Le nombre de jeunes Ukrainiens scolarisés en Tchéquie en baisse
Les enfants réfugiés en provenance d’Ukraine sont moins nombreux à fréquenter les établissements scolaires en Tchéquie qu’en 2022. L’enquête réalisée par la société PAQ Research auprès de 800 familles ukrainiennes a également révélé que de moins en moins de jeunes Ukrainiens suivent des cours de tchèque.
Selon le ministère de l’Éducation, cette situation serait principalement due à la diminution du nombre de nouveaux demandeurs d’asile et au retour de nombreuses familles ukrainiennes dans leur pays. L’enquête réalisée en novembre dernier a par contre révélé une assiduité scolaire assez importante chez les enfants dont les parents ont choisi de rester en Tchéquie : 84 % d’entre eux fréquentent les écoles maternelles et 97 % l’école primaire.
Au total 48 000 enfants et adolescents ukrainiens étaient scolarisés en Tchéquie en septembre 2023, soit une baisse de 2 000 élèves par rapport à l’année précédente. Selon les données du ministère de l’Éducation, 5 700 enfants fréquentent les écoles maternelles, où ils représentent 1,6 % des élèves, tandis que les écoles primaires et les collèges comptent un peu plus de 37 000 élèves ukrainiens, soit 3,7 %.
Ce n’est que dans les lycées que le nombre d’Ukrainiens a augmenté d’une année sur l’autre. Porte-parole du ministère de l’Éducation, Tereza Fojtová a précisé :
« Les écoles secondaires comptent 1 412 réfugiés ukrainiens de plus qu’il y a un an. Cette hausse concerne notamment les lycées professionnels sans baccalauréat. Au total, les établissements d’enseignement secondaire du pays accueillent 5 000 jeunes Ukrainiens qui représentent 1 % d’élèves seulement. »
Une autre enquête réalisée par PAQ Research en juin dernier a démontré que par rapport aux enfants plus jeunes, les adolescents originaires d’Ukraine, qui seraient environ 20 000 à vivre en Tchéquie, étaient moins bien intégrés à la société tchèque, en raison de la barrière linguistique et culturelle, et ceci pour plusieurs raisons. Certains d’entre eux espèrent pouvoir retourner bientôt en Ukraine et y poursuivre leur scolarité, par conséquent, ne font pas d’effort pour apprendre le tchèque et se trouver des amis dans le pays d’accueil. Darya, 17 ans, fait partie de ceux qui doivent gagner leur vie au lieu de faire leurs études :
« Je suis devenue tout à fait autonome. Je dois gagner de l’argent à la place de ma mère qui est malade et ne parle ni tchèque, ni anglais. J’ai eu des problèmes pour me faire embaucher à mon âge, mais finalement, j’ai trouvé du travail dans un restaurant où je travaille comme serveuse. Je n’ai pas le temps de suivre les cours en ligne dispensés par mon école en Ukraine, mais j’essaie quand même de me préparer pour le bac. »
Jaroslav, lui, fait partie de nombreux jeunes Ukrainiens qui ont échoué aux tests en tchèque lors de la procédure d’admission au lycée :
« Dans chaque école, le test était différent. J’en ai passé six et au bout, j’étais vraiment démotivé », a-t-il confié à la Radio tchèque. Passionné d’informatique, ce jeune réfugié âgé de 16 ans a finalement été admis dans un lycée économique pragois.
La langue tchèque constitue, en effet, une pierre d’achoppement pour de nombreux réfugiés ukrainiens : les spécialistes estiment que son enseignement n’est pas suffisant. Actuellement, seuls 40 % des enfants ukrainiens âgés de 6 à 17 ans apprennent le tchèque comme deuxième langue à l’école, contre 61 % en juin dernier. Seuls les élèves du primaire arrivés en Tchéquie il y a moins d’un an peuvent bénéficier de cours de tchèque subventionnés par l’État. En ce qui concerne les lycéens, ce délai a été prolongé à 24 mois.
Tandis que l’État tchèque mise avant tout sur le soutien financier des enseignants ukrainiens censés aider les enfants réfugiés pendant les cours, plusieurs ONG ont lancé leur propre projet à Prague : elles collaborent avec une quinzaine de jeunes Ukrainiens qui, en tant que « assistants interculturels » essaient d’améliorer l’intégration de leurs compatriotes par le biais d’activités de loisirs.