Noël en famille ou au magasin ?

Photo: Kristýna Maková
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Le débat sur la limitation des horaires d’ouverture des magasins le dimanche et certains jours fériés revient régulièrement en République tchèque, l’un des rares pays en Europe à ne disposer d’aucune législation en la matière. Le syndicat des travailleurs commerciaux remet la proposition sur la table afin que l’ouverture des différents points de vente les jours de Noël et de l’An soit interdite ou tout du moins limitée.

Photo: Kristýna Maková
La proposition ne va pas plaire à ceux qui n’ont rien d’autre à faire le dimanche ou les jours fériés que d’aller faire des courses. Le sénateur social-démocrate František Bublan, dont c’est depuis longtemps un cheval de bataille, entend soumettre un nouveau projet de loi afin d’interdire l’ouverture des magasins certains jours fériés. Les vendeurs devraient fermer boutique de sept à douze jours supplémentaires dans l’année, Noël en tête, les 25 et 26 décembre. Une exception pourrait être accordée lors du « Štědrý den » (le Jour généreux en français), le 24 décembre, où les magasins pourraient accueillir des clients jusqu’à midi sonnant.

Les commerçants qui ne respecteraient pas ce texte, que le sénateur souhaiterait voir entrer en vigueur début 2015, s’exposeraient à une amende d’un million de couronnes (environ 36 000 euros) pouvant atteindre cinq millions de couronnes (plus de 180 000 euros) pour les récidivistes. František Bublan a exposé les termes de sa proposition à l’occasion d’une conférence de presse organisée mardi à l’initiative du syndicat des travailleurs commerciaux dont la présidente Renata Burianová, explique :

Photo: Archives de Radio Prague
« Tous les pays voisins disposent d’un dispositif législatif encadrant les horaires d’ouverture. Je pense que nous devrions suivre l’exemple de ces pays. »

Pour elle, à l’instar de ce qui prévaut en Allemagne, en Autriche, en Slovaquie ou en Pologne voisines, la majorité des salariés tchèques devraient pouvoir partager Noël avec leur famille. Le sénateur František Bublan avait déjà proposé un texte de loi similaire en juin dernier. La Chambre haute du Parlement, à domination social-démocrate, avait adopté le texte qui devait ensuite être examiné par la Chambre des députés. Toutefois, la crise politique, qui a entraîné la chute du gouvernement de Petr Nečas et l’organisation d’élections législatives anticipées, a bouleversé cet agenda.

Opposé au projet de loi exposé en juin, Zdeněk Juračka, qui dirige l’Union tchèque du commerce et du tourisme, ne voit pas d’un œil plus favorable le nouveau texte. Il défend la sacro-sainte liberté des entrepreneurs :

Zdeněk Juračka,  photo: Archives de Radio Prague
« Nous ne disons pas que les commerces doivent être ouverts à ces dates. Nous disons que les commerçants doivent décider eux-mêmes, en fonction de critères économiques et des exigences de la clientèle. En République tchèque, il est de plus apparu un autre phénomène : beaucoup de gens se réservent le dimanche ou les jours fériés pour faire leurs achats, car le reste du temps, ils travaillent. Pourquoi les en empêcher ? »

Il faut préciser que le projet du sénateur Bublan ne concerne pas le dimanche. Les économistes sont généralement d’accord pour dire que l’ouverture des magasins le dernier jour de la semaine et les jours fériés n’a pas d’effet particulier sur la consommation. Le pouvoir d’achat des ménages est en effet une valeur fixe et la question se pose en termes de répartition de cet argent entre les commerces accueillant des clients durant ces journées et ceux qui ne le font pas.

La fiche de paie majorée des salariés employés les dimanches et jours fériés est un autre argument des opposants à toute réglementation du secteur. Mais la question n’est finalement pas tant économique que sociétale entre ceux qui louent le travail et d’autres qui considèrent que ce n’est pas la valeur la plus importante. La loi devrait être proposée à l’approbation des sénateurs début 2014.