Crise gouvernementale : le sort des Pirates en suspens

Petr Fiala et Ivan Bartoš

Pour la première fois depuis sa nomination, en décembre 2021, et un an avant la tenue des prochaines élections législatives, le gouvernement actuel traverse une crise sérieuse. À son origine : le départ du vice-Premier ministre pirate et ministre du Développement régional, Ivan Bartoš, souhaité par le chef du cabinet Petr Fiala.

Petr Fiala | Photo: Bureau du Gouvernement tchèque

« Podraz » – trahison – c’est ainsi qu’Ivan Bartoš a qualifié la démarche du Premier ministre Petr Fiala qui, à la surprise générale, a annoncé, mardi après-midi, son intention de le révoquer de ses fonctions ministérielles. « Dans la matinée, nous avons encore discuté ensemble des projets du gouvernement pour la dernière année de la législature. Quelques heures après, le Premier ministre m’a juste téléphoné, pour m’annoncer qu’il allait demander ma révocation », a précisé Ivan Bartoš.

Le Premier ministre Petr Fiala reproche au ministre du Développement régional son incapacité à mener à bien le vaste projet appelé en tchèque « digitalizace stavebního řízení », soit la numérisation des procédures administratives liées aux permis de construire. Lancé en juillet dernier, ce nouveau système numérisé rencontre des problèmes sérieux qui pourraient, selon les spécialistes, mettre en péril d’autres projets important, tels que la construction de lignes de chemin de fer à grande vitesse. « À plusieurs reprises, j’ai prolongé le délai pour résoudre ces problèmes, mais en vain, nous n’arrivons toujours pas au bout », a expliqué le chef du gouvernement.

Ivan Bartoš et Jan Lipavský | Photo: Zuzana Jarolímková,  iROZHLAS.cz

De son côté, le bureau du vice-Premier ministre chargé de la numérisation a pris la défense de son chef : dans un communiqué publié ce mercredi, l’institution indique que la numérisation de l’administration publique en Tchéquie « s’est développée à un rythme record au cours des trois dernières années » et que de nombreux projets majeurs, gérés par Ivan Bartoš, ont été mis en œuvre, en ce qui concerne par exemple le lancement de documents électroniques.

Jakub Michálek | Photo: Le Parti Pirate/Flickr

Si la proposition du Premier ministre de révoquer Ivan Bartoš a été généralement qualifiée de « démarche logique » sur la scène politique, elle a suscité un tollé au sein du Parti pirate, la plus petite des cinq formations de la coalition de centre-droit.

« Nous n’avons pas la moindre intention de répondre aux messages que nous passe le Premier ministre à travers les médias », a indiqué le député pirate Jakub Michálek, lorsque Petr Fiala a incité son parti à choisir un candidat susceptible de remplacer Ivan Bartoš au poste de ministre du Développement régional.

Alors que tous les membres du Parti pirate s’expriment jusqu’à lundi soir, via un forum national organisé sur Internet, sur la manière de quitter le gouvernement, la formation a d’ores et déjà appelé ses deux autres ministres à démissionner de leurs fonctions.

Jan Lipavský | Photo: Zuzana Jarolímková,  iROZHLAS.cz

La décision du chef de la diplomatie Jan Lipavský est notamment attendue, étant donné qu’il s’agit actuellement de l’une des figures les plus en vue sur la scène politique tchèque.

Ce mercredi, Ivan Bartoš doit rencontrer le chef du mouvement STAN Vít Rakušan, soit le partenaire le plus proche des Pirates au sein du gouvernement.  Les deux partis avaient formé une coalition avant les dernières législatives. Sur les réseaux sociaux, Vít Rakušan a indiqué vouloir convaincre les Pirates de ne pas quitter le gouvernement pour essayer de regagner la confiance des électeurs.