L’Europe a du mal à comprendre la position tchèque
« Petr Nečas est un des rares hommes politiques locaux qui aient réussi à mettre le nom de la République tchèque au cœur de l’actualité internationale. » C’est ce que constate, avec une certaine satisfaction, une des récentes éditions du quotidien Lidové noviny dans une note réagissant au fait que la République tchèque est avec la Grande-Bretagne le seul pays des vingt-sept à avoir refusé d’adhérer au traité qui doit permettre de renforcer la discipline budgétaire des pays de l’Union européenne. Toutefois, une grande partie des commentaires apparus depuis dans la presse nationale ne semblent avoir que peu d’estime pour cette approche qui risque d’isoler Prague à l’échelle européenne.
« Ce qu’il faut, selon son auteur, c’est parler clairement. Nous voulons plus de discipline budgétaire, sans pour autant prendre un engagement officiel avec les autres membres de l’Union. Nous voulons sauver la zone euro, sans pour autant vouloir y contribuer. Nous aimons l’Union, nous avons toujours voulu y adhérer, mais elle nous irrite, car nous pensons nous débrouiller tous seuls. Louvoyer à mi-chemin, voilà la voie typiquement tchèque que l’on pourrait appeler le destin tchèque ». En cherchant à trouver les motifs de la position de Petr Nečas qui a d’ailleurs été fortement critiquée par le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg qui estime « qu’elle porte préjudice à la république », le commentaire les trouve notamment dans la situation politique intérieure. Il signale :
« D’abord, le Parti civique démocrate (ODS) dont Nečas est le chef, est divisé entre eurosceptiques et eurooptimistes. Et il faut tenir compte, aussi, du rôle du président Klaus (qui voit dans ce traité ‘un nouveau pas vers la liquidation de la souveraineté des pays européens’.) En plus, le Premier ministre a devant lui les élections régionales. Donc soutenir une démarche pro-européenne n’est pas très populaire aujourd’hui. »
L’économe Jan Bureš pense que même si le traité en question n’est pas un document révolutionnaire et ne constitue pas un remède universel, la République tchèque devrait s’y joindre. Pour le serveur Denik.cz il a écrit :
« Une partie des problèmes actuels sont effectivement dus à l’irresponsabilité budgétaire. En adhérant à ce nouveau pacte, la Tchéquie ne risquerait rien du tout. Bien au contraire, elle verrait la qualité de ses institutions locales s’améliorer. L’important pour le pays est aussi de faire partie du courant principal où l’on recherche des solutions à la crise. La Tchéquie est foncièrement dépendante de la zone euro, il faut donc ne pas rester en dehors des négociations sur la future forme de l’union monétaire ».
A ce jour, la République tchèque n’a pas été le théâtre d’un grand nombre de catastrophes aériennes. Il y en avait quant même eu plusieurs. La presse a rappelé celle qui s’est déroulée le 26 janvier 1972, près de la ville de Česká Kamenice, dans le nord de la Bohême, il y a donc juste quarante ans de cela. Le bilan du crash de l’avion yougoslave DC-9 desservant la direction de Stockholm à Zagreb, a été tragique. L’ensemble des vingt-sept passagers et de l’équipage sont morts, sauf une seule personne : l’hôtesse de l’air Vesna Vuković, dont le nom est devenu légendaire dans toute l’ancienne Tchécoslovaquie, son cas étant jugé miraculeux. Une récente édition du journal Hospodářské noviny a rappelé l’histoire de la jeune hôtesse de l’air yougoslave, âgée alors de vingt-deux ans, ainsi que certaines des questions que cet accident a soulevées. L’histoire qui a valu à sa protagoniste d’être inscrite au Guiness des records en tant que détentrice du record du monde de la plus haute chute libre sans parachute à laquelle un être humain ait survécu. Le journal écrit :
« Si Vesna Vulović a pu survivre, c’est probablement à cause du fait qu’elle est restée coincée dans une partie de l’avion qui est demeurée relativement intacte, sa chute ayant été freinée par des feuilles d’arbre. L’important, c’est aussi qu’elle a obtenu promptement des secours, après avoir été découverte peu après l’accident par un garde-forestier local. »
Souffrant de nombreuses fractures et blessures graves, partiellement paralysée, elle a passé près d’un mois dans le coma. Traitée à l’hôpital militaire de Prague, Vesna Vulović a quand même fini par s’en remettre. Après une longue amnésie, elle a pu se rappeler ce qui avait précédé l’événement tragique, se souvenant que juste avant le démarrage, elle aurait remarqué un homme suspect en train de quitter l’avion. Le journal Hospodářské noviny précise :« Selon les résultats officiels de l’enquête, le crash de ce nouvel avion n’a pas été provoqué par une panne technique ou par des manquements de l’équipage, mais par l’explosion d’une bombe placée dans un bagage. Il s’agissait là d’une première attaque terroriste contre un avion civil sur le territoire de la République tchèque. Les auteurs de l’attentat n’ont jamais été identifiés, en dépit du fait que des ‘oustachis’ ont revendiqué cet action. Par ailleurs, le radicalisme des combattants pour l’indépendance de la Croatie était à l’époque très fort. »
Sous protection policière pour éviter l’éventualité d’un autre attentat, Vesna Vulović a subi par la suite des traitements pendant trois mois à Belgrade, avant de se retrouver finalement complètement guérie tant au niveau physique qu’au niveau psychique. Son état de santé lui a même permis de travailler de nouveau pour une compagnie aérienne... mais sur terre, cette fois.A la fin de l’article consacré à ce crash qui a défrayé la chronique il y a tout juste quarante ans, nous pouvons lire :
« Dans les années 1990, Vesna Vulović n’a pas hésité à critiquer en public le régime de Milosevic et à soutenir les changements démocratiques. C’est d’ailleurs avec le même élan qu’elle avait rejeté les spéculations, selon lesquelles son avion n’aurait pas été détruit par une bombe en plein vol, mais abattu par des roquettes de l’armée tchécoslovaque, à quelques centaines de mètres seulement au-dessus du sol ». Ceci dit, les spéculations sur la vraie version de cet accident tragique ne se sont jamais tout-à-fait estompées...