Lignes à grande vitesse en Tchéquie: premier coup de pioche toujours envisagé à l'horizon 2025
Si les lignes à grande vitesse en sont encore à l’état de projet en République tchèque, l’Administration des chemins de fer continue néanmoins bien de préparer le terrain pour la construction des premiers tronçons, dont les travaux devraient être lancés d’ici trois ans.
Pour se rendre en train de Prague à Brno, trois heures au minimum sont actuellement nécessaires, alors qu’un peu moins de 260 kilomètres séparent les gares centrales des deux plus grandes villes tchèques. À terme, la ligne à grande vitesse (LGV) devrait permettre de réduire ce temps de voyage d’environ deux heures, tandis que seulement 36 minutes seraient encore nécessaires pour un Brno-Ostrava, la troisième plus grande ville tchèque, dans l’est du pays, à proximité de la frontière avec la Pologne.
« Si nous prenons les choses globalement, vous pourrez aller de Prague à Ostrava en moins de deux heures », confirme ainsi Jakub Bazgier, directeur du projet de réalisation des LGV en République tchèque, qui dépend de l’Administration des chemins de fer (Správa železnic). Reste que si tout cela apparaît très beau sur le papier, aucun coup de pioche n’a encore été donné. Les travaux de documentation relative aux décisions de planification restent en cours sur tous les tronçons envisagés.
L’Administration des chemins de fer, l'organisation publique qui gère le réseau ferroviaire, négocie avec les collectivités locales qui seront concernées par les LGV. Outre la ligne qui devrait donc relier les trois plus grandes villes tchèques, une autre ligne entre Brno et Břeclav, ville du sud de la Moravie qui se trouve, elle, à moins de 100 kilomètres de Bratislava et de Vienne, est aussi envisagée.
À plus long terme, il est également prévu qu’une autre branche accélère la liaison existante entre Prague et Ústí nad Labem, dans le nord de la Bohême, à proximité de la frontière avec l’Allemagne, de même qu’entre la capitale et Hradec Králové, en Bohême de l’Est, de manière à pouvoir faire la jonction avec la Pologne un peu plus au nord-est.
La grande majorité de toutes ces nouvelles lignes nécessitera la construction de nouvelles voies pour soulager celles existantes. Comme le confirme le ministre des Transports, Martin Kupka, qui entend présenter d’ici fin juin une analyse du financement du tronçon en Moravie entre Přerov et Ostrava, qui est actuellement le plus avancé (un partenariat public-privé est envisagé), l’objectif est aussi de soulager des lignes souvent surchargées :
« Les LGV en République tchèque ne permettront pas seulement aux personnes se déplaçant entre les grandes villes de voyager plus rapidement et plus commodément, mais aussi d’acheminer davantage de fret sur les corridors existants, qui sont aujourd’hui saturés. »
Les nouveaux tronçons sont destinés à permettre le développement du transport ferroviaire suburbain. Et ce en particulier à proximité des grandes villes, puisque de nouvelles liaisons ne trouveront pas leur place sur les lignes déjà existantes. Les transporteurs de marchandises sont eux aussi confrontés à des problèmes de capacité du réseau.
Plus généralement, les LGV en République tchèque devraient s’intégrer dans le réseau ferroviaire à grande vitesse européen qui, en raison de structures très fragmentées et inefficaces, est encore loin d’être une réalité ; comme d’ailleurs le confirme l’exemple de la République tchèque. Mais si leur réalisation se concrétise, elles rapprocheront alors considérablement Prague, Brno ou Ostrava de grandes villes comme Dresde, Berlin, Vienne ou Wroclaw.
Ce développement des LGV fait par ailleurs partie des deux principaux projets qui entrent actuellement dans le cadre des relations entre la République tchèque et la France. Outre le nucléaire, où EDF a formulé une offre pour l’agrandissement du parc tchèque, le ferroriaire est l’autre grand chantier en cours, comme le confirme Magali Voisin-Ratelle, directrice de Business France en République tchèque :
« On est sur des projets de transition bas-carbone, parmi lesquels effectivement celui d’une LGV qui, depuis cinq ans, s’inscrit dans le cadre d’une collaboration entre la SNCF et le gestionnaire tchèque des transports sur les normes et la faisabilité d’un tel projet en République tchèque. »
Un projet que la visite très remarquée d’un TGV français en République tchèque il y a tout juste un an, dans le cadre d’une opération marketing, avait contribué à rendre un peu plus concret aussi.