Brexit : les politiciens tchèques suivent impuissants la crise politique britannique
Sans surprise, les députés britanniques ont rejeté mardi l’accord sur le Brexit pourtant négocié dans la douleur par Theresa May avec Bruxelles. Plus surprenant est l’ampleur du rejet de ce texte, qui plonge le Royaume-Uni et l’avenir de ses relations avec l’Union européenne dans une profonde incertitude. En République tchèque, les dirigeants politiques sont réduits à observer, non sans appréhension, l’évolution de la situation.
Avec 432 votes contre seulement 202 votes pour, l’accord négocié entre Londres et Bruxelles sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, normalement prévue le 31 mars prochain, a été très largement rejeté. « Une défaite historique pour Theresa May », titre The Guardian, qui souligne qu’une grande partie des conservateurs se sont retournés contre elle pour associer leurs voix à celles des députés travaillistes.
La suite des événements est désormais difficilement prévisible, avec la division de l’opposition britannique autour de scénarios très différents vis-à-vis du Brexit. Après cette déconvenue majeure, le gouvernement de Theresa May fait face ce mercredi à une motion de défiance, mais il pourrait bien y survivre puisqu’aucune autre alternative crédible ne semble pouvoir se dégager. C’est l’impasse et un spectacle auxquels assistent impuissants les dirigeants européens, dont les Tchèques. C’est le constat du Premier ministre Andrej Babiš, qui s’est exprimé depuis la Thaïlande où il poursuit actuellement sa tournée du Sud-Est asiatique :« Evidemment, cette incertitude est très désagréable. Et ce aussi du point de vue de nos exportations car cela a un impact sur le cours de la livre et cela aggrave ainsi notre position pour l’exportation. La balle est maintenant dans le camp de la Grande-Bretagne. Il s’agit de savoir si la Première ministre Theresa May survivra au vote de défiance et je pense que oui. L’Europe doit attendre, nous ne pouvons rien faire du tout pour l’instant. »
Les parlementaires britanniques vont à présent probablement demander à l’Union européenne de bénéficier d’un délai supplémentaire pour l’entrée en vigueur du Brexit. Londres pourrait chercher un nouvel accord avec les Vingt-Sept, mais ceux-ci ne sont pas forcément disposés à revenir à la table des négociations. La possibilité d’organiser à un nouveau référendum est également évoquée, malgré les autres problèmes soulevés par cette option.
Côté tchèque, on espère dans tous les cas éviter un Brexit « dur », c’est-à-dire une sortie de l’Union européenne sans accord, voulue par certains députés conservateurs britanniques. Telle est la position exprimée par le ministre des Affaires étrangères, le social-démocrate Tomáš Petříček :« L’accord de sortie est la variante la moins mauvaise de Brexit. C’est le point de vue de la République tchèque et c’est pourquoi j’espère que le gouvernement britannique présentera lundi un plan pour faire en sorte qu’un accord soit trouvé à temps, aussi bien pour la question du Brexit que dans l’intérêt de nos ressortissants et de nos entreprises. »
Un point de vue partagé également par une partie de l’opposition en République tchèque, alors que quelques dizaines de milliers de citoyens tchèques vivent au Royaume-Uni, où les entreprises tchèques réalisent 5 % du total de leurs exportations. Jiří Pospíšil est le président du parti conservateur TOP 09 :
« Le vote du Parlement britannique a montré que la crise politique se poursuit au Royaume-Uni. Notre objectif devrait être d’empêcher ce qu’on appelle le ‘Brexit dur’, car il porterait atteinte à nos entreprises exportatrices. Notre intérêt est donc de protéger les citoyens tchèques et les sociétés tchèques. »
Le gouvernement tchèque dit être prêt à l’éventualité d’une sortie de Londres de l’Union européenne sans accord. A cette fin, il a adopté la semaine passée un texte législatif surnommé « lex Brexit » et qui doit garantir temporairement les droits des citoyens britanniques en Tchéquie et réciproquement. La loi devrait très prochainement être soumise à l’examen des députés, mais à ce stade, Dieu seul – celui qui sauve la reine – sait si elle sera ou non nécessaire.