Le prix de la bière pourrait augmenter de 20 %, d’après l’Association des microbrasseries
La République tchèque compte près de 500 microbrasseries en activité. Un chiffre stable même ces deux dernières années ; cependant, les restrictions liées au Covid-19 et la hausse des prix des matières premières et de l’énergie ont ébranlé ces petites entreprises. Par conséquent, les consommateurs doivent se préparer à une augmentation prochaine du prix de la bière, d’après l’Association des microbrasseries de Bohême et de Moravie.
Nul besoin de rappeler la relation des Tchèques à la bière : on sait que le pays est traditionnellement à la première place dans les classements européens (et autres) en termes de consommation de bière par habitant. La République tchèque compte plusieurs grandes brasseries industrielles à la réputation établie, et les buveurs de bière tchèque sont connus pour être fidèles à leur marque. Mais cela n’empêche pas les microbrasseries – à savoir les brasseries dont la production annuelle ne dépasse pas 10 000 hectolitres par an – de trouver leur place sur le marché de ce qui est parfois qualifié de « pain liquide ». « Tekutý chléb », c’est d’ailleurs le nom de l’une des bières produites par la microbrasserie Zvíkov, l’une des plus anciennes en République tchèque (fondée en 1993). L’un de ses cofondateurs, Michal Voldřich, est récemment devenu président de l’Association des microbrasseries. Sa doctrine est que les petites brasseries complètent les grandes. Ainsi, selon lui, la concurrence entre les microbrasseries et les brasseries industrielles est en fait une collaboration :
« Nous appartenons au même secteur ; la collaboration est donc nécessaire. J’entends par là que les microbrasseries et les grandes brasseries devraient collaborer, et non s’opposer. Nous nous efforçons donc, nous l’Association des microbrasseries, mais également l’Association des brasseries et malteries, d’entretenir de bonnes relations avec les grandes brasseries. Autrement dit, nous sommes des concurrents souhaitant faire avancer le secteur, de façon à en accroître la popularité, à l’étranger également. Je pense pouvoir affirmer que c’est un succès, et la collaboration entre les petites et les grandes brasseries est très correcte. »
« Concrètement, cette collaboration peut prendre la forme d’une tireuse réservée à une microbrasserie, dans des restaurants autrement consacrés aux bières de marque Pilsner Urquell ou Budweiser Budvar, par exemple. »
Modes et tendances du «pain liquide »
Comme leurs grandes sœurs industrielles, les microbrasseries adaptent leur offre aux goûts des consommateurs. Elles peuvent également être initiatrices de certaines modes. Michal Voldřich explique l’évolution des tendances ces trente dernières années :
« Il s’agit en général de vagues de cinq ans environ. Mais chaque mode laisse des traces. Les tendances ne concernent pas que les microbrasseries ; les autres types de brasseries y sont également confrontées. Dans les années 1990, la mode était aux bières de fermentation basse, qui sont plus fortes. Puis, après l’année 2000, on a vu apparaître les bières de fermentation haute, les bières de blé, les ales, les bières aromatisées. Les ales et les stouts, c’est la mode des 5-7 dernières années. Et plus récemment, on a également les bières acides de fermentation spontanée ».
« La microbrasserie de Zvíkov suit toutes ces tendances. Au début, nous étions même pionniers : nous avons été la première microbrasserie tchèque à produire des bières de blé ainsi que des bières de type belge. Nous proposons également des ales et des bières aromatisées. Ainsi nous suivons la tendance ; mais lorsque celle-ci change, nous continuons à proposer tous ces types de bières. »
Une pinte bientôt plus chère
Ces deux dernières années, quelque 35 nouvelles microbrasseries auraient vu le jour, ce qui peut laisser penser que le secteur n’a pas souffert des mesures et restrictions liées au Covid-19. Michal Voldřich relativise cependant :
« C’est vrai que le nombre de microbrasseries ayant vu le jour ces deux dernières années est plus élevé que celui des microbrasseries ayant mis fin à leur activités. Cependant, ces chiffres ne disent rien sur la situation de ces microbrasseries, qui ont puisé dans leurs réserves pour tenir le coup pendant cette période. Tout comme pour le secteur de la culture, si le gouvernement restreint d’une façon directe ou indirecte les activités, il devrait offrir une contrepartie. Sans elle, les microbrasseries seront contraintes d’augmenter leurs prix, ce qui aura un impact sur la fréquentation, et pourrait conduire certains établissements à mettre la clé sous la porte. Cela serait vraiment dommage. »
Alors que l’on constate actuellement une augmentation des prix générale, Michal Voldřich souligne que par rapport aux grandes brasseries, les microbrasseries ont l’avantage de coûts logistiques moindres. Néanmoins – tout comme la brasserie industrielle Budvar, qui a récemment annoncé une augmentation d’environ ½ couronne sur le prix de la pinte – les microbrasseries vont bel et bien être contraintes de refléter la hausse du prix des matières premières et de l’énergie sur le prix de leur production :
« Au niveau des coûts logistiques, il y a une différence importante entre les petites et les grandes brasseries : les brasseries régionales s’en sortent mieux, car leurs ventes se font essentiellement à échelle locale. Cependant, pour ce qui est du prix des matières premières et de l’énergie, les petites et les grandes brasseries sont affectées de la même façon. En 2021, le prix du malt a augmenté considérablement ; on observe par ailleurs une hausse du prix de l’orge, ce qui signifie que les malteries vont continuer à augmenter leurs prix. Il est évident que cela aura des retombées sur le prix de la bière. La question, c’est quand cette augmentation aura lieu, et dans quelles proportions. Mais d’après moi, une augmentation de 20 % du prix de la bière au cours de l’année 2022 ne serait pas étonnante. »