ODS et SPD : le gouvernement et l’opposition se mobilisent avant les législatives de 2025
Les congrès de deux partis parlementaires, à savoir l’ODS, la principale formation de la coalition gouvernementale, et le SPD, deuxième force d’opposition à la Chambre des députés, se sont tenus durant le week-end écoulé. Les présidents de ces deux formations aux programmes diamétralement opposés, Petr Fiala et Tomio Okamura, ont confirmé leur leadership et ont affiché leurs ambitions pour les prochaines élections législatives en 2025.
« J’ai demandé un mandat fort et je l’ai obtenu. Cela montre que l’ODS est conscient du rôle qu’il joue en Tchéquie », a déclaré Petr Fiala, 59 ans, qui s’est vu confier la direction du Parti civique démocrate, le principal parti conservateur en Tchéquie, pour la sixième fois de sa carrière, avec le soutien de 80 % des 500 délégués présents à Ostrava samedi et dimanche.
Depuis 2021, Petr Fiala occupe le poste de Premier ministre d’une coalition gouvernementale formée par l’ODS et quatre autres partis de centre-droit (TOP 09, KDU-ČSL, le Parti pirate et STAN). Son objectif est clair : mener à bien le programme du cabinet, y compris la réforme des retraites, et remporter les législatives de 2025.
En attendant cette échéance, l’importance des autres élections qui se tiendront cette année, européennes d’abord, puis sénatoriales partielles et régionales, a été soulignée lors du congrès. Députée francophile originaire de Jihlava et unique femme figurant dans la direction de l’ODS, Eva Decroix, nouvelle vice-présidente du parti, a mis l’accent sur la nécessité d’une nouvelle stratégie de communication :
« Nous nous devons d’être vus, entendus et compris par nos électeurs », a-t-elle déclaré, tandis que le président du Sénat, Miloš Vystrčil, a été le seul à inciter les démocrates civiques à se tourner vers le jeune électorat, en abordant les sujets qui l’interpellent, dont notamment la ratification de la Convention d’Istanbul, l’égalité des genres ou encore le mariage pour tous.
« Ne nous concentrons pas uniquement sur le noyau dur de nos électeurs et faisons en sorte d’expliquer aux gens que nous sommes ceux qui pensent à l’avenir, contrairement aux populistes », a suggéré Miloš Vystrčil.
Pour le Premier ministre également, le défi majeur des prochaines législatives « ne consistera pas en un simple affrontement entre la droite et la gauche », mais plutôt en une « lutte pour le caractère futur de notre État ».
Le chef du gouvernement a beau se féliciter de la baisse de l’inflation et des prix de l’énergie, ou encore de promettre une croissance des salaires réels, selon un récent sondage de l’agence CVVM, 79 % des Tchèques ne lui font pas confiance et la cote de popularité de son parti continue, elle aussi, de baisser.
Avec 16 % des intentions de vote, l’ODS reste loin derrière le mouvement populiste ANO, en tête de l’opposition, qui réaliserait un score de 34,5 % aux prochaines élections législatives selon le dernier sondage réalisé par l’agence Kantar.
Si Petr Fiala a prôné « le maintien des valeurs démocratiques pro-occidentales dans le cadre de la lutte contre les populistes et Moscou », Tomio Okamura, reconduit, lui, à la tête du parti d’extrême droite SPD (Liberté et démocratie directe) qu’il a cofondé en 2015, s’est prononcé contre la migration, contre l’adoption de l’euro et pour la fin de la guerre en Ukraine.
Au micro de la Radio tchèque, le sociologue Tomáš Kostelecký de l’Académie des sciences a comparé l’électorat du SPD qui bénéficie actuellement de quelque 8 % d’intentions de vote, à celui de l’ODS :
« Il existe certaines similitudes entre les électeurs de l’ODS et du SPD. Les deux partis sont plébiscités surtout par des hommes d’une quarantaine ou d’une cinquantaine d’années. Mais ils évaluent la situation politique de manière très différente. Les électeurs de l’ODS, qui se recrutent essentiellement parmi les entrepreneurs et les personnes qui exercent des professions hautement spécialisées, sont plutôt contents de la situation, tandis que les électeurs du SPD sont très mécontents et critiques. (…) Le désavantage pour l’ODS est que les électeurs pro-européens peuvent se tourner également vers d’autres partis politiques qui défendent les valeurs pro-occidentales. (…) En ce qui concerne l’extrême droite, tout porte à croire que la situation économique continuera à s’améliorer et, dans ce contexte, il semble peu probable que le nombre d’électeurs du SPD augmente de manière significative. »
Félicité pour sa réélection par le chef du mouvement ANO, l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, le leader du SPD Tomio Okamura bénéficie également du soutien des anciens présidents de la République Václav Klaus et Miloš Zeman, ce dernier ayant même déclaré qu’il souhaitait la victoire d’une « coalition ANO et SPD » aux prochaines législatives. Toutefois, Alena Schillerová, qui est une des principales figures d’ANO, a rejeté la possibilité d’une alliance avec « un parti qui réclame un référendum sur la sortie de la Tchéquie de l’Union européenne ».