Pâques : à défaut de fleurs, les marchés fleurissent en République tchèque
La rigueur de l’hiver persistant ne gâchera pas les fêtes de Pâques. C’est en tout cas ce que semblent vouloir dire les cabanes en bois qui parsèment les villes et les commerçants qui les occupent. Après les marchés de Noël, ce sont les marchés de Pâques qui attirent Tchèques et touristes chaque année, l’occasion pour ces derniers, et pour vous chers auditeurs, d’en savoir encore un peu plus sur les traditions tchèques.
« Les deux semaines à venir constituent l’une des deux plus grandes périodes touristiques de République tchèque, et ce juste après Noël. Nous nous attendons à ce que plus de 285 000 étrangers se rendent en République tchèque pour Pâques. Cette année, nous comptons sur une augmentation de 2 à 3% du tourisme pour cette période. »
La comparaison avec la période de Noël ne s’arrête pas là, difficile en effet de ne pas noter une grande ressemblance entre les marchés de Noël et les marchés de Pâques. A Prague et dans les villes les plus attractives, on retrouve les mêmes groupements de cabanes en bois remplies de chopes de bière, de reproductions miniatures de l’horloge astronomique et autres babioles « made in China », destinées avant tout aux touristes.C’est surtout la décoration qui change : sur la place de la Vieille-Ville à Prague, les guirlandes lumineuses ont disparu au profit des rubans colorés, le sapin a cédé sa place à un gros oeuf peint et la ferme des animaux à un énorme poussin sculpté, à peine éclot et perché sur le toit d’une cabane. Dans les boutiques, les décorations de Noël ont été remplacées par les oeufs peints. Une tradition qui a bien failli tourner au drame national l’année dernière lorsque le pays a dû faire face à une pénurie sans précédent et à une envolée sauvage du prix des oeufs. La faute à l’Union européenne et à la nouvelle directive de la Commission européenne sur l’élevage des poules, comme le rappelle Jan Dvořák, porte-parole des supermarchés Tesco :
« Les différentes directives de l’Union européenne sont entrées en vigueur et ça a évidemment eu des répercussions sur les quantités disponibles et sur les prix. Nous ne sommes pas menacés par la répétition d’une telle situation. »Cette année, producteurs et commerçants promettent des fêtes apaisées, la guerre de l’oeuf n’aura pas lieu. Ce qui n’empêche pas les artisans de s’inquiéter. Máří Magdaléna Tymlová peint des oeufs depuis plus de cinquante ans et cette année les recettes ne s’annoncent pas fameuses.
« Il pourrait y avoir de l’intérêt, mais il n’y a pas d’argent. Les gens regardent, ils disent que c’est beau, mais ils ne vont pas jusqu’à acheter. »
Une situation qui peut s’expliquer notamment par le déséquilibre touristique dont souffre le pays : les touristes sont là et ils achètent, mais pas partout. Une situation dont Kateřina Petříčková a conscience :
« C’est véritablement comme ça : 65% des touristes étrangers se rendent à Prague, ils ne vont pas si souvent en province, ils n’y trouvent pas d’offres aussi attractives qu’à Prague. Après Prague, les destinations les plus cotées sont Kutná Hora et Český Krumlov. Malheureusement, ce chiffre de 65% de touristes qui restent principalement à Prague est un gros problème. »
Un avantage certain de la capitale : celui de ne pas être menacé par la tradition du lundi de Pâques qui consiste en République tchèque à ce que les hommes fouettent les fesses des filles avec des branches tressées. Supposée garantir fertilité et santé, cette tradition perdure surtout dans les campagnes et certaines femmes n’hésitent pas à se barricader dans leur maison toute la journée pour y échapper. A Prague, petits et grands pourront profiter en toute tranquilité des animations des différents marchés : contes, musiques, danses et autres festivités rythmeront le week-end.