Pacte budgétaire : la République tchèque mouton noir de l’Europe
Les dirigeants européens ont officiellement signé, ce vendredi à Bruxelles, le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union économique et monétaire. Seules la Grande-Bretagne et la République tchèque ne s’y sont pas associées. Jeudi, lors de leur rencontre à Londres, les chefs des gouvernements des deux pays, Petr Nečas et David Cameron, ont une fois de plus coordonné leur démarche commune, une position contestataire qui continue à soulever l’incompréhension sur la scène européenne.
« Petr est un excellent collègue et un très bon ami. La Grande-Bretagne et la République tchèque entretiennent des relations extrêmement solides. »
La Grande-Bretagne et la République tchèque forment le camp des contestataires du présent document censé mettre un terme à la crise de la dette dans la zone euro. Ce Pacte instaure la règle d’or budgétaire : les pays signataires devront présenter des budgets équilibrés même si un déficit maximum de 3 % du PIB restera toléré. Si le déficit public dépasse cette limite, l’État en infraction s’exposera à des sanctions quasi automatiques.
Pour l’heure, La République tchèque argumente son refus du Pacte budgétaire par des raisons constitutionnelles. Comme annoncé cette semaine par Petr Nečas à l’issue du conseil des ministres, Prague continue à s’opposer à l’harmonisation fiscale imposée par l’Allemagne et la France faute d’un consensus à ce sujet au sein de la coalition gouvernementale.
Jeudi, tandis que les Premiers ministres tchèque et britannique se rendaient à Bruxelles à bord de l’Eurostar, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, était déjà sur place, en train d’accorder ses violons avec la chancelière allemande Angela Merkel et les autres dirigeants européens. Soutenant, lui, le Pacte budgétaire vital pour l’UE, le chef de la diplomatie tchèque voit tout de même une différence entre les attitudes tchèque et britannique :« David Cameron est un dirigent politique très compétent. Ce qui lui tient surtout à cœur, ce sont les intérêts de son pays. Les autres dirigeants européens ici présents défendent, eux aussi, les intérêts de leur pays. Nous, nous sommes une exception. »
Une autre critique de la position tchèque a été formulée, lors du sommet de l’Union européenne, par le Premier ministre slovaque Iveta Radičová qui a invité Prague à « réévaluer » sa position. Selon elle, nos pays n’ont pas d’autre choix que de soutenir et mettre en place la rigueur budgétaire souhaitée par l’UE. Le Premier ministre Petr Nečas, quant à lui, n’estime pas avoir mis à l’écart la République tchèque sur la scène européenne :
« Je ne me sens absolument pas isolé. Ce n’est qu’un pacte parmi des dizaines d’autres, parmi d’autres documents et d’autres accords que nous sommes appelés à signer. »L’achèvement du marché intérieur et le renforcement de la compétitivité sont, aux yeux de Petr Nečas, bien plus importants pour l’Europe que l’accord sur la discipline budgétaire. La République tchèque, la Grande-Bretagne et d’autres pays encore ont d’ailleurs préparé une initiative commune incitant le Conseil européen à agir avec plus de rigueur en matière de croissance économique de l’Union et de construction de son marché intérieur. Cette initiative a été discutée, elle aussi, lors du sommet de Bruxelles. Petr Nečas a précisé pour la Radio tchèque :
« La République tchèque a propulsé cette initiative à l’ordre du jour, aux côtés de la Suède, des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne. Il se trouve qu’à l’heure actuelle, nous avons un marché commun des marchandises mais pas de services. Or, les services représentent un énorme potentiel de croissance économique pour l’ensemble de l’Union européenne, ainsi que pour les différents Etats membres. En outre, la libéralisation des services pourrait encourager la compétitivité de l’économie européenne. Nous ne pouvons pas rester inactifs face à la rapidité de croissance économique de l’Asie orientale ou de l’Amérique latine. »
A noter enfin que la République tchèque a toujours la possibilité de se rallier plus tard au Pacte budgétaire européen. Petr Nečas a d’ailleurs indiqué que le sujet serait encore discuté au sein des trois partis de la coalition gouvernementale.