Le transfert de l’ambassade tchèque à Jérusalem, combat personnel de Miloš Zeman
« Israël n’a pas de plus grand ami que la République tchèque dans l’hémisphère est de la planète », a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, mardi, lors de l’inauguration aux côtés de Miloš Zeman de la Maison tchèque à Jérusalem. L’ouverture de cette nouvelle institution représentative sans statut diplomatique doit précéder, aux yeux du président tchèque en visite en Israël depuis lundi, le transfert de l’ambassade tchèque de Tel Aviv à Jérusalem. Pour cela, il faudra toutefois encore au chef de l’Etat convaincre un gouvernement beaucoup plus réservé et prudent que lui sur la question.
On ne connaît pas encore la date du quatrième voyage de Miloš Zeman en Israël, alors que son troisième séjour depuis le début de son premier mandat en 2013 vient juste de s’achever, ce que l’on sait en revanche, c’est que si le chef de l’Etat devait bien revenir à Jérusalem pour l’ouverture qu’il souhaite tant de l’ambassade, cela signifierait alors que celle-ci se ferait avant 2023, date d’expiration de son second mandat.
On est toutefois encore très loin d’une telle issue. En décembre dernier, en réaction à la décision prise par Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, le chef de la diplomatie de l’époque, le social-démocrate Lubomír Zaorálek, avait été très clair quant à la position de Prague sur le sujet, à savoir que celle-ci continuait de s’aligner sur celle des autres pays membres de l’Union européenne :
A Tel Aviv comme à Jérusalem, Miloš Zeman a multiplié les déclarations de bonnes intentions vis-à-vis de ses hôtes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les députés des partis arabes ont préféré quitter la salle lors du discours qu’il a prononcé à la Knesset lundi. Un discours, le premier d’un représentant politique tchèque devant les parlementaires israéliens, dans lequel il a exprimé son scepticisme quant au principe d’une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien et à l’éventualité de voir la bande de Gaza devenir un Etat indépendant, le Hamas n’étant rien d’autre qu’une « organisation terroriste » à ses yeux. Et puis un discours dans lequel le chef de l’Etat tchèque a promis qu’il ferait tout ce qui est en ses moyens pour faire transférer l’ambassade tchèque à Jérusalem, comme il l’a confirmé ensuite aux journalistes qui l’accompagnaient :« Je m’efforcerai de persuader notre gouvernement de façon à ce que ce transfert puisse se faire. Mais vous savez très bien que dans le discours que j’ai prononcé à la Knesset, j’ai dit que je n’étais malheureusement pas un dictateur et que dans une structure démocratique, persuader quelqu’un pouvait durer un certain temps. »
En attendant, après un consulat honoraire à Jérusalem en mai dernier, le président Zeman, fervent défenseur de la cause israélienne, doit donc se contenter de l’ouverture de cette Maison tchèque, une institution sous le toit de laquelle siègeront diverses agences gouvernementales représentant les intérêts de la République tchèque et où seront organisées des manifestations culturelles, comme l’a expliqué le nouvel ambassadeur et ancien ministre des Affaires étrangères Martin Stropnický :
« C’est un lieu où quiconque de Jérusalem ou des environs pourra trouver tout ce dont il a besoin concernant notre pays, que ce soit pour un voyage d’affaires ou un séjour touristique. »En présence également de l’ambassadeur américain, tout cela a donc fait dire à un Benjamin Netanyahou comblé d’aise que la République tchèque n’était plus seulement le meilleur ami de son pays en Europe, mais aussi son plus grand ami dans tout l’hémisphère oriental. En cette année de centenaire de la fondation de l’Etat tchécoslovaque et de 70e anniversaire de celle de l’Etat d’Israël, ne restait dès lors plus qu’à admirer les panneaux de l’exposition rappelant la visite, en 1927, de Tomáš Garrigue Masaryk dans ce qui était alors la Palestine sous mandat britannique, la première visite officielle d’un chef d’Etat, et plus généralement la contribution du premier président tchécoslovaque dans la création de l’Etat hébreu.