Mise au jour par Auguste Mariette, la tombe de Ptahchepsès redécouverte par des égyptologues tchèques
Après plusieurs années de fouilles, des égyptologues tchèques ont redécouvert la tombe du haut fonctionnaire égyptien Ptahchepsès Ier à Saqqarah. Cette sépulture avait été découverte par l’archéologue français Auguste Mariette il y a environ 160 ans avant de disparaître sous les sables.
C’est au cours de la campagne de fouilles 2022-2023 que la mission égyptologique tchèque a fait cette découverte rare, localisant puis explorant le mastaba du vizir Ptahchepsès Ier qui a vécu entre le 25e et le 24e siècle avant J.-C.
Peu de temps après sa découverte par Auguste Mariette au XIXe siècle, la tombe rectangulaire à toit plat, avait de nouveau disparu pour plus d’un siècle et demi, comme l’explique Renata Landgráfová, directrice de l’Institut tchèque d’égyptologie :
« Il semble que Mariette n’ait pas exploré complètement la tombe. Soit il n’a pas atteint la chambre funéraire, soit il a tout simplement ignoré ce qu’elle contenait, car nous y avons retrouvé une momie conservée dans son intégralité. La tombe a donc été perdue pendant plus d’un siècle et lorsque nous l’avons découverte, il y a un an, nous l’avons explorée en profondeur, y compris la sous-structure, c’est-à-dire la chambre funéraire. »
Lorsque Auguste Mariette avait mis au jour ce mastaba situé au nord de la pyramide de Djéser, il y avait découvert et prélevé le linteau de la porte d’entrée, aujourd’hui exposé au Musée du Caire, et la stèle fausse-porte qui est actuellement conservée au British Museum.
Cette grande stèle de calcaire peinte en rouge permet de savoir que le grand prêtre Ptahchepsès Ier est né sous le règne de Mykérinos et qu’il fut éduqué avec les princes royaux. Intégré dès son enfance dans le cercle intime de la royauté, ce vizir et assistant du souverain est mort à un âge relativement avancé d’au moins 65 ans. Sa proximité avec les membres de la royauté lui permit d’épouser une princesse de sang royal devenant ainsi le gendre du pharaon :
« Nous avons demandé à des anthropologues égyptiens d’examiner la momie, mais nous ne leur avons rien dit sur l’individu. Et ils nous ont répondu qu’il devait être très vieux quand il est mort, ce qui est exactement ce que dit le texte de la stèle. Nous avons donc ainsi une double confirmation. Ce haut fonctionnaire a été éduqué à la cour du constructeur de la plus petite des pyramides de Gizeh, toujours sous la VIe dynastie, mais il a servi sous la Ve dynastie, celle dite des rois soleils. L’autre point important à son sujet est qu’il est, à notre connaissance, la première personne de sang non-royal à avoir épousé une princesse royale. »
Les archéologues tchèques ont pu explorer la tombe perdue, y compris la chambre funéraire, où ils ont trouvé la momie complète du dignitaire allongé sur le dos :
« La momie est vraiment extraordinaire. Le problème, c’est que les pilleurs de tombe de l’Antiquité étaient toujours à la recherche des momies, car ils s’attendaient à trouver une amulette en or entre les bandelettes de lin. Ils ouvraient donc les sarcophages, déballaient la momie et volaient tout ce que l’individu portait sur lui. Les momies qui nous parviennent sont généralement en pièces détachées. Mais dans ce cas précis, j’ai vraiment cru qu’il allait se lever pour me saluer ! »
La redécouverte de la tombe de Ptahchepsès Ier a été rendue possible grâce à l’imagerie satellite détaillée de la région et à l’étude de cartes anciennes. Ainsi, la tombe d’un homme qui a changé le cours de l’histoire égyptienne, selon les archéologues, représente l’une des plus grandes découvertes de la mission égyptologique tchèque, selon Miroslav Bárta qui la dirige. En effet, c’est à ce haut fonctionnaire que l’on devrait l’idée d’introduire le célèbre dieu de l’au-delà Osiris dans le panthéon égyptien.
Ces dernières années ont vu plusieurs découvertes archéologiques importantes pour la mission tchèque en Egypte. En 2021, par exemple, l’équipe de l’Institut d’égyptologie de l’Université Charles avait découvert à Abousir le plus grand dépôt de matériel d’embaumement jamais mis au jour en Égypte, soit environ 370 récipients en céramique contenant des matières premières et d’autres matériaux qui ont été utilisés dans le processus de momification.
Avec ses deux kilomètres carrés de superficie, la concession de la mission tchécoslovaque dans les années 1960, relayée par la mission tchèque depuis le début des années 1990, est une des plus importantes accordées à des étrangers par les autorités égyptiennes. Le site funéraire d’Abousir, situé à mi-chemin entre Gizeh, au nord, et Saqqarah, au sud, qui est au cœur des recherches archéologiques de la mission tchèque, a été utilisé sans discontinuer tout au long de l’histoire de l’Egypte ancienne et reste ainsi une source inépuisable de découvertes pour les archéologues tchèques.