Nucléaire et neutralité carbone : les Tchèques ont obtenu le compromis qu’ils voulaient à Bruxelles
Qu’il s’agisse du sommet européen sur le climat ou des résultats des élections législatives au Royaume-Uni, les réactions ont été nombreuses à Prague ce vendredi. Tandis que les Tchèques peuvent estimer avoir obtenu gain de cause à Bruxelles avec des garanties sur le nucléaire qui doivent leur permettre de réussir sa transition énergétique, ils regrettent aussi la deuxième victoire du Brexit.
« Les partisans du Brexit ont gagné et, personnellement, je regrette beaucoup que le Royaume-Uni quitte l’UE. C’est désormais définitif. La seule question qui reste en suspens est de savoir si tous les accords commerciaux et douaniers seront conclus d’ici la fin de l’année 2020. Les Britanniques ont encore la possibilité jusqu’en juin prochain de demander une prolongation de deux ans de la période de transition, même si je pense que cela est peu probable. »
Le ministre des Affaires étrangères, le social-démocrate Tomáš Petříček, estime pour sa part que la mission du gouvernement consiste désormais à défendre les intérêts des entreprises tchèques et des Tchèques résidant et travaillant au Royaume-Uni :« Nous sommes favorables à une coopération la plus étroite possible avec le Royaume-Uni, qui est notre cinquième partenaire économique le plus important. Nous souhaitons également régler les dernières questions relatives aux ressortissants tchèques qui vivent au Royaume-Uni et veulent y rester y compris après le Brexit. »
Autre chose que les Tchèques souhaitent régler : la possibilité de décider eux-mêmes à partir de quelles sources ils produiront leur énergie. « Les Tchèques se sont battus pour le nucléaire à Bruxelles », titrait d’ailleurs ce vendredi matin Lidové noviny. Le quotidien rappelle la position défendue lors du sommet par Andrej Babiš selon qui il convient de reconnaître l’énergie nucléaire comme une source propre n’émettant pas de gaz à effet de serre. Le Premier ministre affirme ne pas comprendre l’Autriche, à la tête de la lutte antinucléaire mais qui couvre près d’un quart de ses besoins en électricité grâce aux importations de la République tchèque.
Récalcitrante, comme la Pologne et la Hongrie, à l’idée de rallier l’objectif de neutralité en carbone en 2050, la République tchèque a finalement obtenu des garanties sur ce point censées lui permettre de réduire sa dépendance au charbon, et ce alors que le quotidien économique Hospodářské noviny a publié une information dans son édition de ce vendredi selon laquelle quelque 18 000 emplois sont appelés à disparaître d’ici à 2030 en République tchèque précisément en raison de la fin de l’exploitation du charbon. Ainsi donc, Prague, comme Budapest, a obtenu du Conseil européen l’assurance de pouvoir reconnaître le nucléaire comme partie intégrante de son mix énergétique.