Au centre de Prague, un pigeonnier pour réguler la population des oiseaux
Depuis quelques mois, la ville de Prague a fait aménager en pigeonnier dans les combles d’un immeuble au centre-ville. L’idée est notamment de réguler la population de pigeons, sources de dégâts sur les bâtiments et porteurs de pathogènes potentiellement dangereux pour les humains.
Selon les ornithologues, il y aurait environ 80 000 pigeons sauvages à Prague, notamment dans les quartiers où se trouvent de grands blocs de maisons anciennes, comme à Karlín, Žižkov et Vinohrady, mais aussi dans la Vieille-Ville.
C’est précisément dans ce quartier central de la capitale, dans une des belles maisons historiques, non loin de la place Mariánské náměstí, qu’un grenier a été transformé en pigeonnier, avec mangeoires et abreuvoirs mais aussi, aux murs, des rangées de planches où les oiseaux peuvent venir se poser. Kateřina Brabencová est membre d’une association de protection de ces volatiles qui s’occupe de ce pigeonnier en collaboration avec la Station de protection des animaux de la ville de Prague :
« Ils ont des mangeoires en plastique pour se nourrir et où ils ont suffisamment de nourriture. Les petits auvents sont en réalité des sortes de perchoirs pour les pigeons, qui doivent tous avoir un endroit où se reposer lorsqu’ils ne nichent pas. L’objectif est d’empêcher les pigeons du quartier de s’installer dehors et d’endommager les bâtiments. »
Car les excréments des oiseaux sont un fléau qui cause d’importants dommages sur les immeubles et monuments historiques et leur nettoyage représente un coût élevé : en moyenne, un pigeon produit jusqu’à douze kilos d’excréments par an, c’est dire les dégâts sur les façades des bâtiments ou des statues au sommet desquelles ils viennent souvent se percher. Toutes les grandes villes sont confrontées à la surpopulation des pigeons et l’aménagement de pigeonniers est censé encourager les oiseaux à s’y installer au lieu d’être sur les balcons et les toits des immeubles.
Mais transformer des combles en pigeonnier n’a pas pour but de seulement offrir aux oiseaux un meilleur lieu de repos que les corniches des bâtiments historiques : l’idée est aussi de réguler l’excès de pigeons en remplaçant leurs œufs dans les nichoirs par des œufs artificiels, explique Kateřina Brabencová, afin d’éviter de devoir les tuer pour régler le problème :
« L'idéal est de prélever les œufs tant qu’aucun embryon ne s’est formé. Les œufs factices ont la même taille que les vrais œufs pondus par les pigeons et sont chauffés pour que les oiseaux ne voient pas la différence. »
Normalement, la femelle va continuer à couver les œufs artificiels pendant 20 à 25 jours avant de se rendre compte qu’ils n’écloront pas et de les abandonner. Si les œufs sont enlevés sans être remplacés, la femelle pigeon en pondra de nouveaux immédiatement et elle le fera à chaque fois que ses œufs seront retirés.
Dans les villes, les pigeons ne sont pas seulement un danger pour les bâtiments historiques, mais ils représentent aussi un risque sanitaire : ils sont en effet porteurs de pathogènes transmissibles à l’Homme, même si les autorités vétérinaires se veulent rassurantes sur la question, comme l’explique un de leurs experts, Petr Majer :
« Pour qu’il y ait infection, il faudrait par exemple que les aliments de l’homme entrent en contact direct avec des excréments de pigeon. Ou alors, il faudrait qu’une personne se trouve dans un environnement où il y a beaucoup de poussière de ces excréments dans l’air - par exemple en nettoyant de vieux greniers ou des espaces fermés très sales. »
Le pigeonnier aménagé dans ce grenier de la Vieille-Ville est un projet-pilote qui doit déterminer le degré d’efficacité de ce type de système déjà développé en Allemagne voisine.
Ce pigeonnier peut accueillir environ 150 volatiles, soit 75 couples, mais les organisations de protection de la faune estiment qu’il faudrait bien plus d’asiles de ce type en ville. Un pigeonnier urbain, donc hors d’un grenier, est d’ailleurs toujours en attente de réalisation dans le quartier de Žižkov, en bordure du centre-ville.