Obludarium, cabinet de curiosités des frères Forman
Ils tournaient en France avec leur tout nouveau spectacle depuis plusieurs mois déjà... La République tchèque va enfin pouvoir assister au nouvel opus des frères Petr et Matěj Forman. Et ce à l’occasion du Festival international de théâtre de Plzeň, qui commence le 10 septembre. Obludarium, c’est son nom, c’est un cabinet des merveilles, une boîte à images d’antan, où l’on trouve pêle-mêle diseuses de bonne aventure, femme à barbe, et autres personnages singuliers... Obludarium, c’est un jeu de mot entre le mot obluda, monstre en tchèque, et planetarium ou aquarium, dit Petr Forman, qui précise encore :
« Obludarium, c’est quelque chose entre le cirque, le cabaret, le night club... tous ces endroits ont été une source d’inspiration. Derrière ça, on a essayé de créer un spectacle qui fait découvrir la petite histoire des personnages dedans. Je ne sais pas si on comprend bien le nom ‘obludarium’ en français, ici, ça veut aussi dire un peu une ‘freak house’... »
Justement, c’est ce dont je voulais vous parler... votre spectacle n’est certes pas encore passé ici, mais il a tourné en France, et les personnages qui apparaissent évoquent le film de Ted Browning, Freaks, la monstrueuse parade...
« Voilà ! Ce n’est pas uniquement ça, mais on peut imaginer que c’est aussi un monde qui nous a aussi beaucoup inspirés. On a essayé de rentrer plus dans les différentes histoires des différents personnages mais aussi de créer d’autres choses qui provoquent cette atmosphère de cirque. »
Qu’est-ce qui vous intéresse aussi dans ces personnages en marge ? Je pense par exemple aux personnages de la femme à barbe, aux nains, à ces ‘monstres’ d’une certaine façon...
« C’est un monde qui nous provoque, dont on a peur. On a toujours peur de voir des gens handicapés ou qui sont bizarres. Mais en même temps on n’arrive pas à détourner le regard. Ca c’est le premier plan : on n’est pas intéressé pour savoir comment sont les gens sont à l’intérieur, quelle est leur histoire et pourquoi ils sont comme ça. Pour nous, c’était un choix de rentrer dans ce monde, car l’idée c’était qu’Obludarium tourne, pas seulement dans les grandes villes, mais aussi dans les petits villages. Au début, l’idée n’était de faire ce cabaret en tant que tel. L’idée c’était de chercher un monde pour que le public n’est pas peur de venir. Imaginez si on avait gardé l’idée de départ, celle de jouer Shakespeare ! Si vous venez dans un petit village avec une pièce de Shakespeare, ça fait peut-être un peu fuir le public. Les gens pensent : le théâtre, ce n’est pas pour nous... C’est pour cela qu’on s’est dit qu’on allait approcher un monde qui est naturellement proche de l’intérêt des gens. »
Retrouvez Petr Forman fin de cette semaine, dans la rubrique culture.