Roland-Garros : Muchová à Paris, c’est beau comme de l’Art nouveau
Pour Karolína Muchová, il y aura un avant et un après ce Roland-Garros 2023, avec un parcours impressionnant et une finale à la clé ce samedi.
Après le match Alcaraz-Djokovic qui s’annonce intense ce vendredi après-midi, la finale tchéco-polonaise entre la numéro 1 mondiale Iga Świątek et la révélation tchèque de cette édition est également pleine de promesses.
Si Karolína Muchová maintient son niveau de jeu phénoménal doublé d’un mental en béton armé, la tenante du titre aura fort à faire.
La demi-finale de jeudi a été l’un des plus beaux matchs offerts récemment sur le circuit féminin. « C’était un jeu incroyable de la part de Karolína », admettait vendredi matin la numéro 2 mondiale biélorusse Aryna Sabalenka, battue après avoir eu une balle de match en menant 5-2 dans le troisième et dernier set.
Karolína Muchová : « Je savais que je n’avais qu’un break de retard et qu’il me fallait prendre l’initiative sans lui laisser dérouler son jeu, parce qu’elle envoyait du lourd. Après j’ai senti que la tendance s’inversait, elle a commencé à faire des fautes, je suis rentrée dans le court et ça a fonctionné, avec en plus le soutien du public, c’était super ! »
5 balles de break sur 5
Résultat final : 7-6, 6-7, 7-5. Comment la Tchèque a-t-elle réussi cet exploit ? Difficile à dire exactement et sans éviter le poncif « c’est dans la tête que ça se joue » - Karolína Muchová a davantage une palette de jeu variée qu’un point fort en particulier.
Capable de déborder en coup droit, d’allonger des revers le long de la ligne et de sortir une amortie sans merci au bon moment ou de conclure au filet, elle est aussi très solide lors des points cruciaux – 5 balles de break remportées sur les 5 qu’elle a obtenues dans cette demi-finale de 3h13mn qui restera dans les annales.
La native d’Olomouc a souffert de crampes jeudi et a passé beaucoup plus de temps sur le court qu’Iga Świątek pendant cette quinzaine, mais le soutien du public pourrait une nouvelle fois être en sa faveur et lui donner des ailes samedi.
Les joueuses tchèques en force Porte d'Auteuil
Représentante d’une génération tchèque en or, elle est à Paris la quatrième finaliste originaire du pays d’Alfons Mucha depuis 2015 et, si elle réalise l’exploit de détrôner samedi la Polonaise à casquette, elle sera la deuxième joueuse tchèque à remporter Roland-Garros en trois éditions, après la victoire de Barbora Krejčíková en 2021.
Paris sous le signe des Mucha cette année : Alfons Mucha au Grand-Palais immersif et Karolína Muchová (Muchová étant la version féminine du patronyme Mucha) à Roland-Garros. Un lien déjà fait par le descendant de l’artiste plusieurs semaines avant le tournoi et Marcus Mucha ne croyait pas si bien dire en évoquant les différents liens entre son arrière-grand-père et le tennis à propos de la collection d'œuvres de Mucha possédée par un certain Ivan Lendl :
« Je ne l’ai pas encore rencontré. Il a une collection de 150 œuvres et je suis fier qu’un tennisman aussi célèbre collectionne ces œuvres. Nous voyons maintenant des joueurs plus jeunes qui sont intéressés par Mucha, notamment Barbora Krejčíková, qui a passé son enfance dans la ville natale d’Alfons en Moravie, à Ivančice. Et puis il y a une autre très bonne joueuse qui porte notre nom, Karolína Muchová ! »
L’occasion de conclure sur une note phonétique : le CH de Mucha et Muchová se prononce en tchèque [muxa] selon l’alphabet phonétique international - en gros un KH bien gratté avec la gorge.