Andrej Babiš en Israël malgré l’annulation du sommet du V4
Le sommet du groupe de Visegrad (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie et Pologne) devait être organisé pour la première fois en Israël cette semaine mais une nouvelle polémique entre dirigeants israéliens et polonais au sujet de la Shoah a entraîné l’annulation de la réunion prévue à Jérusalem. Andrej Babiš, le chef du gouvernement tchèque, ainsi que ses homologues slovaque et hongrois, ont quand même fait le déplacement pour des rencontres bilatérales avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Pour parler des relations tchéco-israéliennes Radio Prague s’est adressée à la chercheuse en relations internationales Irena Kalhousová, doctorante à la London School of Economics et spécialiste des relations entre les pays d’Europe centrale et Israël :
« Pour la République tchèque, Israël est considéré comme un allié très important, stratégique même, tandis que pour Israël, Prague est un partenaire important mais pas aussi important que Washington par exemple, pour des raisons évidentes. Pour les Tchèques, l’Etat d’Israël est spécial et il est intéressant de noter que depuis la chute du communisme en 1989 aucun des gouvernements en place à Prague n’a modifié la politique pro-israélienne du pays. »
Pourquoi selon vous le premier ministre tchèque Andrej Babiš considère-t-il Israël comme un partenaire stratégique ?
« Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. D’abord l’histoire des bonnes relations entre les deux pays depuis la création d’Israël. Ensuite il s’agit également d’une raison politique dans le sens où la République tchèque soutient Israël en tant que ce que l’on décrit être la seule démocratie au Moyen-Orient. Israël est aussi un partenaire économique important pour les Tchèques avec des liens forts, illustrés par exemple par le succès de Škoda sur le marché israélien. Et puis la coopération dans le domaine de la défense est également de plus en plus étroite. »
L’innovation, la santé, la cyber-sécurité et la gestion des ressources en eau sont quelques-uns des principaux domaines de cette coopération entre les deux pays. Dans quelle mesure les Israéliens sont-ils intéressés par ce type de coopération selon vous ?
« Ce sont des domaines dans lesquels Israël excelle et qui sont un moyen d’obtenir différents soutiens, que ce soit des pays du groupe de Visegrad, de la République tchèque ou d’autres pays. »
« Le fait d’avoir des relations étroites avec la République tchèque signifie pour Israël avoir un partenaire très important au sein de l’Union européenne, ce qui est loin d’être négligeable surtout quand on sait que les relations qu’Israël entretient avec l’UE ne sont pas aussi bonnes que ça. »
Israël était censé accueillir le sommet du groupe de Visegrad cette semaine – un sommet annulé après les polémiques sur la Shoah entre dirigeants israéliens et polonais. Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš a déjà indiqué qu’il entendait organiser un sommet du V4 avec Israël à l’automne prochain, quand Prague assurera la présidence tournante de ce groupe des pays d’Europe centrale. Quelles sont les chances d’y parvenir selon vous ?
« Je pense qu’il y a de grandes chances d’y parvenir. Comme dit précédemment, les relations tchéco-israéliennes sont excellentes et les Israéliens auront à cœur de ne pas décevoir leurs partenaires tchèques. »
« En ce qui concerne les relations israélo-polonaises c’est plus compliqué, parce que l’histoire joue un rôle et les deux pays voient le passé très différemment. Cependant, ces problèmes ont déjà créé des remous diplomatiques, notamment lors de l’adoption par la Pologne de la fameuse ‘loi sur l’Holocauste’. Mais les deux pays ont réussi à surmonter ces problèmes et je pense qu’ils auront de part et d’autre intérêt à s’entendre à l’avenir. Je pense que le différent actuel ne va pas durer et que les choses se seront calmées d’ici à l’organisation d’un prochain sommet à Prague entre les pays du groupe de Visegrad et Israël. »