Un nouveau gouvernement tchèque pour la Saint-Nicolas - ou pas
On en sait un peu plus sur le calendrier de la transition politique en cours à Prague depuis mercredi et la rencontre entre le chef de l’Etat Miloš Zeman et le Premier ministre désigné Petr Fiala.
Où en est-on de la formation du nouveau gouvernement ?
Après lui avoir rendu visite mercredi à l’hôpital, Petr Fiala a indiqué qu’il serait nommé Premier ministre vendredi prochain, le 26 novembre. Cette nomination officielle doit se faire au Château de Lany, résidence officielle du Président, ce qui signifie qu’il sera sorti de l’hôpital – une sortie qui devrait se faire « dans les prochains jours », selon M. Zeman lui-même.
Ensuite, et c’est là que le processus pourrait s’enrayer quelque peu, le chef de l’Etat, veut rencontrer tous les candidats choisis pour diriger un des ministères dans le potentiel gouvernement de P. Fiala.
M. Zeman a déjà indiqué sur TV Nova qu’il envisageait « de mettre son veto » à l’une de ces candidatures. La constitution tchèque prévoit pourtant que « le président nomme les ministres sur proposition du Premier ministre », mais dans la pratique, le chef de l’Etat a déjà refusé de nommer plusieurs fois des ministres au cours de ses deux mandats.
La diplomatie dans le viseur
Les médias tchèques ont été prompts à dévoiler ce qui couvait déjà depuis quelques jours : selon toute vraisemblance, le profil du candidat au poste de ministre des Affaires étrangères n’est pas du goût du chef de l’Etat. Il s’agit d’un membre du Parti pirate, Jan Lipavský, passé par le cabinet McKinsey, qui selon la presse locale serait dans le viseur à cause de son attitude vis-à-vis de la Russie et de la Chine.
Sur TV Nova, le chef de l’Etat a suggéré que le poste problématique soit occupé par Petr Fiala lui-même ou par un autre membre du futur gouvernement. Ce sera donc le premier test pour le nouveau Premier ministre dans un rapport de forces jusqu’ici cordial avec M. Zeman.
Qui sont les autres candidats sur cette liste de futurs ministres présentée mercredi ?
Certains ont déjà été ministres, comme Zbyněk Stanjura (ODS) aux Finances (dans le passé ministre des Transports) ou Pavel Blažek (ODS) à la Justice et n’ont pas toujours laissé de bons souvenirs, notamment ce dernier dont le profil reste controversé à Prague.
La Défense reviendrait également au Parti ODS et à la maire de Prague 2, Jana Černochová, tandis que le ministère de l’Intérieur devrait être occupé par le chef du Parti STAN, Vít Rakušan.
Le nouveau ministre de la Santé, qui devra gérer une situation très compliquée en cette fin d’automne, serait le radiologue Vlastimil Válek (TOP09).
Quant au ministre chargé des Affaires européennes - et surtout de la prochaine présidence tchèque du Conseil de l'UE -, il s'agit de Mikuláš Bek (STAN), qui a déjà eu maille à partir dans le passé avec le chef de l'Etat.
Enfin, rappelons que ce serait une première mondiale si le Parti pirate finissait effectivement par avoir des ministres au sein de ce gouvernement. Outre Jan Lipavský figurent sur la liste le chef du parti Ivan Bartoš au ministère du Développement régional et de la numérisation et Michal Šalomoun pour les relations avec le Parlement.
Si un ministère serait une première pour un Parti pirate, il faut cependant rappeler que le Pirate tunisien Slim Amamou a été Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports dans le premier gouvernement après la chute de Ben Ali en 2011.
Quand le nouveau gouvernement tchèque pourrait-il entrer en fonction ?
Difficile de savoir quand exactement l’ensemble du prochain gouvernement sera nommé par le Président de la République. Si Petr Fiala parvient à s’entendre rapidement avec le président Zeman, cela pourrait se faire d’ici à la Saint-Nicolas (le 6 décembre en Tchéquie), mais la politique tchèque n’est pas un domaine dans lequel les prévisions sont fiables. Le diable se cache régulièrement dans les détails et la tradition locale veut que le diable ne lâche pas Saint-Nicolas d’un sabot…