Presse : le sexisme, éternel obstacle pour les femmes politiques tchèques
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur le sexisme dont sont victimes les femmes qui se lancent en politique. Elle s’intéressera également aux récentes manifestations en Tchéquie et à l’objet du mécontentement de leurs participants. Cette revue de presse s’arrêtera aussi sur le discours prononcé par le président Pavel à l’Assemblée générale de l’ONU. Un mot aussi sur la croissance du nombre d’habitants en Tchéquie et un regard sur les joueuses de tennis tchèques qui pourront se présenter au tournoi des Masters.
« En Tchéquie, une femme en politique ne peut tout simplement pas gagner ». L’auteure d’une note mise en ligne sur le site Seznam Zprávy a illustré ce constat par le cas concret d’une politicienne du Parti pirate, un des cinq partis de la coalition gouvernementale:
« Avant l’élection de leur liste de candidats aux élections européennes, les Pirates ont débattu pour savoir s’ils devaient introduire des quotas. Finalement, ils ont décidé de ne pas les imposer. Et c’était une bonne décision, car il y a même deux femmes qui se sont très bien placées : l’actuelle députée européenne Markéta Gregorová en deuxième position et la politicienne municipale Zuzana Klusová à la troisième place. Pourtant, selon cette dernière, une politicienne tchèque ne peut savourer son succès que jusqu’au moment où commencent à émerger des commentaires à son sujet. »
En effet, la candidate plébiscitée a fait l’objet d’un déferlement de haine et de remarques sexistes d’une grossièreté rarement vue même sur les réseaux sociaux. L’éditorialiste explique pourquoi :
« Zuzana Klusová, 38 ans, est une femme séduisante ce qui a amené beaucoup d’hommes à estimer qu’elle ne participait au scrutin que pour faire bonne figure sur les panneaux. D’autres encore considèrent que si une femme est jolie, elle doit certainement avoir ‘mérité’ sa bonne place sur la liste des candidats. Mais même quand une politicienne n’est pas d’une beauté frappante, rien n’est gagné. Dans ce cas, elle est considérée comme une souris insipide qui compense son manque d’intérêt pour les hommes par la politique. Jeune ou âgée, jolie ou moyenne, rien ne paraît convenable. A-t-elle des enfants ? Alors elle devrait rester à la maison. Pas d’enfants ? C’est plus détestable encore. »
Mais après tout, comme l’a noté l’éditorialiste, les choses s’améliorent un peu, parce que de nombreuses personnes ont publiquement pris la défense de la jeune candidate pirate. « Peut-être nous dirigeons-nous lentement vers une époque où de telles personnes sexistes seront considérés par la société majoritaire comme des rustres déplorables », a-t-elle conclu.
Contre quoi manifeste-t-on en Tchéquie ?
Le débat autour du paquet de mesures de consolidation proposé par la coalition gouvernementale qui affectera notamment les personnes ou les familles à faibles revenus bat son plein. Pourtant, selon l’éditorialiste du site info.cz, il ne provoque pas de protestations de masse ou de grand conflit social en Tchéquie :
« Certes, la manifestation organisée par le parti non-parlementaire PRO qui s’est déroulée samedi dernier à Prague en présence d’au moins quelque 10 000 participants était dirigée contre le gouvernement et ses mesures économiques et budgétaires. Les mots les plus durs ont été pourtant ceux qui ont été prononcés contre l’appartenance de la Tchéquie à l’OTAN et à l’Union européenne. Cela correspondait apparemment au souhait de la plupart des participants, qui criaient des slogans contre les Etats-Unis et l’Ukraine. »
En toute logique, comme l’observe l’éditorialiste, ce sont les syndicalistes ou les hommes politiques de gauche qui devraient s’indigner contre le gouvernement de droite et ses coupes budgétaires :
« Une centaine de milliers de personnes à une manifestation de gauche dirigée contre les mesures économiques du gouvernement aurait certainement envoyé un message beaucoup plus fort. Cela aurait été une protestation légitime et tout à fait attendue dans une situation où, objectivement, beaucoup de gens sont en situation précaire ou risquent de l’être et ont peur de l’avenir. D’un autre côté, un même nombre de partisans de la sortie des institutions euro-atlantiques et de la fin du soutien à l’Ukraine constituerait un problème très grave pour l’ensemble de la société et de l’Etat. Réjouissons-nous donc d’une participation relativement faible à cette dernière manifestation. »
Le président Petr Pavel à l’Assemblée générale de l’ONU
« La présentation, mercredi, du président Petr Pavel devant l’Assemblée générale de l’ONU est une confirmation symbolique du retour de la République tchèque à la normale. » Voilà ce qu’on pouvait lire dès le lendemain dans le journal Hospodářské noviny. Le tout au moment, comme l’a souligné son auteur, « où des personnalités de la vie publique tchèque estiment qu’on devrait abolir les Nations Unies parce que nombre de ses Etats membres font le jeu de la Russie. » Il a écrit :
« C’est la preuve d’une incompréhension totale de la réalité : plus nous condamnons les Nations Unies, plus cela profite à la Russie. Heureusement, le président Pavel qui a prononcé à New York un discours digne d’un pays démocratique qui se positionne avec assurance en tient compte. Cela faisait six ans que la République tchèque ne s’était pas présentée à ce niveau devant l’Assemblée générale de l’ONU. Tel est effectivement le temps qui s’est écoulé depuis la dernière intervention d’un chef d’Etat tchèque sur son sol. »
« Dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, ceci plus important que jamais », a encore ajouté l’éditorialiste avant de remarquer :
« Certes, l’ONU a de nombreux défauts. Mais il s’agit d’un forum crucial pour des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Brésil et l’Inde. Il est donc juste que le président Pavel ait consacré trois paragraphes de son discours de 15 minutes à la situation dans le Sahel, où un certain nombre de coups d’Etat militaires ont eu lieu récemment. Il a parlé d’une volonté d’aider cette région du monde extrêmement pauvre. C’est une bonne chose, car c’est aussi dans notre intérêt. »
Ces joueuses de tennis tchèques qui aspirent au tournoi des Masters
« Trois Tchèques au Mexique ? », s’interroge le journaliste sportif du site aktualne.cz à l’approche du tournoi des Masters et en lien avec les récents succès de plusieurs joueuses de tennis tchèques :
« Après la saison décevante de l’année dernière, on peut s’attendre à ce que le tennis féminin tchèque cartonne. Au moins trois Tchèques convoitent les quatre places qui restent vacantes pour le tournoi des Masters à Cancun. Alors que la saison dernière, aucune Tchèque ne s’était qualifiée pour le tournoi des huit meilleures joueuses de simple de la saison, cette année, Markéta Vondroušová et Karolína Muchová affichent toutes deux des perspectives prometteuses. La première a remporté Wimbledon, la seconde a atteint la finale de Roland-Garros. Et presque à la dernière minute, Barbora Krejčíková est également en lice grâce à son titre à San Diego. De plus, elle a rejoint le top 10, qui compte déjà trois Tchèques. Petra Kvitová a également une chance théorique d’entrer dans le top 8. »
C’est la tournée asiatique qui décidera de l’issue de la course. L’éditorialiste du site aktualne.cz surfe sur une vague optimiste :
« Les Tchèques, en raison de leurs problèmes de santé et de leurs performances, ne peuvent qu’augmenter leur nombre de points, tandis que leurs concurrentes tenteront plutôt d’améliorer un palmarès déjà bien rempli. Bien que très dense, le classement promet donc de belles émotions jusqu’à la deuxième moitié d’octobre, date de la clôture des qualifications. »
Le nombre d’habitants en Tchéquie en hausse
A l’heure actuelle le nombre d’habitants de la République tchèque atteint presque 11 millions. Selon l’éditorialiste du quotidien Deník, il y a lieu de parler de miracle dans une région qui, depuis des décennies, connaît une tendance inverse. Ainsi, par exemple, l’ancienne Allemagne de l’Est qui avait 16 millions d’habitants, en compte aujourd’hui un peu plus de 13. De même, la Pologne n’est plus depuis longtemps un pays de 40 millions d’habitants, tandis que la Hongrie a perdu plus d’un million d’habitants. Le texte explique :
« Bien que son taux de natalité soit inférieur à son taux de mortalité, la Tchéquie est en croissance, grâce à de bons soins de santé et à l’augmentation de l’espérance de vie qui en résulte. Et grâce aussi à l’immigration, qui provient presque exclusivement de l’Est, de la Slovaquie et de l’Ukraine. Dommage que le pays, en raison du niveau bas des salaires, ne soit pas attrayant également pour les ressortissants de pays occidentaux statistiquement beaucoup plus pauvres, tels que la Grèce ou le Portugal. »
Or, comme l’ajoute l’éditorialiste de Deník, l’accueil de réfugiés ukrainiens a été non seulement un grand et admirable geste humanitaire, mais aussi une démarche importante pour l’avenir de la Tchéquie.