La Tchéquie célèbre le 25e anniversaire de son adhésion à l’OTAN
Le 12 mars 1999, la République tchèque adhérait à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Vingt-cinq ans plus tard, la proximité de la guerre en Ukraine rappelle toute l’importance de cette appartenance au camp occidental, alors que le Premier ministre Petr Fiala a annoncé que 200 000 autres obus d’artillerie devraient pouvoir être livrés à l’Ukraine.
« Nous apprécions le fait de pouvoir désormais partie partie intégrante du système de défense collective de l’OTAN. » Lorsque, le 12 mars 1999, Jan Kavan, le ministre tchèque des Affaires étrangères de l’époque, s’exprime à Independance, symboliquement aux côtés de Madeleine Albright, la sécrétaire d’État américaine née à Prague juste avant la Deuxième Guerre mondiale, la République tchèque, la Pologne et la Hongrie deviennent les premiers pays anciens membres du Pacte de Varsovie (si l’on ne tient pas compte de l’Allemagne réunifiée) à rejoindre les rangs de l’alliance politico-militaire mise en place en 1955, en pleine guerre froide, d’abord pour contrer la puissance soviétique et sauvegarder la paix et la sécurité dans la région de l’Atlantique nord.
Pour la République tchèque, alors présidée par Václav Havel, la Pologne et la Hongrie, alors toujours en pleine transformation économique et politique, cette adhésion confirmait que le vent de l’histoire avait définitivement tourné. Le bloc de l’Est n’était désormais plus et la promesse faite quatre ans plus tôt par Bill Clinton à Boris Elstine de temporiser l’élargissement de l’Alliance ne changeait rien à l’affaire : en intégrant en son sein ces trois pays d’Europe centrale possédant des frontières avec l’Ukraine et la Biélorussie, deux anciennes Républiques soviétiques, l’OTAN, au plus fort de la guerre du Kosovo, étendait les limites de sa sphère de compétence un peu plus en direction de la Russie.
Ce mardi, lors de la conférence intitulée « Notre sécurité ne peut être tenue pour acquise » qui s’est tenue au Château de Prague, le Premier ministre Petr Fiala a rappelé que cette adhésion représentait aussi l’aboutissement de l’une des priorités de la politique étrangère et de sécurité de la République tchèque dans les années 1990 :
« Je considère le 12 mars 1999 comme un des jours les plus importants dans l’histoire moderne de notre pays. C’est un jour qui a marqué un tournant historique pour notre sécurité. L’appartenance à l’Alliance nous offre les garanties de sécurité les plus solides qui soient, mais aussi une occasion privilégiée de coordonner nos activités avec celles de nos alliés et de multiplier l’impact de nos propres activités et initiatives. »
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le chef du gouvernement tchèque a aussi souligné que le gouvernement tchèque actuel veillait à faire en sorte que cette appartenance à l’OTAN ne serve pas de prétexte ou d’excuse à la passivité et à l’insousciance, mais qu’elle soit considérée comme un partenariat responsable. Parmi les réalisations importantes en la matière ces deux derrnières années, Petr Fiala a ainsi rappelé l’adoption de l’engagement de consacrer 2 % du produit intérieur brut au budget de la défense, qui s’est déjà traduit par l’achat récent de vingt-quatre avions de combat F-35 américains, la signature de l’accord de coopération avec les États-Unis, la réorientation du secteur énergétique tchèque vers l’indépendance vis-à-vis des sources russes ou encore le soutien tout à la fois militaire, économique et humanitaire apporté à l’Ukraine.
Sur ce dernier point, après avoir annoncé, vendredi dernier, qu’un financement avait été trouvé pour l’achat de 300 000 premiers obus d’artillerie, ce mardi, Petr Fiala a ajouté que ce qui est désormais couramment appelé « l’initiative tchèque » devrait également aboutir prochainement à la fourniture à l’Ukraine de 200 000 munitions supplémentaires. Et à ses yeux, il s’agit là d’un excellent exemple de la confirmation de l’engagement tchèque tant en sa qualité de membre de l’Union européenne que de l’OTAN :
« Je considère qu'il s’agit là d’un grand succès. C'’est une nouvelle preuve que la République tchèque est un acteur à part entière de la politique européenne de sécurité, qu’elle sait tirer profit de ses atouts dans un intérêt commun et qu’elle ait conscience de ses responsabilités. »
Un peu plus tard dans la matinée, cette journée 25e anniversaire a aussi été marquée par le survol de Prague par plusieurs avions ou encore la remise au Château de Prague de l’Ordre Tomáš Garrigue Masaryk, une des plus hautes distinctions de l’État tchèque, à l’ancien président américian Bill Clinton, et ce, des mains de Petr Pavel, ancien président du comité militaire de l’OTAN (2015-2018). Tout un symbole...