La belle surprise Vondroušová, sacrée à Wimbledon
C’est un week-end de rêve qu’a vécu le tennis tchèque à Wimbledon. Un mois après la finale de Karolína Muchová à Roland-Garros, Markéta Vondroušová a remporté le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière, samedi à Londres, en dominant la Tunisienne Ons Jabeur en finale du tournoi du simple dames en deux sets (6-4, 6-4).
Cinquante ans précisément après le triomphe de Jan Kodeš, qui était présent dans les tribunes du Centre Court samedi après-midi pour supporter sa compatriote, Markéta Vondroušová est devenue la quatrième Tchèque vainqueur en simple à Wimbledon. La troisième femme aussi après Jana Novotná en 1998 et Petra Kvitová en 2011 et 2014.
Une liste à laquelle on peut aussi ajouter les légendaires Jaroslav Drobný, sacré en 1954, et bien évidemment Martina Navrátilová, propriétaire, elle, de neuf plateaux d’argent. Mais bien que tous les deux nés à Prague, l’un comme l’autre ont été sacrés dans le temple londonien en défendant les couleurs d’un autre pays, l’Égypte pour Drobný et les États-Unis pour Návrátilová, après avoir émigré de Tchécoslovaquie pour des raisons politiques.
Après ses échecs en finale à Roland-Garros en 2019 puis aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, Markéta Vondroušová a donc enfin transformé l’essai. Au terme d’une finale qui n’a jamais atteint des sommets, tant d’un point de vue tennistique qu’émotionnel, la native de la petite ville de Sokolov (Bohême de l’Ouest) a remporté, à 24 ans, le premier grand titre de sa carrière :
« Je ressens d’abord du soulagement. Quand je me suis retrouvée à mener 40-0 dans le dernier jeu, je n’arrivais presque plus à respirer. C’est comme si tout était en vous. Je suis donc heureuse d’avoir su garder la tête froide. Cela a été vraiment difficile à certains moments du match aussi parce que Ons est une joueuse extraordinaire et que nous nous connaissons très bien. Je suis donc très heureuse d’avoir bien su gérer ces moments-clefs. »
Première joueuse de l’histoire à remporter Wimbledon sans être classée tête de série, Markéta Vondroušová a surpris tout son monde, y compris en République tchèque, comme le concédait Vladislav Šavrda, manager du 1. ČLTK Praha, le prestigieux club de tennis pragois où elle est licenciée :
« J’ai du mal à y croire, car c’est un immense succès que personne n’attendait. C’est d’autant plus beau et symbolique pour le tennis tchèque qu’elle a gagné l’année du 50e anniversaire de la victoire de Jan Kodeš. À la différence de Ons Jabeur, Markéta a parfaitement appréhendé cette finale, surtout mentalement. Elle était peut-être un peu nerveuse au entrant sur le court car elle n’a pas bien commencé, mais ensuite, elle est restée sereine même quand le score et le déroulement du match lui étaient défavorables dans les premier et deuxième sets. Vraiment, elle a été remarquable et sa gestion de la fin du match démontre que c’est une vraie championne ! »
Il y a un an, c’est pourtant le poignet plâtré que la gauchère tchèque avait suivi Wimbledon. Autant dire que l’idée qu’elle puisse s’y imposer douze mois seulement plus tard ne lui avait même pas traversé l’esprit au moment de son entrée en lice dans le tournoi. Et ce d’autant moins qu’elle n’avait remporté qu’un seul match sur le gazon londonien lors de ses quatre participations précédentes :
« C’est vrai, cela (gagner ici) me semblait impossible. L’année dernière, j’étais venue voir jouer ma meilleure amie aux qualifications et j’étais en touriste. Quand je suis revenue à la compétition, je ne savais pas ce qui allait se passer, ni à quel niveau je serais capable de rejouer. Je n’avais d'ailleurs jamais bien joué sur gazon. Wimbledon me semblait être le Grand Chelem le plus impossible à gagner. Quand nous sommes arrivés, je me suis juste dit que j'allais essayer de remporter quelques matches sans voir plus loin. Et voilà ce qui est arrivé... C’est fou ! »
En janvier dernier, lorsque nous l’avions interrogé alors que les joueuses tchèques faisaient déjà forte impression, Jaroslav Plašil, le reporter tennis de la Radio tchèque qui suit leurs performances dans les Grands Chelems, Masters et autres Fed Cup depuis de longues années, avait pourtant conseillé de garder un œil particulièrement attentif sur l'évolution de Markéta Vondroušová après son retour à la compétition :
« Il pourrait effectivement être très intéressant de suivre Markéta Vondroušová. Sur le plan du jeu, elle apparaissait déjà en très bonne forme au début de saison. Son problème, ce sont les blessures. Mais si elle est épargnée, elle possède le potentiel pour faire de très belles choses, comme elle l’avait prouvé la saison dernière au printemps avant justement de se blesser. »
Ce lundi, alors que Vondroušová (10e) a fait un bon de trente-deux places et intégré le Top 10 mondial pour la première fois de sa carrière, pas moins de cinq Tchèques, depuis Petra Kvitová (8e) jusqu’à Karolína Plíšková (23e), figuraient parmi les vingt-cinq premières joueuses mondiales (7 même parmi les 33 premières)selon le nouveau classement de la WTA (la fédération internationale de tennis féminin).
Et si l’on ajoute à tout cela la victoire, dimanche, de Barbora Strýcová aux côtés de la Taïwanaise Hsieh Su-wei en finale du double dames pour le dernier tournoi de sa carrière, les sacres aussi de la paire Laura Samsonová-Alena Kovačková chez les filles et de Jakub Filip chez les garçons dans les tournois de double juniors ou encore la présence de Nikola Bartůňková en finale de celui du simple filles, on se dit que c’est décidément un week-end londonien particulièrement radieux qu’a connu le tennis tchèque à Wimbledon. Vivement déjà l’US Open...