Otto Wichterle, l'inventeur des lentilles de contact, a désormais son monument à Prague

Le maire Tomas Chalupa, Mme Linda Wichterle et l'artiste Michal Gabriel devant le monument, photo: CTK
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L'inventeur des lentilles de contact souples était Tchèque. Le trait de génie de ce chimiste qui a changé le quotidien de millions de personnes à travers le monde, n'a pas empêché Otto Wichterle de subir les affres de l'histoire de la Tchécoslovaquie du XXè siècle. Aujourd'hui, un monument rappelle son importance.

C'est devant l'Institut de chimie macromoléculaire, situé dans le sixième arrondissement de Prague, et fondé par Otto Wichterle lui-même, que le monument commémoratif dédié au chimiste tchèque a été inauguré le lundi 31 octobre. Dévoilé par les officiels de la mairie et par les représentants de l'Institut, le monument n'est pas une statue du scientifique tchèque, comme le souhaitait d'ailleurs sa veuve, mais une oeuvre plus métaphorique, résultat du travail de l'artiste Michal Gabriel, et censée représenter l'arbre de la connaissance. Cette statue de plus de deux mètres, réalisée en bronze, a été financée par la mairie de Prague 6 à hauteur de près 1,9 millions de couronnes, pour sa confection et son installation.

Otto Wichterle
Otto Wichterle n'est de loin pas l'inventeur du principe des lentilles de contact, ce correcteur de vue si pratique utilisé par tant de personnes à travers le monde pour remplacer les lunettes classiques. Déjà Léonard de Vinci en avait pensé le principe et jusque dans les années 1950, les lentilles de contact existaient, mais elles restaient chères, inconfortables et donc difficiles à porter bien longtemps. Inventeur d'un équivalent du nylon américain, le « silon », Otto Wichterle continue ses recherches sur les matières plastiques et synthétiques, et c'est à partir d'un type de polymère qu'il se concentre sur l'hydrogel, un matériau qu'il espère utiliser pour la fabrication des lentilles souples. Comme de nombreux scientifiques et intellectuels tchèques, Wichterle n'échappe cependant ni aux « purges » des années cinquante, puisqu'il est exclu de l'université en 1958, ni à la bêtise d'un régime communiste incapable de voir dans les recherches du chimiste ne serait-ce que son propre intérêt : en effet, après qu'il ait fabriqué ses toutes premières lentilles au début des années 1960, le gouvernement de l'époque vend les brevets pour une bouchée de pain à un Américain, comble de l'ironie, en ces temps de Guerre froide.

Photo: CTK
Le monument édifié à sa mémoire doit également exprimer la grandeur de la personnalité d'Otto Wichterle, a expliqué le sculpteur, Michal Gabriel. Car en plus d'être un découvreur, le chimiste était aussi un homme engagé qui n'hésita pas à mettre sa carrière en jeu, en manifestant ouvertement son désaccord avec l'invasion soviétique de 1968, ce qui lui vaudra d'être expulsé de la direction de l'Institut de chimie macromoléculaire où il continuera cependant à travailler jusqu'en 1989, date à laquelle il est nommé directeur de l'Académie des Sciences. Décédé en 1998, à l'âge de 85 ans, le chercheur tchèque a également reçu ce 31 octobre une récompense à titre posthume : c'est à sa veuve qu'a été remise la médaille de l'Institut technologique international de San Diego aux Etats-Unis, hommage à l'oeuvre d'une vie dédiée à la science.