Double vainqueur chez les camions, Martin Macík est le nouveau « Monsieur Dakar » en Tchéquie

L’équipe de Martin Macík et MM Technology au podium d'arrivée du Dakar 2025 à Subaytah

Pour la deuxième fois de sa carrière et pour la deuxième année consécutive, Martin Macík a remporté le rallye Dakar, dans une catégorie camions une fois encore nettement dominée par les équipages tchèques. De retour à Prague, Martin Macík, deuxième vainqueur tchèque du célèbre rallye-raid après le légendaire Karel Loprais, est revenu sur cette édition 2025 au micro de la Radio tchèque.

Cérémonie d'arrivée du Dakar 2025 à Subaytah,  L’équipes de Néerlandais Mitchel van den Brink,  Martin Macík et Aleš Loprais au podium | Photo: DPPI/PsnewZ/Bestimage/Profimedia

Au volant de son nouveau EVO 4 mis au point par MM Technology, nom de l’équipe qu’il a fondée avec son père il y a quelques années et qui développe ses propres camions à Sedlčany, petite ville de Bohême centrale située à une heure de route au sud de Prague, Martin Macík s’est imposé dans le désert saoudien avec une avance finale de 2h21’ sur le Néerlandais Mitchel van den Brink, tandis qu’un autre pilote tchèque, Aleš Loprais, vainqueur de cinq des douze étapes inscrits au programme du rallye, a complété le podium.

Martin Macík | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

S’il a pris part cette année à son 13e Dakar,  Martin Macík, 35 ans, a d’abord découvert le rallye avec son père, qui a participé pour la première fois à la course en 2003 et dont le meilleur résultat a été une quatrième place en 2010. Avant de prendre la place de pilote en 2015, c’est d’abord en tant que navigateur que Martin Macík a fait ses grandes débuts sur le Dakar. Des premières années de découverte dont il garde, encore aujourd’hui, un excellent souvenir :

« Qu’on le veuille ou non, le Dakar est d’abord une expérience qu’il faut vivre. C’est une course extrêmement exigeante et, en fait, je n’ai jamais eu le loisir de me demander si je voulais vraiment la faire ou pas. J’y suis allé, tout simplement. Ce n’est qu’après ces premières années de découverte que j’ai commencé à aborder le Dakar de manière professionnelle, en prenant davantage de recul et en sachant ce que je faisais. Cette année, c’était ma treizième participation et je suis très heureux de voir que les moyens que nous mettons en œuvre nous permettent d’être meilleurs que des équipes ou des pilotes qui participent au rallye depuis plus longtemps. Eux ont fait du surplace, tandis que de notre côté, nous continuons à progresser et à avancer. »

Le succès d’abord d’un vaste projet

Le succès de Martin Macík, accompagné cette année encore de František Tomášek, son navigateur depuis 2016, et de David Švanda, son mécanicien depuis 2020, n’est pas seulement celui d’un pilote, mais aussi, donc, de toute une équipe, MM Technology, qui alignait six camions au départ cette année et dont la domination sur le Dakar, au fil des victoires, commence à ressembler à une dynastie.

« Nous avons écrit un nouveau chapitre tout particulièrement ces trois dernières années. En plus d’aligner plusieurs camions au départ, nous dominons la course. Mais derrière tout cela, il y a surtout un important travail de développement et une cohésion et une alchimie au sein de l’équipe dont je n’ai bien évidemment pas l’intention de m’éloigner. La question désormais est de savoir quel rôle je pourrais occuper. Je peux rester dans celui de pilote ou endosser un costume de manager. Je n’ai pas encore décidié, mais ce qui est clair, c’est que je souhaite m’impliquer différemment dans le fonctionnement de l’équipe et explorer d’autres aspects de notre travail. »

Le camion EVO 4 de Martin Macík | Photo: DPPI/PsnewZ/Bestimage/Profimedia

En tête du classement général dès la deuxième étape dite « 48 heures Chrono », qui comptait près de 1 000 kilomètres de spéciale, Martin Macík et son équipe ont rapidement pris les devants dans le sable saoudien en alliant performance et vitesse, mais aussi fiabilité et régularité. Si leur victoire finale, compte tenu de leur avance de plus de deux heures à l’arrivée, a donc assez vite pris les allures d’une évidence, le pilote tchèque explique néanmoins pourquoi précisément le début de ce Dakar 2025, maintenant que la poussière de la course est enfin retombée, a été le plus compliqué à gérer :

« Le fait que nous nous soyons retrouvés en tête dès la deuxième étape était le résultat d’un concours de circonstances. Notre idée à la base était de décider de la course ailleurs, un peu plus tard. Nous avons réussi les étapes les plus difficiles d’une manière que nous n’aurions même pas osé imaginer. L’étape ‘Chrono 48’, qui s’étalait sur deux jours, figurait au programme dès le départ et le parcours était à la fois extrêmement accidenté et terriblement long. Quand j'ai vu que nous avions déjà 650 kilomètres au compteur et qu’il en restait encore 300 à parcourir, j’ai d’abord pensé que je n’irai pas plus loin. C’est une étape qui a fait mal physiquement et mentalement. Malheureusement, nous avons également eu de la casse. Je ne sais pas si c’est de ma faute, et donc si c’était une erreur de pilotage, ou si c’était un problème technique, mais je ne croyais alors plus trop en nos chances de victoire et c’est pourquoi je pense que cela a été le moment le plus difficile pour nous. »

L’armada russe bientôt de retour sur le Dakar ?

Bien sûr, la domination tchèque sur le Dakar ces dernières années s’explique aussi par l’absence des pilotes russes et du team Kamaz qui, avant le début de l’opération militaire russe de grande ampleur en Ukraine, régnaient en maîtres sur la catégorie camions. Une absence et un possible retour des pilotes russes et biélorusses dans un proche avenir que Martin Macík, conscient de la nécessité d’une concurrence forte pour continuer à progresser, envisage sous des angles différents :

« Tout le monde aimerait connaître la réponse à la question de savoir s’ils pourront revenir sur le Dakar, et tout le monde l’attend avec impatience. Tout le monde a un avis différent parce qu’il ne s’agit bien sûr pas seulement d’une question sportive. Si je m’exprime uniquement en tant que pilote, faire la course contre les Russes et essayer de les battre constituerait un défi et, peut-être, une nouvelle source de motivation. »

Le camion EVO 4 de Martin Macík | Photo: DPPI/PsnewZ/Bestimage/Profimedia

« Il est important de préciser que ces deux pays peuvent participer à la course, mais leur équipe principale est financée par l’État et soutient donc sa politique. Nous ne voulons pas du conflit en Ukraine, toute autre considération n’a pas sa place ici. Lorsque les Russes seront de retour, cela signifiera que la situation aura évolué par rapport à ce qu’elle est aujourd’hui. Nous deviendrons alors une plus petite équipe par rapport aux Russes, mais nous pourrions les attaquer et les mettre sous pression. Nous sommes peut-être avec MM Technology un gros constructeur qui domine actuellement, mais en termes de production, nous ne sommes toujours pas au niveau des Russes. Encore une fois, la question est de savoir d’où vient leur argent et combien de personnes sont impliquées dans leur projet. »

Pilotes et camions russes de retour ou pas, une chose est sûre : avec ce deuxième succès sur un rallye traditionnellement toujours très suivi par les médias et le public tchèques, Martin Macík devient peu à peu davantage qu’un simple pilote automobile. À la tête également d’une agence de production qui propose des services dans les domaines des médias, du marketing et de la photo, lui permettant ainsi de rester en vue, c’est désormais lui, plus de vingt ans après Karel Loprais, le nouveau « Monsieur Dakar » en Tchéquie.

Auteurs: Thomas Curtelin , Guillaume Narguet
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