Municipales : le gouvernement et l’opposition revendiquent la victoire, l’extrême-droite progresse

Markéta Pekarová Adamová (TOP 09), Petr Fiala (ODS), Marián Jurečka (KDU-ČSL)

Les électeurs tchèques étaient appelés aux urnes vendredi et samedi pour les élections municipales et sénatoriales partielles. Que faut-il retenir des résultats des deux scrutins ?

Bilan mitigé pour les cinq partis de la coalition gouvernementale SPOLU, menée par Petr Fiala du Parti civique démocrate (ODS), la principale formation de droite dans le pays : les partis au pouvoir arrivent en tête des élections municipales dans les deux plus grandes villes tchèques : à Prague et à Brno. Ils ont conquis également trois autres villes régionales, à savoir České Budějovice, Plzeň et Liberec.

En revanche, le mouvement ANO de l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, en tête de l’opposition, a triomphé dans la majorité des grandes villes : il s’est imposé plus précisément dans 8 sur 13 villes principales des 13 régions que compte la Tchéquie (Prague formant la 14e région administrative). Dans certaines villes, le parti ANO a remporté une victoire écrasante, devançant par exemple la coalition gouvernementale de près de 20 points à Ostrava, en Moravie-Silésie.

Le mouvement ANO d’Andrej Babiš | Photo: Michaela Říhová,  ČTK

Selon le sociologue et spécialiste des sondages Jan Herzmann, le mouvement ANO a confirmé sa position du plus fort parti politique tchèque actuel. « Si les partis gouvernementaux n’étaient pas réunis au sein de la coalition SPOLU, s’ils se présentaient individuellement, ils auraient terminé en 2e ou 3e position, loin derrière ANO », constate le sociologue dans les pages du quotidien Lidové noviny. Il souligne en même temps que le succès du mouvement ANO aux municipales n’en dit « strictement rien » sur le déroulement de la prochaine élection présidentielle, pour laquelle Andrej Babiš est pressenti comme candidat.

Politologue à l’Université Palacký d’Olomouc, Jakub Lysek estime, pour sa part, que les municipales n’ont pas de gagnant : « Apparemment, ces élections n’ont pas été une sorte de référendum sur l’avenir du gouvernement, comme l’avait suggéré l’opposition. (…) On ne peut pas dire que les gens se sont mobilisés pour voter en masse afin de protester contre la hausse des prix de l’énergie et l’inflation. (…) Les partis au pouvoir continuent de bénéficier du soutien de leurs électeurs, car leur score correspond à peu près à celui qu’ils avaient obtenu lors des élections législatives (d’octobre 2021, ndlr) », a déclaré le politologue dans un entretien pour l’hebdomadaire Respekt.

Tomio Okamura  (à gauche) | Photo: Michal Krumphanzl,  ČTK

Les médias nationaux constatent pourtant à l’unisson que si les municipales et le premier tour des sénatoriales partielles ont un vainqueur incontestable, c’est le parti d’extrême-droite SPD et son leader Tomio Okamura.

« Les populistes et les extrémistes (…) ont su tirer profit des craintes de la population. Ils représentent une menace que les partis démocratiques ne devraient pas sous-estimer », écrit le journal indépendant Deník N. Il rappelle que pour la première fois, une candidate SPD est passé au second tour des élections sénatoriales, organisées tous les deux ans pour renouveler un tiers de la Chambre haute du Parlement.

Le parti SPD (Liberté et démocratie directe) participait pour la deuxième fois aux élections municipales. Comparé au précédent scrutin de 2018, la formation d’extrême-droite a vu tripler le nombre de ses conseillers municipaux : elle vient d’obtenir 492 mandats comparé à 161 il y a quatre ans. Pour la première fois également, le SPD aura son représentant à la mairie de Prague.

Bohuslav Svoboda | Photo: Vít Šimánek,  ČTK

Le leader de la coalition SPOLU, Bohuslav Svoboda (ODS) sera vraisemblablement le futur maire de la capitale, poste qu’il avait déjà occupé entre 2010 et 2013 et auquel il devrait succéder à Zdeněk Hřib du Parti pirate.

Comme lors des précédentes élections municipales, c’est le parti chrétien-démocrate qui a obtenu le plus de mandats de tous les partis représentés au Parlement. Au niveau national, les candidats sans parti ont de nouveau dominé les élections, notamment dans les petites communes du pays, obtenant un nombre record de plus de 47 700 mandats. La participation a été de 46,07%, soit à peu près la même qu’il y a quatre ans.

Enfin, trois nouveaux sénateurs ont été élu dès le premier tour des élections sénatoriales partielles. Le second tout aura lieu les 30 septembre et 1er  octobre. Dans la plupart des 24 circonscriptions, les électeurs seront amenés à choisir entre les candidats de la coalition SPOLU et du mouvement ANO.