Retour du débat sur la fermeture des magasins les jours fériés
A la différence des pays voisins et malgré plusieurs tentatives dans le passé, la République tchèque ne réglemente pas l’ouverture des commerces ni les jours fériés, ni les dimanches. Cela pourrait changer car la semaine prochaine la Chambre des députés sera amenée une nouvelle fois à se prononcer sur ce sujet. Approuvée par le Sénat en été dernier, la proposition de loi instaure la fermeture des magasins pendant sept jours fériés dans l’année. Les défenseurs de ce projet argumentent par la protection des droits des travailleurs quand les critiques lui opposent la liberté d’entreprendre.
L’opposition à ce projet se recrute parmi les propriétaires des chaînes de distribution ainsi qu’au sein du Parti civique démocrate (ODS). Leurs arguments désormais classiques s’appuient d’une part sur la liberté d’entreprendre, qui primerait donc sur les droits des travailleurs, et d’autre part sur la demande des consommateurs. En sa qualité de présidente de la Fédération des commerces et des offices de tourisme, Marta Nováková est la porte-parole de ces voix :
« Ce qui compte surtout pour nous, c’est que cette loi limite le consommateur dans sa possibilité de faire du shopping. Nous nous opposons par principe à cette réglementation car nous estimons que le client décide par l’intermédiaire de ses jambes. » Néanmoins, si on en croit les sondages, en avril dernier, près de deux tiers des Tchèques étaient prêts à accepter la fermeture des magasins non seulement les jours fériés mais aussi les dimanches. En revanche, un tel aménagement des horaires d’ouverture déplairait à 13% des répondants de cette enquête réalisée par la société de conseil KPMG.
« Les syndicats concluent des accords collectifs avec chaque chaîne de distribution et ils peuvent alors négocier les conditions de rémunération les jours fériés et les dimanches. Nos commerçants ne veulent pas obliger leurs employés à travailler les jours fériés, il y a néanmoins un intérêt accru de leur part car la majoration représente une source importante de revenu. »
Cette argumentation, qui considère les syndicats et les propriétaires des chaînes comme des négociateurs de force égale, ne prend pas non plus en compte les raisons qui poussent les employés à vouloir travailler les jours fériés et donc les conditions d’emploi dans ce secteur précaire.Depuis 2007, les grands commerces sont fermés les jours fériés en Pologne. Depuis 2013, elles sont fermées aussi les dimanches en Allemagne. Si la République tchèque pourrait se rallier à cette tendance, la France s’apprête à aller en contre-courant avec le projet de loi Macron qui entend libéraliser le travail du dimanche au nom de la croissance économique.