Défense : que va changer l’accord de coopération avec les USA pour la Tchéquie et son armée ?
Selon le gouvernement, il s’agit pour la République tchèque de l’un des événements les plus marquants de ces trente dernières années en matière de défense. Signé à Washington mardi, l’Accord tchéco-américain de coopération définit notamment les conditions auxquelles des soldats américains pourront séjourner en République tchèque en cas de besoin.
« C’est un jour important pour la politique étrangère et de sécurité de la République tchèque », a déclaré la ministre de la Défense. Tellement important à ses yeux que Jana Černochová a comparé la journée de mardi « au jour où la République tchèque a rejoint l’OTAN ou même l’Union européenne ».
Aux yeux d’autres, toutefois, la signature de ce « Defence Cooperation Agreement (DCA) » ne représente rien de plus qu’une simple formalité et l’accord un document formel qui définit juridiquement la coopération entre Prague et Washington.
Concrètement, cet accord vise d’abord à faciliter le séjour éventuel de soldats américains sur le sol tchèque et à régir leur statut juridique au cas où ils seraient amenés à y effectuer une mission. Le document comprend également une liste d’installations militaires et de locaux appartenant à l’Armée tchèque que les forces armées américaines pourront utiliser dans des conditions convenues à l’avance.
Mais cet accord est un peu plus que cela aussi. Il redéfinit les relations en matière de défense entre les deux pays et va notamment permettre à l’Armée tchèque de se moderniser, d’acheter de nouvelles armes ou encore compléter la formation de ses soldats. Le gouvernement entend lui consacrer davantage de moyens financiers à compter de l’année prochaine, et c’est aussi une des raisons pour lesquelles les États-Unis ont accepté d’appronfondir leur coopération avec la République tchèque, comme s’en est félicité le secrétaire d’État Lloyd Austin peu après la signature :
« Notre partenariat stratégique n’a jamais été aussi fort et cela est d’autant plus vrai après l’attaque non provoquée de la Russie contre son voisin pacifique, l’Ukraine. Nous sommes aussi très reconnaissants de l’aide de la République tchèque dans les opérations de dissuasion sur le flanc oriental de l’OTAN. »
En matière de défense, il en va de la République tchèque comme de la plupart des pays d’Europe centrale et de l’Est géographiquement proches de la Russie et anciens membres du pacte de Varsovie, qui ont longtemps vécu sous la coupe de l’Union soviétique : Prague envisage la protection de son intégrité territoriale essentiellement à l’abri du parapluie sécuritaire de l’OTAN. Et ce un peu plus encore depuis le début de la guerre en Ukraine, à laquelle la République tchèque accorde une aide humanitaire, matérielle et militaire sans relâche.
Pour Washington, qui a vu d’un bon œil l’arrivée de Petr Pavel au Château de Prague en remplacement de l’ancien président pro-russe et pro-chinois Miloš Zeman, l’intérêt de cet accord apparaît ainsi d’autant plus évident. C’est ce que confirme Michael Akopian, expert du Centre pour une nouvelle sécurité américaine (CNAS), une organisation indépendante, au micro de la Télévision tchèque :
« La Tchéquie est un très bon partenaire pour ce qui est des négociations avec l’Ukraine. Nous avons bien vu aussi qu’elle adopte une position active vis-à-vis de Taïwan. Les États-Unis étendent ainsi leur réseau d’alliés et de partenaires, et c’est ce qui constitue probablement leur principal avantage par rapport à des ennemis tels que la Russie et la Chine. »
Parmi les pays membres de l’OTAN, la République tchèque est ainsi devenue le vingt-quatrième pays à signer ce type d’accord. Il lui appartient désormais de mettre suffisamment de moyens en œuvre pour rester le partenaire fiable avec lequel les États-Unis entendent coopérer dans la région et ailleurs dans le monde.