« Les premières inondations de l’histoire auxquelles la Tchéquie était vraiment bien préparée »
Même si la situation reste critique dans plusieurs villes et communes inondées, la Tchéquie a le plus dur derrière elle et une lente décrue est désormais en cours avec le retour d’un temps plus ensoleillé pour les prochains jours. Et si l’heure est d’abord à la solidarité avec les populations touchées et à l’évaluation des dégâts matériels, le besoin d'un premier bilan de la gestion de la crise s'impose également. Et comme le soulignent plusieurs médias tchèques, force est de constater que, sur ce point, les autorités s'en sont plutôt bien sorties.
Depuis bientôt une semaine, et les premiers avertissements lancés par l’Institut hydrométéorologique tchèque (ČMHÚ), l’actualité en Tchéquie est dominée par les inondations. Mercredi et jeudi derniers, c’est d’abord la crainte de voir se répéter des catastrophes d’une ampleur comparable à celle de 1997 et 2002 qui a tarabusté tous les esprits. Puis, après que la pluie a commencé à tomber sans discontinuer vendredi, conformément à ce qui avait été annoncé, s’en sont suivies les crues de samedi et dimanche, et enfin, depuis lundi matin, une première estimation des dommages, parfois très graves, causés par la sortie des rivières et autres cours d’eau de leurs lits.
Dans l’ensemble, néanmoins, comme cela a vite été souligné dans différents commentaires et analyses, un des principaux enseignements qui ressort de cette semaine de profondes inquiétudes, est non seulement que la Tchéquie s'était effectivement bien préparée à vivre des heures particulièrement délicates, mais que, forte de ses douloureuses expériences passées, elle a aussi su y faire face avec efficacité, sang-froid, et, comme par exemple dans le cas des pompiers, avec un évident savoir-faire.
S’il ne s’agit bien évidemment pas ici d’oublier la détresse des victimes des intempéries et le côut de toutes les réparations qui seront désormais nécessaires dans des villes comme Ostrava, Opava, Jeseník et bien d’autres encore, le constat, aussi, est que, compte tenu des volumes parfois record de prépicipations enregistrés dans certaines localités, c’est bien le pire qui a été évité.
Preuve ultime, peut-être, que la situation a été plutôt bien gérée, est que cela fait déjà quelques jours qu’Andrej Babiš ne s’est plus fait entendre. Pas même à l'approche de la tenue des élections régionales (ces vendredi et samedi) dont sa formation, le parti populiste ANO, est le grand favori, le leader de l’opposition ne s’est exprimé une seule fois pour critiquer les mesures adoptées dans l’urgence par le gouvernement ou le ministre de l’Intérieur.
« Confiance dans les moments extrêmes »
C’est ainsi que Respekt, dans son numéro publié dimanche, parle de « confiance dans les moments extrêmes ». Et s’il regrette que cela ne soit pas aussi toujours le cas lorsqu’il s’agit de « problèmes qui nous paraissent moins tangibles [que les inondations] », celles-ci néanmoins, selon l’hebdomadaire d’orientation libérale, ont eu le mérite de « montrer qu’en situation de crise, nous sommes prêts à accepter les informations fournies par les professionnels ».
Le rédacteur en chef de l’un des titres phares du paysage médiatique tchèque se félicite de la promptitude et du sérieux avec lesquels toutes les parties concernées, des autorités aux pompiers en passant par les médias, ont réagi aux prévisions météorologiques particulièrement pessimistes. Selon lui, ce qu’il convient de retenir, est d’abord la volonté de ne rien sous-estimer :
« La réaction a été claire et rapide : les experts avaient prévenu qu’un temps extrême s’approchait de la Tchéquie et que des inondations étaient imminentes. Les équipes de gestion de crise des villes et des communes, des régions et de l’État se sont alors réunies. Aussitôt, des barrières anti-inondations ont commencé à être dressées, des sacs de sable remplis, les réservoirs des barrages vidés et la population avertie. »
Même son de cloche dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui remarque que « dans les conditions d’une catastrophe, l’État fonctionne bien mieux que ce que l’on pourrait en attendre ». Et si lui non plus n’oublie pas les victimes, il explique cependant que « si l’on examine la situation avec un peu de recul, bien que la situation météorologique ait été très similaire à celle de 1997 et 2002, quand l’eau avait emporté avec elle des milliards de biens et plusieurs dizaines de vies, il semble que les conséquences des inondations de cette année ne seront pas aussi catastrophiques ». Et s’il en est finalement ainsi, selon l’auteur c’est d’abord parce que « nous vivons les premières inondations de l’histoire auxquelles la Tchéquie était vraiment bien préparée ».
Ce constat était d’ailleurs déjà celui que dressait le site Echo24.cz, dès vendredi dernier, dans un commentaire intitulé « Appréhender les grandes pluies comme la Troisième Guerre mondiale », en notant que « jamais auparavant notre État, ses dirigeants, ses institutions et ses médias ne [s’étaient] préparés à des conditions météorologiques extrêmes avec une assurance aussi sinistre, voire apocalyptique, que cette fois ».
Du coup, quatre jours plus tard, sur le même site mais d’un autre auteur, on pouvait aussi lire ceci, presque en forme de conclusion : « Normalement, je suis partisan d’une approche sceptique maximale à l’égard du gouvernement et des hommes politiques en général. Néanmoins, toute règle ayant ses exceptions qui nous incitent à réfléchir, [...] il faut reconnaître que s’il y a bien une chose que le gouvernement a bien faite ces dernières années, ce sont précisément les préparations aux inondations. »