Nové Hrady – un des châteaux à l'honneur de « L'Année de la culture française en République tchèque »

Château de Nové Hrady, photo: CzechTourism

Direction, dans ce magazine touristique, le château de Nové Hrady – Château Neuf. Situé en Bohême orientale, pas loin de Litomyšl, ce site rococo surnommé le petit Versailles a été construit sur l'exemple des résidences estivales françaises par le comte Harbuval Chamarré, représentant de la noblesse lorraine établie dès 1759 en Bohême.

Château de Nové Hrady,  photo: CzechTourism
Nové Hrady, à 170 kilomètres à l'est de Prague, figure sur la liste des châteaux construits ou possédés par des familles de la noblesse française et belge ayant un lien avec la Bohême et la Moravie au cours des cinq siècles derniers : les Rohan, les Des Fours, les Buquoy de Longeval, les Mensdorff-Pouilly, ou encore les Beaufort-Spontin. Une cinquantaine de familles nobles françaises sont cette année à l'honneur du projet « L'année de la culture française en République tchèque », organisé par l'Institut national du patrimoine en coopération avec l'ambassade de France. Quant à la dynastie Chamaré, propriétaire de deux châteaux en Bohême orientale : Potštejn et Nové Hrady, elle a laissé une trace profonde dans notre pays. Laisser une empreinte pour l'avenir, c'est aussi le souhait de l'actuel propriétaire de Nové Hrady, Petr Kučera :

« Insuffler au château une nouvelle vie, lui trouver une place au XXIe siècle, voilà notre tâche qui n'est pas facile, mais qui nous comble. Nous n'inventons rien, nous nous inspirons des restaurations de châteaux privés notamment en Angleterre et en France. »

Ancien député de l'Assemblée fédérale après 1989, Petr Kučera a acheté Nové Hrady dans les années 1990 et depuis, il entretient seul, avec sa famille et trois employés, le château et les bâtiments attenants entourés de 120 hectares de terres. La visite qu'il nous fait est différente de celles auxquelles nous sommes habitués :

« Le château est intéressant et relativement récent : il a été construit à la fin du XVIIIe siècle par le comte français, Jean-Antoine Harbuval Chamaré, dans le style rococo pur. Son avantage est d'être resté intact, sans reconstruction quelconque. Lorsque nous l'avons acheté, en 1997 à la famille Bartoň de Dobenín, il était en mauvais état d'entretien. Au rez-de-chaussée, la coopérative agricole locale élevait du bétail. Heureusement, nous avons disposé d'une documentation de qualité qui nous a permis de redonner au château son aspect d'origine, y compris les couleurs rose et blanche sur la façade. »

Château de Nové Hrady,  photo: Prazak,  CC BY 3.0 Unported
Complètement restauré, le château produit une forte impression : un long escalier orné de plastiques et de vases rococo nous conduit à travers la première cour abritant un jardin rococo avec des fontaines et des plates-bandes ornementées, jusqu'à l'entrée du bâtiment central. Celui-ci, ainsi que les deux ailes latérales du château, sont richement décorés de reliefs en stucs peints en rose et en blanc. Le château est situé sur une terrasse et entouré d'un système d'étangs en cascade, de parcs et de jardins à la française. Est-ce à cause de ces jardins que Nové Hrady est surnommé le petit Versailles tchèque ? Petr Kučera :

Château de Nové Hrady,  photo: Prazak,  CC BY 3.0 Unported
« Ce n'est pas à cause des jardins, mais à cause de la riche ornementation et du caractère décoratif du château. D'ailleurs, pour ce qui est des jardins, c'est mon fils qui les a aménagés, après une année d'études à Paris et à Versailles. Pour ce qui est du surnom du petit Versailles, il est évident que Nové Hrady ressemble au deuxième château de Versailles construit par Louis XIII à la place de ce qui était à l’origine un pavillon de chasse. »

Non seulement Nové Hrady ressemble à un château français, mais c'est aussi une famille française qui l'a fondé. Petr Kučera revient sur les circonstances de la venue de la famille Chamaré en Bohême :

« Issue de la noblesse lorraine, la famille Chamaré est venue s'installer en Silésie avec François Ier, duc de Lorraine et époux de Marie-Thérèse. Suite à la guerre de succession d'Autriche et à la perte de la Silésie, la famille Chamaré s'installe en Bohême. Après avoir acheté le domaine de Potštejn, elle rachète, en 1759, le domaine de Nové Hrady. »

Château de Nové Hrady,  photo: Zdeňka Kuchyňová
Le château de Nové Hrady est accueillant et vivant : il abrite un restaurant, une galerie, un café, une pâtisserie. Les mariages sont célébrés dans la grande salle. L'ancien grenier à blé baroque est aménagé en musée du cyclisme. Dans les écuries, on peut prendre des leçons d'équitation. La ferme d'élevage de daims et de cerfs est le plus important troupeau du genre. Dans le parc, on trouve plusieurs labyrinthes et aussi un petit amphithéâtre naturel où sont données, chaque année, plusieurs représentations dans le cadre du festival lyrique Litomyšl de Smetana.

Château de Nové Hrady,  photo: Zdeňka Kuchyňová
Le premier étage du château est habité par ses propriétaires. Le mobilier d'origine fait défaut à Nové Hrady. Les collections de meubles exposées dans les autres salles proviennent pour deux tiers des dépôts du Musée des arts et métiers à Prague et le tiers restant, a été réuni par Petr Kučera et son épouse :

« Nous commençons par le baroque – tchèque, hollandais, français. Nous exposons des meubles rococo, notamment tchèques et anglais, des meubles de style Empire dit aussi style Napoléon. La dernière salle est consacrée aux meubles Art Nouveau provenant de France et aux meubles courbés de marque autrichienne Thonet avec laquelle on termine avec des meubles du XXe siècle. »

Musée du cyclisme,  photo: Zdeňka Kuchyňová
Notre visite continue dans l'ancien grenier à blé baroque aménagé en musée du cyclisme, le troisième plus important en Europe :

« La collection a été réunie par un ami qui collectionne depuis plus de 40 ans les bicyclettes. Elle compte plus de 300 exemplaires dont beaucoup sont tout à fait rares. La plus ancienne bicyclette que nous exposons date de 1885. La symbiose entre les anciennes bicyclettes et les locaux baroques est réussie et trouve un écho international. »

Galerie de chapeaux anglais,  photo: Zdeňka Kuchyňová
A côté du musée des bicyclettes, dans une orangerie, on peut visiter encore la galerie de chapeaux anglais pour dame. Et le trésor du comte Chamaré dont il est question dans le roman d'Alois Jirásek ? On écoute Petr Kučera:

« Chamaré avait une manie de chercher des trésors. Il a démantelé l'ancien château fort de Nové Hrady qui se trouvait au-dessous du château actuel, sans qu'un trésor soit trouvé. Finalement, c'est Chamaré lui-même qui a fait emmurer un trésor dans le nouveau château. Lors de la restauration de la chapelle, dans les années 1930, on a trouvé sous le crépi l'inscription en latin annonçant qu'un trésor se cachait ici. Effectivement, là où se trouve aujourd'hui la salle de réception, on a retrouvé, dans une niche entre deux fenêtres, un vase abritant une précieuse collection de pièces de monnaie, depuis les groschens saint-Venceslas jusqu'aux écus - monnaie frappée sous Joseph II à la fin du XVIIIe siècle. »

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