Présents sur quatre continents, les Centres tchèques fêtent leurs trente ans
Il existe actuellement 26 Centres tchèques dans le monde, chargés de promouvoir la République tchèque, sa culture et sa science. Le réseau ne cesse de s’étendre, avec l’ouverture, en 2022, d’un premier institut culturel tchèque sur le continent africain et l’ouverture prochaine de nouveaux Centres tchèques à Belgrade, Hanoï et Taipei, annoncée récemment par le ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský.
Chaque année, les Centres tchèques proposent près de 1 700 événements auxquels participent plus de 2 millions de spectateurs. En ce mois de juin, leurs directeurs se sont donné rendez-vous à Prague pour échanger, coordonner leurs activités et célébrer trente ans de diplomatie culturelle depuis la naissance de la République tchèque indépendante.
En effet, les années qui ont suivi la dissolution de la Tchécoslovaquie, à la fin de 1992, ont marqué la fondation des Centres tchèques à Londres, à Vienne, à Dresde ainsi qu’à Bratislava, à Moscou, à Kyiv, puis, en 1997, à Paris et à Bruxelles. Mais l’histoire des centres culturels, à l’époque encore tchécoslovaques, est plus ancienne, comme l’a raconté au micro de Radio Prague Int., Michael Wellner-Pospíšil, directeur pendant de longues années du Centre tchèque de Paris et également directeur général du réseau entre 2009 et 2012 :
« Les Centres tchèques ont été créés juste après la Deuxième Guerre mondiale. Evidemment, après 1989, il y a eu des changements de nom, de présentation… Beaucoup de nouveaux centres ont ouvert, notamment en Europe de l’Ouest puisque sous le régime communiste, les centres n’existaient que dans les ‘pays frères’. »
« Le centre le plus ancien est, en l’occurrence, celui que j’ai moi-même dirigé pendant deux ans, entre 2007 et 2009. C’est le Centre tchèque de Sofia, fondé en 1949. Il a joué un rôle très important pour les Bulgares et pour les intellectuels bulgares puisque nous avons toujours été un peu plus libres qu’eux. Nous avons donc pu présenter nos films des années 1960 qui n’étaient pas vraiment visibles dans ce pays. Même aujourd’hui, le Centre tchèque de Sofia bénéficie d’une excellente renommée auprès des Bulgares. »
En l’espace de trente ans, la mission des Centres tchèques a toutefois évolué, aussi du fait du changement de la situation géopolitique, comme l’explique le directeur général des Centres tchèques Ondřej Černý :
« Dans les années 1990, les activités des Centres tchèques se sont focalisées sur l’Europe, en l’occurrence sur l’Europe occidentale. C’était logique, car la Tchéquie cherchait elle-même sa place en Europe. Aujourd’hui, la situation est toute autre et nous nous efforçons, avec d’autres pays européens, de promouvoir la culture et les valeurs du Vieux continent ailleurs, de soutenir aussi le développement de la société civique au sein de l’Europe même : voilà pourquoi je me réjouis de la prochaine ouverture du Centre tchèque de Belgrade, c’est une première dans la région des Balkans occidentaux. »
« La récente ouverture de nouveau Centres tchèques à Tbilissi, en Géorgie, et en Egypte, qui est le tout premier centre en Afrique, est tout aussi important. Le Centre tchèque au Caire qui est censé développer les très bonnes relations tchéco-égyptiennes, a également été fondé pour équilibrer la forte présence tchèque en Israël, où la Tchéquie gère un centre culturel à Tel-Aviv et la Maison tchèque à Jérusalem. Par ailleurs, la directrice du Centre tchèque du Caire, Tereza Svášková, organise de nombreux événements consacrés à la place de la femme dans la société européenne et dans le monde arabe. Les réactions sont très positives, tant de la part du public local que de l’Union européenne. »
Une autre mission importante dans le domaine de la diplomatie culturelle est celle du Centre tchèque de Kyiv, dirigé depuis février dernier par la politologue et l’ancienne journaliste Tereza Soušková. Selon Ondřej Černý, il s’agit d’un poste clé parmi les chefs des Centres tchèques.
« La République tchèque est le seul pays à avoir le directeur de son centre culturel sur place, à Kyiv. Les autres centres sont dirigés depuis l’étranger. Le programme de ce Centre tchèque nous tient beaucoup à cœur. Par son intermédiaire, la Tchéquie veut participer à la reconstruction de l’Ukraine et de son patrimoine culturel, et aussi soutenir la société civile. »
Si le Centre tchèque de Kyiv se consacre, en 2023, à la promotion du cinéma et de la littérature tchèques, ainsi qu’à des projets d’art-thérapie destinés aux enfants victimes de la guerre, l’année 2024 sera placée, dans tous les Centres tchèques, sous le signe de la musique, avec notamment les célébrations du bicentenaire de la naissance du compositeur Bedřich Smetana. Le débat sur l’ouverture d’une nouvelle antenne à New Delhi est par ailleurs en cours.