Service de renseignement : les législatives tchèques seront la principale cible des campagnes de désinformation
Les élections tchèques prévues pour cet automne seront une cible privilégiée pour la diffusion de fausses informations en ligne, a averti le chef du contre-espionnage, Michal Koudelka, lors d’un séminaire qui s’est tenu, jeudi, à la Chambre des députés. La rencontre était également consacrée à l’analyse du déroulement des récents scrutins en Moldavie et en Roumanie.
Directeur du Service de renseignement civil (BIS), Michal Koudelka a souligné que la Tchéquie, au même titre que la Roumanie et la Moldavie, faisait partie des États ciblés en priorité par « des opérations de subversion, d’infiltration et d’information » menées et coordonnées par les autorités russes. Le chef du contre-espionnage a ajouté que les prochaines élections législatives seront au centre de l’intérêt des groupes et plateformes de désinformation, des sites web qui diffusent des contenus malveillants ou des réseaux sociaux.
« Bien que le nombre de consommateurs de désinformations soit relativement limité en Tchéquie, les nouvelles technologies, en particulier l’intelligence artificielle, ont le potentiel pour diffuser de fausses informations à un public beaucoup plus large », a averti Michal Koudelka. Il a précisé que depuis la pandémie de Covid-19, une véritable scène de désinformation s’était établie en Tchéquie. Elle se caractérise, entre autres, par une approche pragmatique qui consiste à élargir le contenu diffusé à toutes sortes de sujets suscitant des réactions du public. Parmi ces sujets figurent bien évidemment la guerre en Ukraine et l’accueil des réfugiés ukrainiens en Tchéquie. Dans ce contexte, Michal Koudelka a rappelé la fausse vidéo diffusée avant les élections présidentielles de 2023, qui faisait croire que le futur président Petr Pavel appelait à la participation de la Tchéquie à la guerre menée par la Russie.
Des soupçons d’ingérence russe dans l’élection présidentielle en Roumanie, dont les résultats ont été annulés par le gouvernement de Bucarest, ont été évoqués lors du séminaire au Parlement tchèque. Le candidat d’extrême-droite Calin Georgescu y avait remporté le premier tour de la présidentielle à la surprise générale. Les autorités l’accusent toutefois d’avoir bénéficié d’une campagne illicite sur la plateforme TikTok, suivie par près de 10 million de personnes en Roumanie. L’exemple de la Moldavie, qui accuse les forces pro-russes d’empêcher, via une guerre hybride, une évolution du pays vers l’Europe, a également été cité.
Le service de renseignement tchèque estime qu’il convient de tirer les leçons de l’expérience de ces deux pays. Selon Michal Koudelka, l’exemple de la Roumanie démontre combien il est facile d’entacher une élection et d’affaiblir la confiance du public dans le bon fonctionnement des institutions publiques. Enfin, le directeur du contre-espionnage a appelé à plus de rigueur envers les opérateurs de plateformes de communication numérique, y compris TikTok, afin qu’ils respectent les règles instaurées par l’Union européenne. « Nous devrions pousser ces opérateurs à être plus transparents, pour que le contenu non authentique diffusé sur leurs plateformes soit détecté plus facilement et plus rapidement », a-t-il conclu.