Gouvernement Netanyahu en Tchéquie : des Israéliens prévoient de manifester à Prague
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et plusieurs de ses ministres doivent participer lundi matin à Prague à une réunion avec le gouvernement tchèque. Pour certains ressortissants israéliens installés en Tchéquie, c’est l’occasion de montrer leur opposition à la politique menée actuellement et aux dérives autoritaires qui ont déjà poussé des centaines de milliers de personnes ces derniers mois dans les rues de Tel-Aviv pour manifester contre une réforme du système judiciaire qui ébranle les fondements de l’État d’Israël.
Le gouvernement tchèque prévoit d’accueillir les membres du cabinet israélien à son siège, l'Académie Straka, et au Palais Lichtenstein à Prague Il s’agit de la cinquième réunion intergouvernementale tchéco-israélienne et la première depuis 2016 à Jérusalem.
« Les gouvernements des deux pays, dirigés par Petr Fiala et Benyamin Natanyahu, discuteront de questions d'actualité. Les consultations intergouvernementales tchéco-israéliennes portent traditionnellement sur la coopération politique, économique, sécuritaire et militaire, ainsi que sur les thèmes de la science, de la recherche, de l'innovation, des soins de santé et de la cybersécurité », a indiqué le gouvernement tchèque dans un communiqué de presse.
Une rencontre avec le Premier ministre israélien est prévue par la présidente de la Chambre des députés, Markéta Pekarová Adamová, et le chef du Sénat, Miloš Vystrčil, ont confirmé leurs porte-parole à l’agence ČTK. Selon le bureau du gouvernement, Benyamin Netanyahu, comme il est d'usage lors de ses visites à l'étranger, rencontrera également des représentants de l'opposition politique tchèque.
Il est cependant peu probable que « Bibi » rencontre les opposants à son gouvernement de la petite communauté israélienne de Tchéquie, qui prévoient de manifester à cette occasion à Prague. Parmi eux se trouvent quelques-uns des dizaines d’étudiants israéliens en médecine de l’Université Charles, dont Ori, installé dans la capitale tchèque depuis trois ans :
« Tout le monde a peur de ce qui peut se passer à l’avenir. Cela me fait réfléchir au fait de rentrer ou non. Je ne suis même pas sûr qu’il y ait un pays dans lequel rentrer. Je veux avoir un foyer, je veux qu’Israël soit l’État pour lequel j’ai combattu dans l’armée, celui où j’ai grandi et qui accepte tout le monde. Nous ne sommes pas un pays parfait, mais nous avons du potentiel et ce gouvernement nous fait faire dix pas en arrière. »
« Il nous faut montrer au monde que le gouvernement israélien n’est pas le peuple israélien, que nous avons des idéaux à défendre. Et nous voulons embarrasser Benyamin Netanyahu quand il est à l’étranger et qu’il fait le fier. Nous souhaitons montrer que nous sommes là. »
« Depuis l’école nous apprenons que la Tchécoslovaquie a été le seul pays à fournir des armes à Israël pour la guerre d’indépendance en 1947/1948. Nous connaissons cette excellente relation entre la Tchéquie et Israël et c’est aussi une raison pour manifester ici et montrer aux Tchèques ce qui se passe : si mon ami étais dans une mauvaise passe, je souhaiterais être au courant, donc oui il y a un contexte historique important dans le fait de manifester en Tchéquie maintenant. »
Ariel travaille quant à lui à Prague comme ingénieur du son depuis une dizaine d’années et s’apprête lui aussi à manifester lundi devant la Maison municipale:
« Il faut comprendre que manifester est nécessaire. Israël est ma patrie, ma famille et mes amis y vivent, et je suis très inquiet pour l’avenir du pays, à cause des initiatives décidées par le gouvernement actuel dirigé par Benyamin Netanyahu et annoncées par le ministre de la Justice Yariv Levin. Il s’agit tout simplement d’un coup d’État. »
« Ce gouvernement fait du mal aux minorités, aux femmes, aux personnes LGBT, aux Arabes, et la liste s’allonge tous les jours. Ce gouvernement est religieux, de droite et messianique. Je me dois d’en informer les Tchèques. Je suis réellement inquiet et j’espère que les Tchèques, qui nous ont aidés en 1948, vont à nouveau aider le peuple israélien à sortir d’une des plus grandes crises de son histoire et à défendre notre démocratie. »
Selon des informations publiées plus tôt dans la presse tchèque, les membres les plus controversés et extrémistes du gouvernement Netanyahu, notamment Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, ne seront pas du déplacement à Prague.