Ces vendredi et samedi, microbrasseries tchèques et amateurs de bière ont rendez-vous au Château de Prague
Avis à tous les amateurs de bière : la 11e édition du Festival des microbrasseries au Château de Prague se tient ces vendredi (14h-20h) et samedi (12h-20h). Dans le magnifique décor du Jardin royal (Královská zahrada), 51 brasseries de Bohême et de Moravie (ainsi que deux de Hongrie) y présenteront leur production. Le festival est organisé par la Fédération des microbrasseries de Bohême et de Moravie et Jan Šuran, qui a répondu aux questions de RPI, en est le directeur.
Jan Šuran, qu’est-ce qui fait la particularité de ce festival par rapport à tous les autres événements de ce type qui se tiennent chaque année un peu partout en Tchéquie ?
« C’est d’abord un festival dédié à la dégustation qui a pour objectif de présenter des microbrasseries de toute la République tchèque, leur production et leur diversité. Il ne s’agit donc pas de boire le plus de bière possible, mais d’en goûter et d'en découvrir le plus possible. »
Que représente le fait que le festival se tienne au Château de Prague ?
« Le Château lui donne bien sûr une forme de noblesse et un certain statut. Il faut souligner que c’est un festival dédié uniquement à la bière, il n’y a donc pas d’autres distractions, pas de musique, rien de tout cela. On n’y parle vraiment de rien d’autre que de bière, car nous souhaitons que le festival soit véritablement un lieu d’échanges sur et autour de la bière. Même la nourriture qui est proposée est pensée de manière à pouvoir comparer les goûts et continuer à déguster. »
Le cadre du Château est-il aussi un moyen de mettre en valeur la production de bière en République tchèque, de rappeler sa noblesse alors que des vignes sont cultivées juste à côté ?
« Oui, nous avons intentionnellement choisi cet endroit parce que nous voulions montrer que la bière, qui, c’est vrai, n’avait pas forcément une très bonne image auprès du public, est une boisson tout aussi noble que le vin et que sa dégusation, comme cela est souvent le cas pour le vin, peut se faire dans un cadre culturel de haut niveau. »
Quelles sont les conditions de participation pour les brasseries ?
« Il existe aujourd’hui plus de 500 microbrasseries en Tchéquie et notre fédération en regroupe quelque 150. Seuls donc les membres peuvent participer au festival et de notre côté, nous faisons en sorte que toutes les régions du pays, d’Ostrava à Aš et de Varnsdorf à Mikulov, soient représentées. Nous tenons aussi à présenter de toutes nouvelles brasseries comme d’autres qui sont présentes sur le marché depuis déjà trente ans. »
Chaque brasserie inscrite au festival est autorisée à présenter deux bières à la dégustation. Comment cette sélection se passe-t-elle ?
« Nous ne posons aucune condition, chaque brasserie est libre de proposer ce que bon lui semble. Cela peut donc tout aussi bien être la bière qui est son produit phare qu’une bière spéciale absolument délirante ou une nouveauté. C’est donc exclusivement à chacune d’entre elles qu’il appartient de se présenter sous son meilleur jour. »
L’année dernière, quelques brasseries de Pologne avaient aussi été invitées. Tandis que les brasseurs tchèques sont traditionnellement très attachés à la production de lager ou bière de type pils, les Polonais, eux, le sont beaucoup moins et sont certainement plus inventifs. Pour cette année, ce sont deux brasseries hongroises que vous avez invitées. Qu’en attendez-vous ?
« Nous attendons d’eux d’abord de la créativité et nous espérons qu’ils seront en mesure de proposer quelque chose qui piquera la curiosité des consommateurs tchèques. Mais les brasseries tchèques aussi proposent désormais différents styles dont on pensait il y a encore seulement quelques années qu’ils n’avaient aucun potentiel sur le marché tchèque ou que l’on était incapable de les produire. Je pense à toutes les bières de type Sour (ou acide), Ale ou fruitées, mais il n’y a plus vraiment de limites. Nous aurons par exemple une Russian Imperial Stout avec 11° d’alcool et juste à côté une Summer Ale à 2°. Tout ça pour dire qu’il y a donc beaucoup de diversité. »
« Mais pour en revenir aux brasseries hongroises, notre politique est d’inviter chaque année deux à trois brasseries des pays voisins de la Tchéquie. Après la Slovaquie et la Pologne, c’est donc le tour de la Hongrie cette année, puis ce sera celui de l’Autriche et de l’Allemagne en 2024 et 2025. Nous nous limitons à un pays de manière à ce que les visiteurs aient vraiment la possibilité de découvrir des bières parfois tout à fait exceptionnelles. »
Personnellement, vous arrive-t-il encore de découvrir certaines bières sur ce type de festival ?
« Oui, bien sûr. Chaque année nous découvrons des choses tout à fait nouvelles pour nous. Les Hongrois justement, dont nous pensons que c’est d’abord un pays de vin, nous avaient beaucoup surpris lors de leur précédente venue il y a quelques années avec un hybride bière-vin de Tokay. C’était excellent ! Cette année, nous aurons deux brasseries plutôt expérimentales de Budapest et nous sommes tous curieux de découvrir ce qu’ils vont nous proposer. »
Dernière question : quelles sont les microbrasseries que vous conseillerez de découvrir à un visiteur étranger du festival ?
« À un visiteur étranger, je conseillerais d’abord de se concentrer sur les lagers tchèques (‘ležáky’ en tchèque, bières blondes de fermentation basse) parce que c’est d’abord pour elles que l’on vient en Tchéquie. Et s’il s’agit d’un visiteur plus expérimenté, alors je lui conseillerais des brasseries bien implantées sur la scène des petites et moyennes brasseries comme Permon ou Matuška. Ce sont des brasseries qui produisent d’excellentes Ale et se sont récemment lancées dans les bières acides. Ici, je pourrais aussi citer, par exemple, la brasserie Obora. Mais qu’il s’agisse des fins connaisseurs ou des simples amateurs de bière, je pense que tout le monde trouvera son bonheur. »