Foot - Ligue des champions : Qazim Laçi, l’ancien d’Ajaccio, s’éclate avec le Sparta

Qazim Laçi

Deux semaines après une entrée en matière très réussie devant son public, avec une nette victoire contre les Autrichiens du FC Salzbourg (3-0), le Sparta Prague se déplacera à Stuttgart, ce mardi soir (18h45), pour son deuxième match en Ligue des champions. Pour espérer ramener un nouveau résultat positif de ce périlleux voyage en Allemagne, le double champion de Tchéquie en titre comptera de nouveau sur les services de son milieu de terrain Qazim Laçi.

Arrivé en provenance de la Ligue 1 en janvier 2023, après cinq saisons et demie passées à Ajaccio, l’international albanais est depuis devenu une des pièces maîtresses d’un Sparta qui dispute la phase principale de la plus prestigieuse des compétitions européennes pour la première fois depuis dix-neuf ans.

En milieu de semaine dernière, au centre d’entraînement de Strahov, sur les hauteurs de Prague, Qazim Laçi, disponible et très souriant, s’est longuement confié, dans un français qu’il a conservé de son passage en Corse, sur son bonheur d’être dans la capitale tchèque.

« Le Sparta m’a ouvert la porte et donné la possibilité de rejoindre un club qui lutte pour les titres en championnat et a pour ambition de réaliser de beaux parcours en Europe. C’est ce que je cherchais et c’est exactement ce que le Sparta m’a apporté. Le club m’a fait une proposition très claire et, effectivement, un an et demi à deux ans après, il apparaît que tout ce dont nous avions discuté s’est réalisé. Et forcément, j’espère que cela va se poursuivre. »

Bien que cela ne soit pas une chose facile pour certains joueurs étrangers, en vous voyant sur et même en dehors du terrain, on a le sentiment que vous vous êtes très vite adapté à votre nouvelle vie à Prague, au Sparta et au championnat tchèque.

Qazim Laçi et Guillaume Narguet | Photo: Guillaume Narguet,  Radio Prague Int.

« Pour ce qui est de l’adaptation, je pense que c’est d’abord une question de caractère et nous sommes tous un peu différents sur ce point. Mais en arrivant au Sparta, j’ai aussi découvert un staff étranger où tout le monde parlait anglais, et cela m’a un peu facilité la tâche. C’est quand même plus simple quand l’entraîneur parle une langue que vous comprenez... J’ai aussi la chance d’avoir de très bons coéquipiers qui m’ont beaucoup aidé pour apprendre les bases du tchèque et m’ont fait découvrir leur culture. Mais, encore une fois, avant même de venir en Tchéquie, Tomáš Rosický (le directeur sportif du Sparta) avait été très clair avec moi et m’avait bien exposé les choses. Et je dois dire que ce discours venant d’un ancien joueur de l’envergure de Rosický m’a convaincu. »

Vu de France, on ne se rend pas forcément bien compte de ce que peut représenter un club comme le Sparta pas seulement à l’échelle tchèque, mais aussi de l’Europe centrale. Quand on découvre le centre d’entraînement moderne et très spacieux ici à Strahov, on comprend mieux quand même.

« Je ne vous cache qu’avant de signer ici, je suis d’abord venu voir les installations et m’imprégner de la culture du club. C’est d’ailleurs quelque chose que Tomáš Rosický souhaitait lui aussi. Il tenait à ce que je vienne à Prague avant de me décider. Mais j’ai vite compris qu’il ne manquait absolument rien ici. Il suffit de voir les conditions dans lesquelles travaillent les équipes de jeunes. Ce n’est pas un hasard si le Sparta fait régulièrement monter dans l’équipe professionnelle des joueurs de son académie, dont certains partent ensuite dans de très bons championnats européens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai été un peu surpris que le Sparta s’intéresse à un joueur de mon âge (près de 27 ans au moment de la signature de son contrat). Du coup, c’est cette expérience que je m’efforce aujourd’hui de transmettre à l’équipe et les résultats montrent que cela marche plutôt bien jusqu’à présent. »

Vous êtes au Sparta depuis bientôt deux ans, ce qui vous a notamment permis de découvrir la coupe d’Europe avec d’abord la Ligue Europa la saison dernière, puis la Ligue des champions, donc, cette saison. Sur quels points pensez-vous avoir le plus progressé depuis votre arrivée ?

« Physiquement et mentalement, d’abord, je dirais. Physiquement, vous devez être fort de manière à pouvoir prendre des décisions plus vite sur le terrain. En Ligue Europa, nous avons joué contre de belles équipes comme les Rangers, le Bétis Séville, Galatasaray ou Liverpool, et ce sont des adversaires contre lesquels nous avons appris plein de petits trucs. Comme vous le savez, dans le foot, ce sont souvent ces détails qui font la différence. Avec le staff, nous avons donc fait beaucoup de vidéo et beaucoup travaillé aussi sur le terrain pour emmagaziner cette expérience, car quand tu joues au haut niveau, la moindre erreur ou la moindre perte de ballon se paie cash. C’est donc un gros travail de placement et de réflexion et je pense que j’ai beaucoup progressé sur cet aspect-là. Cela m’a d’ailleurs servi avec l’équipe d’Albanie et les matchs que j’ai disputés à l’Euro en juin dernier me permettent aussi aujourd’hui d’aider encore davantage le Sparta. »

Le Sparta évolue dans un petit stade (18 350 places), certes vieillissant mais qui ne se situe pas très loin du centre-ville et fait régulièrement le plein. Le tout dans une ambiance souvent très chaude, et avec votre style de jeu qui réclame beaucoup d’engagement physique et d’énergie, c’est assez difficile pour vos adversaires de venir y jouer. Avez-vous le même sentiment depuis le terrain ?

Photo: Michal Čížek,  AFP/Profimedia

« C’est ce qui fait notre force. À l’exception de Liverpool en Ligue Europa au printemps dernier (1-5), cela fait un moment que nous n’avons plus perdu chez nous (l’entretien s’est passé deux jours avant la défaite concédée contre le Sigma Olomouc 2-3 en championnat, vendredi dernier...). Si nous avons un pourcentage de victoires aussi élevé à domicile, c’est aussi parce que le public est toujours derrière nous. Et inversement, l’envie que nous montrons sur le terrain rejaillit sur le public. C’est un public magnifique aussi en dehors du stade. C’est toujours un plaisir quand les supporters viennent vers moi pour échanger quelques mots, car que ce soit sur ou en dehors du terrain, je reste la même personne. »

En Ligue des champions, vos deux prochains adversaires seront Stuttgart et Manchester City. Comment appréhendez-vous ces deux rencontres et plus généralement la suite de la compétition après votre victoire lors de la 1ère journée face à Salzbourg ?

« Après avoir affronté Liverpool la saison dernière, on sait quel niveau nous attend contre City. Tandis qu’eux ont déjà gagné la compétition, nous, nous pouvons dire que nous avons déjà fait un beau parcours en sortant de la phase éliminatoire en montrant des choses claires. Maintenant, c’est encore autre chose qui nous attend contre des équipes comme Stuttgart et City. Nous savons qu’il faudra essayer d’être bien en place et vigilant pour leur laisser le moins d’espaces possible. Mais nous avons aussi des atouts à faire valoir, en contre-attaque notamment. N’oublions pas que nous parvenons à inscrire au moins un but pratiquement à chacun de nos matchs. C’est ce qu’il faudra faire si nous voulons ramener quelque chose de ces déplacements pour ensuite être en mesure de faire le nécessaire à domicile pour nous qualifier. »

L’intersaison au Sparta a été marquée par le départ pour Feyenoord de l’ancien entraîneur Brian Priske, qui a été remplacé par son assistant Lars Friis, Danois lui aussi. Les supporters et les médias tchèques avaient alors exprimé certaines craintes, mais comment vous, joueurs, avez-vous vécu ce changement à la tête de l’équipe ?

« C’est vrai que c’était un départ auquel personne ne s’attendait trop au club, même si tout le monde savait ce que Brian Priske avait réussi au Sparta ces deux dernières saisons et qu’il pouvait être sollicité. Le club a tranché, et ce que je peux dire en tant que joueur, c’est que c’est une bonne chose que l’essentiel du staff soit resté. Lars dirigeait déjà la plupart des entraînements la saison dernière. Du coup, il connaissait déjà parfaitement les joueurs et savait comment travailler et communiquer avec chacun d’entre nous. Les résultats montrent que cela a été un bon choix du club. »

Vos performances au Sparta vous ont également permis de vous installer en équipe d’Albanie, avec laquelle vous avez disputé les trois matchs de groupe à l’Euro et même inscrit un but. Très prochainement (le 11 octobre), vous allez affronter la Tchéquie et donc certains de vos coéquipiers en club en Ligue des nations, et ce sera un match d’autant plus spécial pour vous qu’il se jouera à Letná, dans le stade du Sparta...

« C’est vrai, mais je n’oublie pas que c’est d’abord grâce au Sparta que j’ai pu disputer l’Euro et réaliser un rêve car tout enfant footballeur rêve de disputer un jour un tel tournoi. Mais c’est vrai, ce sera un match particulier, peut-être aussi pour les supporters du Sparta. »

Stuttgart ce mardi soir, City à Manchester le 23 octobre, ce match avec l’Albanie contre la Tchéquie, et puis aussi le derby des « S » pragois sur la pelouse du Slavia ce dimanche en championnat. C’est un mois d’otobre passionnant qui vous attend. À 28 ans, traversez-vous la période la plus intense de votre carrière ?

« Oui, bien sûr, pour moi, la Ligue des champions avec le Sparta, c’est comme disputer l’Euro avec mon pays. Cela faisait dix-neuf ans que les supporters du Sparta attendaient de voir le club participer de nouveau à la phase principale de la Ligue des champions. Ce ne sont que des beaux matchs et, c’est vrai, il y a aussi ce derby... Comment dire ? C’est un derby vraiment chaud, mais c’est quelque chose que tout joueur a envie de vivre. Ce sont deux équipes de la même ville, c’est beau, tout le monde se connaît, et c’est ce qui en fait le sel pour nous comme pour les supporters. »