Observer l´effet de l´euro sur nos voisins slovaques

Photo: Commisson européenne

La Slovaquie passera à l’euro au 1er janvier 2009. Elle deviendra ainsi le 16e membre de la zone euro, 2e des 10 pays entrés dans l´Union européenne en 2004 à adopter la monnaie commune, après la Slovénie en 2007. Son voisin tchèque ne semble pas si pressé – que représente le passage à l’euro pour le pays ? Tomáš Vlk, analyste chez Patria Finance, s’est proposé de nous éclairer sur la question.

Photo: Commisson européenne
La République tchèque est membre de l´Union européenne depuis le 1er mai 2004 – et depuis, le sujet de l´adoption de l´euro est constamment évoqué. D´abord prévue pour 2008, puis 2010, puis 2012, l´adoption de l´euro est source d´incertitudes. C´est pourquoi Tomáš Vlk reste vague sur cette question :

Pour l’instant, le gouvernement tchèque n’a pas déterminé de date précise concernant l’entrée de la République tchèque dans l’Euro. Il y a peu, on parlait de l’année 2012, maintenant, cette date est, je le pense, hors de propos. On parle plutôt, à l’heure actuelle, des années 2013 à 2014. Le facteur décisif sera alors, bien entendu, le gouvernement qui sera à ce moment à la tête de la République tchèque. Attendons donc les prochaines élections parlementaires en 2010. Tout dépendra effectivement de l’opinion du nouveau parlement par rapport à l’Euro et du niveau de priorité que représentera l’introduction de l’Euro pour eux.

Si le choix du moment de l’entrée dans l’euro sera l´objet d´une décision politique, de toutes les façons, au final, la République tchèque entrera dans la zone euro, puisqu´elle s´y est engagée par clause obligatoire au moment de son entrée dans l’Union européenne. La seule question à se poser est donc celle du moment.

Essayons donc de comprendre ce que représente le passage à l´euro pour la République tchèque, ce qu´elle peut en attendre, ce qu´elle peut redouter de ce changement capital pour l´économie du pays. D´après Tomáš Vlk, les avantages et les désavantages sont très divers, il affirme cependant que le poids des avantages et des désavantages est relativement équilibré. Nous pouvons observer par le cas slovaque qu’il est possible d’introduire l’euro relativement rapidement. Posons nous donc la question des risques liés à cette introduction rapide, et de ce que la Slovaquie peut y gagner. Le plus grand risque est, selon Tomáš Vlk, la grande différence du niveau des prix. Ceci pourrait causer, dans les années à venir, des problèmes en Slovaquie, notamment d’inflation. Ecoutons l´analyste sur les désavantages liés à l´entrée dans la zone euro.

Les risques d’une introduction précoce de l’euro sont relativement clairs. Rappelons que, en général, les niveaux des prix de la République tchèque, ou dans le cas présent de la Slovaquie, ont tendance à tendre au niveau des prix de la zone euro. Ceci peut se passer soit au travers de l’appréciation de la monnaie locale, soit au travers d’une inflation plus importante. Si nous introduisons l’euro, notre monnaie ne pourra plus s’apprécier, puisqu’elle n’existera plus. Ceci créera une pression plus grande sur la montée des prix et donc de l´inflation. Et bien sûr, une inflation importante égale à un problème pour l’économie nationale, notamment une perte de compétitivité.

D’un autre côté, l´adoption de l´euro présente des avantages intéressants, notamment en ce qui concerne le commerce international : une simplification du commerce international et une baisse des risques liés à la volatilité des cours. Le plus grand avantage de l’euro est ainsi la fin d’une barrière au commerce international. La baisse des risques pour le commerce international est aisément explicable : ni les importateurs, ni les exportateurs ne seront, avec l´euro, exposés aux incertitudes des taux de change, comme c’est le cas jusqu’à présent. Ceci peut représenter un grand avantage pour un pays comme la Slovaquie, puisque le cours de la couronne slovaque avait tendance à fluctuer très rapidement et de manière importante, ce qui bien entendu posait des problèmes d´incertitude au commerce international. Ces problèmes, avec l’introduction de l’euro, disparaîtront. D’un autre côté, concernant le cas slovaque, comme cela a déjà été évoqué, apparaîtront des problèmes de pressions sur les niveaux des prix et les niveaux des salaires. Tomáš Vlk avance l´argument selon lequel cette volatilité des salaires ou des prix ne sera pas aussi importante que la fluctuation des cours, et sera plus prévisible. Cet argument est celui qui l’a emporté dans la décision de la Slovaquie d’introduire l’euro le plus tôt possible.

Une des plus grande peurs des populations, avant l´introduction de l´euro est souvent la crainte d´une flambée des prix. Sur cette question, Tomáš Vlk se veut rassurant :

La montée des prix et la montée des salaires sont liées. La pression inflatoire sur la montée des prix se fait sentir dans les prix des produits de consommation, et puis dans une montée des salaires. Les salaires et les prix s’influencent mutuellement puisqu’ils sont le résultat d’une même cause : l’inflation.

Toutes ces clefs d´explications en main, qu´en est-il de la décision pratique du moment de l´introduction de l´euro en République tchèque ? Selon Tomáš Vlk, les risques liés à l´adoption de l´euro sont à peu près équivalents en République tchèque et en Slovaquie – et d´ajouter :

Je pense qu’à l’heure actuelle, nous pouvons nous permettre d’attendre avec l’introduction de l’euro, et d´observer son effet sur nos voisins slovaques, pour en tirer quelques leçons.

C´est sur cette sage conclusion de Tomáš Vlk, analyste chez Patria, que s´achève cette émission de Radio Prague, consacrée aux questionnements actuels concernant l´adoption prochaine de l´euro par la République tchèque.