Après son lancement à Prague, la Communauté Politique Européenne réunie en Moldavie en présence du président ukrainien
Deuxième Sommet ce jeudi en Moldavie de la Communauté Politique Européenne (CPE), une instance informelle fondée à Prague l’année dernière.
Le président ukrainien était cette fois présent lors de cette réunion de dirigeants d’une cinquantaine de pays du continent européen au Château de Mimi, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière ukrainienne.
« La première réunion de la Communauté Politique Européenne chez nous à Prague a été un grand succès et je suis content que la suite se déroule en Moldavie. C’est important aussi symboliquement, parce que dans le contexte politique international nous devons montrer que les pays démocratiques européens sont ensemble et se soutiennent mutuellement. La Moldavie fait partie intégrante de cet espace démocratique et de l’Europe moderne », a indiqué le Premier ministre tchèque Petr Fiala.
Le fait que ce deuxième sommet se déroule en Moldavie est d’autant plus symbolique que le pays est toujours divisé en deux, avec la Transnistrie occupée par les troupes russes.
« Ne pas laisser l'Occident être kidnappé une deuxième fois »
Ce projet de CPE avait été initié par Emmanuel Macron, qui, avant la Moldavie, a comme Petr Fiala fait une halte à Bratislava pour la conférence Globsec – l’occasion pour le président français de revenir sur les maladresses passées et les malentendus, tout en rendant un hommage appuyé au plus tchèque des écrivains français :
« Rappelons-nous à cet égard les derniers mots du directeur de l'agence de presse de Hongrie, quelques minutes avant d'être écrasé par l'artillerie russe en novembre 1956 : « Nous mourons pour la Hongrie et pour l'Europe ». Le rideau est tombé sur notre continent, mais c'était bien déjà l'unité de celui-ci qui était en jeu. Il annonçait des décennies d'éloignement forcé, des décennies « d'Occident kidnappé », pour reprendre la belle formule de Milan Kundera, que nous pouvons faire nôtre aujourd'hui.
J'ajouterai à vous qui êtes ici aujourd'hui, que même après l'entrée de la Slovaquie et de beaucoup d'autres pays dans l'Union, nous n'avons pas toujours assez entendu cette voix que vous portiez, qui appelait à reconnaître votre histoire et vos mémoires douloureuses. D'aucuns vous disaient alors que vous perdiez des occasions de garder le silence. Je crois aussi que nous avons parfois perdu des occasions d'écouter. Ce temps est révolu et aujourd'hui, cette voix doit être notre voix à tous.
Alors mon message est simple. Dans ce moment que nous vivons, nous ne devons pas laisser l'Occident être kidnappé une deuxième fois. Nous ne laisserons pas l'Europe être kidnappée une deuxième fois. »
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A Prague, 44 pays étaient représentés lors du premier sommet de la CPE. Cette fois-ci, à en croire la communication officielle, ils sont au nombre de 47, avec le Liechtenstein, Saint-Marin et Monaco en plus.
Seul le Vatican reste en dehors de ce nouvel ensemble continental, dont sont évidemment exclues la Russie et la Biélorussie. Parmi les pays présents, plusieurs ont des relations bilatérales conflictuelles, à commencer par l’Arménie et l’Azerbaïdjan (qui doivent tenir des pourparlers en marge du sommet comme à Prague) ainsi que la Serbie et le Kosovo, dont le nom reste suivi d’un astérisque dans les documents officiels.
Avant l'important Sommet de l'OTAN à Vilnius
Le fait que ce sommet ait bien lieu comme prévu en ce mois juin en Moldavie semble en tout cas être déjà un premier succès pour la CPE.
L’importance symbolique de tous ces dirigeants européens réunis à une vingtaine de kilomètres seulement du premier soldat russe en Transnistrie laisse penser que le sommet du Château de Prague en octobre dernier a initié une certaine dynamique, dans une Europe chamboulée où les pays du Centre et de l’Est ont désormais davantage voix au chapitre, à quelques semaines d’un Sommet de l’OTAN très attendu à Vilnius le 11 juillet.
La capitale tchèque peut en tout cas être le lieu où se déroulent des étapes importantes de l’évolution de la géopolitique mondiale – ou pas : le Château de Prague avait également été le lieu de la signature entre Barack Obama et Dimitri Medvedev d’un traité de désarmement nucléaire. C’était en 2010 - de l’histoire déjà très ancienne.