes les décisions importantes. Du coup, il est impossible de situer ces formations sur l’échiquier des idéologies politiques. »
Ainsi, pour ce qui est des idées, il existe une ligne de démarcation nette entre les partis démocratiques au pouvoir et ceux de l’opposition. La scène politique tchèque est divisée en deux camps : entre d’un côté les partis qui entendent défendre la démocratie libérale et l’orientation pro-occidentale du pays et, de l’autre, les partis anti-système.
« L’autre spécificité tchèque est l’absence d’une gauche classique appartenant au camp démocratique. Une réalité qui contribue au fait que la politique tchèque batte de l’aile », ajoute encore Deník N.
Une équipe de brillants experts à la chancellerie présidentielle
Au début de la semaine écoulée, le nouveau président de la République, Petr Pavel, a présenté son équipe de conseillers. L’occasion pour le quotidien Hospodářské noviny de remarquer :
« La chancellerie présidentielle aura désormais des experts qui brillent dans leurs domaines respectifs. On peut supposer qu’ils seront en mesure de former un cabinet idéal pour les temps difficiles. Dans ce contexte, une question hérétique se pose : ne serait-il pas préférable d’introduire le système présidentiel en Tchéquie pour que le chef de l’Etat puisse choisir à la tête des différents ministères des experts disposés à agir pour le bien du pays ? Cette nouvelle donne permettrait, peut-être, de lutter plus efficacement contre le populisme, l’incompétence et la corruption. »
« Arrêtons de rêver », coupe toutefois l’auteur du quotidien économique, qui explique que ce système ne serait idéal qu’à la condition que les résultats de l’élection présidentielle soient ceux espérés. Par prudence, il est donc préférable de conserver le système tel qu’il existe et qui ne donne au président que des pouvoirs très limités. Cela dit, il y a lieu de s’interroger :
« Pourquoi les meilleurs experts qui pourraient gérer efficacement la Tchéquie se concentrent-ils au Château de Prague au lieu d’adhérer à des partis politiques ? Cela est dù probablement au fait que les Tchèques adorent la fonction présidentielle, détestant en revanche les partis politiques et que cette émotion politico-existentielle est partagée par les experts. »
Inacceptable, la séparation des enfants roms
« Il y a des idées et des déclarations qu’il faut inlassablement dénoncer pour les marginaliser.». L’hebdomadaire Respekt l’a souligné en rapport avec la proposition faite récemment par la sénatrice Jana Zwyrtek Hamplová de séparer les enfants roms dans l’enseignement primaire tchèque. Une séparation, selon elle, qui ne serait pas discriminatoire et pourrait servir de source d’inspiration à l’Union européenne. Le texte explique :
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« De l’avis de beaucoup, on devrait se désintéresser des idées et des propos des gens dont la sénatrice fait partie. Celle-ci représente en effet une force politique marginale objet de moqueries sur les réseaux sociaux. Mais ce serait peu perspicace. Qui aurait ainsi cru récemment encore qu'une femme qui diffusait régulièrement des fausses informations puisse un jour devenir sénatrice ? »
Certes, le système de l’enseignement tchèque et son approche vis-à-vis des minorités souffrent de nombreux maux. Mais l’introduction d’une ségrégation en ajouterait un de plus. « Ce ne sont pas les enfants roms, mais l’appartenance à la Chambre haute du Parlement de personnes comme la sénatrice Hamplová qui porte préjudice à la Tchéquie », écrit-il.
Le journal en ligne Deník Referendum renchérit à ce propos :
« La sépration des enfants de différentes ethnies présage la future division de la société. Il faut tout faire pour que l’on apprenne à se connaître et à vivre ensemble depuis le plus jeune âge, en tant que voisins et en tant que camarades de classe. C’est la meillleure solution trouvée jusqu’ici. »
L’adhésion de la Finlande à l’OTAN
« La Finlande va renforcer l’OTAN. Mais ce n’est pas assez pour la défense du monde libre ». C’est ce que titre un texte publié dans le journal Deník, dans lequel on pouvait lire :
« L’entrée de la Finlande dans l’OTAN, un pays qui possède l’une des meilleures armées en Europe, est une bonne nouvelle. Elle le serait plus encore si l’adhésion de la Suède n’était pas retardée par la Turquie et la Hongrie. Il faut pourtant constater que pour le maintien des positions du monde libre face aux régimes autoritaires, l’OTAN seul ne suffit pas. Ce n’est pas la Russie, un pays peu développé à bien des égards, mais la Chine qui représente le principal adversaire de l’Occident. »
Ainsi, comme l’estime encore Deník, l’OTAN ne constitue qu’un des piliers des efforts pour lutter contre les régimes autoritaires. « Seule une alliance globale de l’ensemble des démocraties permettra d’assurer la survie du monde libre, tel que nous le connaissons aujourd’hui », souligne-t-il.
Le retour de Cendrillon au Théâtre National de Prague sous le signe du charme français
Le quotidien Lidové noviny de mercredi a retenu le retour sur la scène du Théâtre national à Prague, et ce après neuf ans d’absence, de Cendrillon, célébre ballet de Sergueï Prokofiev, dont la chorégraphie est le fruit du travail du Français Jean-Christophe Maillot qui dirige Les Ballets de Monte-Carlo. « Un artiste qui découvre de nouveaux horizons, son audace et sa curiosité lui permettant de réaliser des créations très inventives », peut-on lire dans le texte consacré à cette mise en scène revisitée :
« La chorégraphie et la mise en scène inédites du ballet dégagent une magie particulière, notamment dans les duos du prince et de Cendrillon,. Le spectacle étant d’abord destiné aux enfants, son humour et son côté fantasque disposent d’atouts pour enchanter aussi un public adulte. Cendrillon de Jean-Christophe Maillot est un ballet moderne et le charme français dont il est empreint constitue sa grande valeur ajoutée. »