Noël noir chrétien et musulman en Tchéquie
"Le Togo est un pays où il y a une multitude d'ethnies, de religions et pour Noël, même les païens et les musulmans se rendent à l'église. La messe se passe à la belle étoile, c'est une saison propice à de tels événements et tout se prépare dans la cour de l'église. Tous les prêtres de la localité se réunissent pour cette procession grandiose, les enfants de choeur et les chorales s'alignent et c'est dans une ambiance populaire que se déroule la veillée de Noël. Les gens chantent, dansent, se surpassent, c'est une scène hallucinante. Parfois, tu vois une personne qui était un peu triste quelques instants auparavant, mais à partir de cet instant, elles est vraiment en extase et manifeste une joie sans pareille." Ces mots nous racontent la veillée de Noël d'une contrée lointaine, celle de Belman Belei, jeune chrétien d'un tout petit pays d'Afrique occidentale, le Togo. Belman vit à Prague depuis six ans où il poursuit ses études en sciences politiques à la faculté des sciences sociales de l'université Charles. Marié à une Tchèque, il est aussi le père d'un petit Christian auquel il s'efforce de transmettre les valeurs qui l'ont accompagné depuis son enfance passée à Lomé, la capitale de son pays. Cathéchiste au lycée français de Prague, sa voix posée et réfléchie nous accompagnera tout au long de cette émission consacrée à un Noël bien particulier, celui des africains en République tchèque. Un Noël et une émission qui, espérons-le, vous apporteront un peu de la lumière du soleil et de chaleur humaine au coeur de cet hiver.
"Le Togo est un pays où il y a une multitude d'ethnies, de religions et pour Noël, même les païens et les musulmans se rendent à l'église. La messe se passe à la belle étoile, c'est une saison propice à de tels événements et tout se prépare dans la cour de l'église. Tous les prêtres de la localité se réunissent pour cette procession grandiose, les enfants de choeur et les chorales s'alignent et c'est dans une ambiance populaire que se déroule la veillée de Noël. Les gens chantent, dansent, se surpassent, c'est une scène hallucinante. Parfois, tu vois une personne qui était un peu triste quelques instants auparavant, mais à partir de cet instant, elles est vraiment en extase et manifeste une joie sans pareille."
Ces mots nous racontent la veillée de Noël d'une contrée lointaine, celle de Belman Belei, jeune chrétien d'un tout petit pays d'Afrique occidentale, le Togo. Belman vit à Prague depuis six ans où il poursuit ses études en sciences politiques à la faculté des sciences sociales de l'université Charles. Marié à une Tchèque, il est aussi le père d'un petit Christian auquel il s'efforce de transmettre les valeurs qui l'ont accompagné depuis son enfance passée à Lomé, la capitale de son pays. Cathéchiste au lycée français de Prague, sa voix posée et réfléchie nous accompagnera tout au long de cette émission consacrée à un Noël bien particulier, celui des africains en République tchèque. Un Noël et une émission qui, espérons-le, vous apporteront un peu de la lumière du soleil et de chaleur humaine au coeur de cet hiver.
Dame N'Diaye est pour sa part Sénégalais et lui aussi a gentiment accepté de nous guider. Bien que musulman, Dame fête Noël selon la tradition tchèque et ce, depuis déjà 11 ans. Ce qui ne l'empêche de se rappeler... Ainsi, il évoque Noël vécu tant par les chrétiens, que par les musulmans de son pays.
"Pour les chrétiens, je crois que c'est presque partout pareil, sauf qu'ils ne préparent pas la carpe comme les Tchèques. Le matin, ils préparent une bouillie spéciale pour l'occasion, c'est extraordinaire, c'est vraiment délicieux. Le matin, ils vont aussi à la messe et au retour, le midi, ils préparent le porc. Ce qui ont assez d'argent égorgent un porc entier, ceux qui en ont moins achètent de la viande qu'ils font griller. Le soir, ils se distribuent des cadeaux comme tout le monde et ensuite, la nuit, il y a la messe de minuit. Pour les musulmans, Noël ne représente rien. Mais c'est une occasion pour distraire les enfants, leur offrir des cadeaux et bien manger. Bien sûr, ils ne mangent pas de porc, mais du poulet, ils font la fête à leur manière. C'est un peu de solidarité avec les chrétiens...
Cette année, c'est à une veillée de Noël bien particulière que se préparent Dame et sa femme tchèque. Un cadeau rare les attend sous le sapin... Il y a dix jours, un petit Sidy est en effet venu au monde. N'est-ce pas le plus beau cadeau que le couple pouvait espérer ?
"Tout à fait, tout à fait. Avec ma femme, nous nous étions dits que nous n'aurions pas besoin de nous offrir de cadeaux cette année, mais comme c'est une occasion exceptionnelle, j'ai quand même réservé une surprise pour le petit et la maman. Mais le plus beau cadeau, c'est le bébé et comme tous les cadeaux, on va le mettre sous l'arbre de Noël (rires). On l'observera avant de se distribuer les cadeaux. Mais cette année sera vraiment exceptionnelle."
Si Belman passe également Noël en compagnie de sa famille tchèque et se rendra pour cela à Opava, en Moravie, sa mémoire ne flanche nullement lorsqu'il s'agit de nous conter un Noël togolais. Ecoutons donc sa longue narration enchanteresse...
"Noël au Togo est une fête très importante, très populaire et elle se prépare comme lorsque l'on attend l'arrivée d'un hôte de marque. Toutes les familles, chrétiennes et païennes, se mettent au diapason et tout le monde fait son maximum. Contrairement aux habitudes tchèques, qui veulent que la fête se fasse dans un cercle familial très fermé, la fête au Togo se passe dans une ambiance d'ouverture et la porte familiale reste ouverte à tout passant. N'importe qui peut s'introduire dans la maison. C'est alors une obligation pour la famille d'offrir à l'étranger, au passant, ce qu'elle a de mieux. La tradition togolaise autour de Noël veut que plus une famille a d'invités, plus elle accueille d'étrangers, plus elle est appréciée, aimée par son entourage. Si une famille n'a pas assez d'invités, elle se sent triste, peut-être qu'elle a quelque chose à se reprocher et elle n'est peut-être pas assez ouverte sur son entourage. Pour les préparatifs, la bière locale est l'élément sans lequel la fête ne peut pas avoir lieu, car tu ne pas, alors, offrir le meilleur accueil possible à tes invités surprises. A côté de ça, il y a l'ornement, on met des palmes devant la principale entrée du domicile. On essaie d'acheter des nouveaux vêtements pour les enfants, c'est très important. Tout enfant qui ne reçoit pas de vêtements peut bien se sentir triste. Toute famille, quelques soient ses moyens, a l'obligation de pourvoir quelque chose pour sa progéniture. Un père de famille qui va se détourner de cette obligation parentale sera mal vu par son entourage, car l'enfant sortira avec un accoutrement qui a déjà été porté. C'est pourquoi, il faut le dire, les gens surpassent leur pauvreté et on essaie de présenter ses enfants sous le meilleur jour. C'est pourquoi on lui donne un accoutrement de fête royale. Les habits africains sont souvent des habits qui montrent des signes de joie. C'est comme ça, car la fête de Noël est perçue comme une fête de joie. Il faut qu'elle rayonne dans la famille, dans le quartier et même dans toute la ville, car les gens viennent de toutes les contrées... Parce qu'il faut goûter la fête sous toutes ses facettes, j'ai déjà passé Noël en dehors de la ville, en montagne, dans des villages reculés en compagnie d'un prêtre missionnaire. C'est vraiment un événement qui m'a marqué, tu vois une foule en liesse, des gens en train de chanter, de danser, ils oublient tous leurs soucis. Chacun essaie d'y mettre du sien, se mêle aux préparatifs, rapporte sa bière, sa nourriture et on se met ensemble à la belle étoile. Le repas du soir est pris après la messe, et la messe de minuit se déroule souvent à l'avance pour qu'avant minuit, tout le monde puisse goûter à cette joie autour d'un plat."
La découverte des traditions, plus sobres, qui entourent Noël en République tchèque ne pouvaient, dès lors, que surprendre, voire quelque peu décevoir Dame et Belman. Ce dernier, justement, évoque ce changement, et réfléchit sur le sens spirituel donné par les Tchèques à l'événement festif.
"Ah ça oui, j'ai été très touché par la façon dont se passe la fête ici, en Tchéquie. Au début, je m'étais dit que c'était bien que les familles se retrouvent, mais pour moi, c'était comme un non-événement, rien ne s'était passé à mes yeux, à part ce festin en soirée autour d'une table un peu sobre. On vit en vase clos, replié sur soi-même, on se partage quelques cadeaux et ça y est, la fête est finie. Pour moi qui était habitué à une fête grandiose, dans une ambiance populaire et une atmosphère chaleureuse, c'était quelque chose qui m'avait un peu frustré. Les premières années n'étaient pas du tout faciles, surtout la première année. C'était la première fois que je passais Noël en Tchéquie et dans une famille tchèque. Pour moi, vivre cette ambiance m'avait fait revenir aux réalités du pays. Dans la nuit, après le repas, après que tout soit fini, j'avais le mal du pays. Dans mon lit, je pensais à tout ce qui se passait au même moment au Togo, pour la première fois, j'avais le mal du pays, la nostalgie, c'était vraiment terrible. Par rapport à la religion, Noël n'est pas regardé par les Tchèques comme une fête qui célèbre la venue du Christ, mais plus comme une occasion parmi tant d'autres, mais unique en son genre, de se faire des cadeaux. Selon moi, c'est pratiquement la seule signification qu'on donne à cette fête en Tchéquie. Pour moi, chrétien, qui connait l'importance de cet événement, c'est comme si on dénaturait la fête ou qu'on la dépouillait de son sens profond."
Un point de vue dont se rapproche également celui de Dame.
"J'ai été surpris par l'importance que les gens donnent à cette fête, c'est à dire qu'ils se préparent trois mois à l'avance pour préparer tout ça, pour acheter des cadeaux. On ne parle que de ça, partout, le sujet principal, ce sont les fêtes de Noël, « je n'ai pas encore acheté tant de cadeaux, je n'ai pas encore mon arbre de Noël... » bof... il y a plein de monde dans les boutiques, ça m'a choqué parce qu'au Sénégal, ce n'est pas du tout comme ça. Là-bas, les gens prennent ça avec réserve, peut-être que c'est dû au fait que les chrétiens sont minoritaires. D'un autre côté, il ne faut pas oublier que beaucoup de Tchèques ne croient pas en Dieu, il n'y a pas beaucoup de chrétiens ici. La fête, c'est une tradition, mais ça n'a rien à voir avec la religion. Comme les Tchèques sont un peu matérialistes, ça explique pourquoi il y a tant de monde qui se bouscule dans les magasins. Ça reflète, je pense, une certaine mentalité des gens."
Ne nous restait plus dès lors à demander à Belman comment se passerait son Noël cette année et s'il tenait à formuler un voeu particulier à cette occasion...
"Généralement, je vais à l'église, en Moravie, mais avant cela, il y a les préparatifs à la maison. Il faut tout installer. Le soir, il y le repas et ensuite, la messe. Il y a la prière, tout un tas d'intentions, je pense à ma famille au pays, j'essaie de confier ma famille à Dieu pour que la nouvelle année qui se présente soit une année de joie. Comme Noël est un événement trrès important pour un chrétien, j'essaie de me mettre dans le bain, d'appeler Dieu et Jésus à exaucer nos attentes et prières. Mon voeu le plus cher qui, à mon avis, est celui de tout petit enfant, est que cette fête de Noel soit une occasion pour les grandes personnes de penser aux enfants, quelques soient leurs origines. Le cadeau des grandes personnes aux enfants serait de leur apporter la PAIX et de leur donner toutes les opportunités pour pouvoir se réaliser dans le monde. Qu'on ne leur apporte pas la guerre, la misère et la désolation comme cadeau d'existence."
Un voeu qui n'est pas loin d'être aussi celui de Dame...
"Je profite de cette occasion pour souhaiter à tous les musulmans, chrétiens et tous ceux qui ne croient pas en Dieu, la PAIX. Parce que, actuellement, comme tu sais, on parle beaucoup de la guerre, de l'Irak, tout le monde est nerveux et j'espère que ça sera évité de justesse."
Enfin, Belman n'est pas sans oublier, comme il dit, un beau pays...
"Mon souhait pour les Tchèques est qu'ils se choisissent un bon président après le philosophe Vaclav Havel. Que ce soit leur cadeu de Noël. Cela leur permettrait de rentrer, de s'intégrer à l'Union européenne, qui est une union en mouvement. Enfin, mon voeu est plus politique, que les esprits s'ouvrent davantage et que les gens comprennent que le monde d'aujourd'hui n'est plus un monde fermé sur lui-même, que c'est un monde plus globalisé. Merci."
Voilà, au nom de toute l'équipe de la rédaction française de Radio Prague, Guillaume Narguet vous souhaite, lui aussi, un très Joyeux Noël et adresse un salut tout particulier au Togo et au Sénégal. Que votre Noël soit aussi beau, vivant et riche en couleurs que ceux présentés par Belman et Dame !...