Inondations : du mieux qu’elle le peut, la Tchéquie se prépare à faire face au pire
La Tchéquie va-t-elle revivre, ces samedi et dimanche, des inondations semblables à celles qui avaient ravagé la Moravie notamment en 1997, puis la Bohême et Prague en 2002 ? Si les autorités s’efforcent de se préparer au mieux pour faire face au pire, les prévisions météorologiques sont fort pessimistes et des intempéries exceptionnelles sont attendues.
Pompiers sur le pied de guerre, plans d’urgence activés dans les régions et les communes, sacs de sable remplis et prêts à être empilés sur les rives le long des rivières et autres cours d’eau, régulation des débits des barrages et baisse des niveaux de leurs réservoirs, recommandations du gouvernement à la population, évacuation préventive de certains bâtiments de logement collectif, annulation de la majorité des manifestations culturelles qui tenaient se tenir en plein air ce week-end et même de toute la journée du championnat de Tchéquie de football...
Alors qu’il pleut continuellement sur tout le pays depuis vendredi matin, et que le vent devrait souffler fort, lui aussi, ces samedi et dimanche, les autorités tchèques, comme en Allemagne et en Pologne voisines notamment, se préparent au pire.
Mais, fortes désormais de leur expérience dans le domaine de la lutte contre les crues, elles se préparent aussi du mieux qu’elles le peuvent avec la ferme intention de ne pas subir les mêmes catastrophes qu’en 1997, avec alors 50 victimes et des dizaines de milliards de couronnes de dégâts, et en 2022, quand Prague notamment s’était retrouvée sous les eaux de la rivière Vltava.
« Nous espérons que la situation va s’améliorer, mais de nombreux experts nous disent d’être très attentifs et qu’il y a un rique de revivre ce que nous avons déjà connu dans un passé relativement récent. Ils nous demandent de nous tenir prêts pour faire face à de possibles graves inondations, et c’est donc ce que nous faisons », a ainsi déclaré, sur un ton déterminé, le Premier ministre, Petr Fiala.
Invité de la Télévision tchèque mercredi soir, peu après la conférence de presse à laquelle il a participé avec les ministres de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Intérieur ou encore le chef des pompiers, le directeur de l’Institut hydrométéorologique tchèque (ČHMÚ), Mark Rieder, s’était toutefois voulu un peu plus rassurant. Il avait alors précisé pourquoi et dans quelle mesure la situation actuelle pouvait être considérée comme semblable à celles qui ont précédé les catastrophes d’il y vingt-sept et vingt-deux ans :
« La comparaison avec les inondations historiquement les plus graves de ces trente dernières années est possible d’un point de vue synoptique, et non pas de celui des conséquences possibles ou de l’ampleur éventuelle des inondations. Le point commun est d’abord la répartition des champs de pression atmosphérique. En 1997 comme en 2002, il y avait au-dessus de l’Europe centrale des conditions dépressionnaires telles qu’elles ont entraîné deux vagues de précipitations, dont la deuxième avait été extrême. Nous nous attendons à une situation similiaire dans les prochains jours, mais cela ne signifie pas qu’il pleuvra autant et que les débits seront les mêmes que lors des inondations précédentes. L’autre comparaison possible est aussi du point de vue de la dimension et de l’étendue du phénomène puisqu’environ deux tiers du territoire de la Tchéquie pourraient être touchés par des précipitations extrêmes. »
Initialement, selon les premiers avertissements émis en milieu de la semaine, c’est essentiellement la moitié est du territoire tchèque, et donc d’abord la Moravie, qui devait être concernée par ces fortes précipitations. Vendredi matin, toutefois, le ČHMÚ a étendu l’alerte à une grande partie aussi de la Bohême, à l’exception de sa région la plus à l’ouest qui devrait être épargnée. Certaines zones du pays, comme par exemple les monts Jeseníky, dans le nord de la Moravie, pourraient enregistrer jusqu’à 400 litres de pluie par mètre carré d’ici à lundi matin...
Un volume exceptionnel qui, selon les experts, pourrait toutefois être relativement bien absordé par les sols après une longue période particulièrement chaude et sèche. Surtout, après les graves expériences précédentes et les importants investissements effectués depuis, jamais encore la Tchéquie n’avait semblé aussi bien préparée à faire face à la montée des eaux.