Nouvelle campagne pour « liquider les ghettos tchèques »
Likviduj ! « Fais disparaître » ou « liquide les ghettos tchèques »: c'est ainsi que l'on pourrait traduire le slogan de la nouvelle campagne de l'organisation humanitaire rattachée à la télévision tchèque, l'Homme en détresse. Le but de cette campagne est d'attirer l'attention sur les conditions de vie dans certaines banlieues et localités du pays. Pour obtenir quelques explications supplémentaires, Radio Prague s'est adressée au responsable du projet, Martin Simacek.
Lorsque sont évoqués les « ghettos » ou les « enclaves de pauvreté » dans la région, on parle davantage de ces localités de Slovaquie orientale qui vivent hors du temps, et où la population est dans l'isolement et le dénuement les plus complets. L'Homme en détresse, une organisation également présente en Slovaquie, a cette fois-ci voulu alerter l'opinion sur la situation dans certaines localités de République tchèque. Martin Simacek :
« Avec l'expérience que notre organisation a acquise sur le terrain, nous avons décidé de lancer cette campagne d'information sur la vie dans ces enclaves de pauvreté, ces ghettos. Nous voulons toucher le maximum de gens, à l'aide d'affiches, d'encarts dans les journaux et sur notre site internet, afin de leur décrire de quoi a l'air la vie dans les ghettos et de leur expliquer pourquoi ceux qui y vivent y restent : la pauvreté, le manque d'éducation, de qualifications, la difficulté d'accès au marché du travail, parfois les problèmes liés aux usuriers, aux loyers élevés, etc. »
Les ghettos dont parle Martin Simacek sont souvent situés à la sortie des villes ou en pleine campagne, principalement dans le nord de la Bohême et de la Moravie, et presque exclusivement peuplés de Roms.
« Je ne pense pas que ce soit un phénomène complètement nouveau. Mais avant, sous le communisme, ce n'était pas possible d'avoir tant de personnes à l'écart du marché du travail. Depuis 1990, tout a changé, et les chômeurs de longue durée représentent aujourd'hui 5% de la population active. Ces personnes perdent progressivement tout contact social. Nous ne nous en sommes pas assez souciés au début des années 90 et en 15 ans, le problème a pris une ampleur que nous n'avons su anticiper. »
Les représentants de huit pays de la région se sont réunis la semaine dernière à Sofia pour tenter de trouver des moyens afin d'insérer la minorité rom dans leur société respective. L'Homme en détresse, l'une des organisations humanitaires tchèques les plus actives, souhaite avant tout informer, pour que la population prenne d'abord conscience des problèmes, avant d'envisager des solutions adaptées.
« Attirer l'attention des gens est important. Nous constatons que jusqu'à maintenant le problème a été traité de manière superficielle. On parle de gens socialement non insérables, de « mauvais payeurs » - neplatici, un nouveau terme qui désigne ceux qui ne payent pas leur loyer - mais on ne parle pas dans notre de société des causes de cet isolement social, des conditions de vie, et des chances d'en sortir. Et parce que ces informations ne sont pas mises à la disposition du public, avec cette campagne nous voulons lancer le débat sur la base d'informations plus précises. Nous espérons que cela amènera ensuite une discussion sur les moyens de venir en aide aux personnes vivant dans les ghettos. », ajoute Martin Simacek
« Pour l'instant, nous avons recueilli deux types de réaction. Sur nos pages Internet, nous recevons des messages racistes de gens qui considèrent qu'il s'agit d'une catégorie qui ne pourra jamais être intégrée normalement dans la société. Et de l'autre côté, des personnes nous écrivent pour nous proposer leur aide, des personnes qui veulent aider à trouver une solution mais qui sont un peu désespérées et ne savent pas comment. Et on ne peut pas dire, même si nous n'avons démarré que depuis une semaine, que les médias du pays s'y soient encore réellement interessés. J'espère que cela va changer dans les prochains jours. »
Pour plus d'informations : www.ceskaghetta.cz