Paris 2024 : Jiří Prskavec, le slalomeur « petit prince » du canoë-kayak tchèque
S’il fallait miser une pièce sur un sportif tchèque qui sera médaillé à Paris lors des Jeux à venir, ce serait peut-être bien lui. Champion olympique en titre de slalom en kayak monoplace (K1), multiple champion du monde et d’Europe, Jiří Prskavec est l’incontestable leader dans son pays d’une discipline, le canoë-kayak, dans laquelle les Tchèques remportent traditionnellement de nombreuses médailles
Présent à Paris depuis le début du mois de juillet, Jiří Prskavec a eu l’honneur, en tant que champion olympique, de porter la flamme samedi dernier à l’occasion du passage de celle-ci sur la base nautique de Vaires-sur-Marne. Un moment au cœur de sa préparation pour les Jeux que le Tchèque a beaucoup apprécié :
« C’était impressionnant. La flamme, je ne l’avais vue qu’à la télévision lors des cérémonies d’ouverture, maintenant je peux dire que c’est quelque chose que j’ai vécu en direct. Je n’avais encore jamais tenu la flamme olympique, l’unique au monde, entre les mains. Donc, oui, c’était un moment très fort et très beau pour moi. C’est d’autant plus précieux que j’ai pu porter la flamme en compagnie de légendes de notre sport. J’en ai vraiment beaucoup profité ! »
À quelques jours de l’épreuve de slalom, au programme le mardi 30 juillet, c’est un Jiří Prskavec très souriant qui a porté une flamme olympique qu’il porte en lui depuis plusieurs années déjà, et sa première médaille de bronze aux Jeux de Rio en 2016. C’est aussi un Jiří Prskavec très décontracté que nous avions rencontré en juin dernier, à quelques jours de la tenue de l’étape de Coupe du monde à Prague et de son départ pour Paris. Une échéance qu’il aborde l’esprit plutôt tranquille :
« Je suis quelqu’un qui fait du sport précisément pour les grandes occasions et qui donne le meilleur de lui-même quand il y a un public nombreux et une ambiance particulière. Je préfère cela à Tokyo, où la compétition s’était déroulée sans public (en raison des restrictions Covid). Quand vous pratiquez un sport comme le canoë-kayak, les JO représentent le summun. Une fois tous les quatre ans, le grand public s’intéresse vraiment à vous et, le plus souvent, vous y participez deux ou trois fois au mieux dans une carrière. Je sais que le public sera très nombreux à Paris, que ce sera une course spéciale, et je suis donc très impatient d’y être. Et le rêve, bien évidemment, est d’être capable de réaliser la meilleure course lors de la finale. »
Parmi les onze médailles remportés par les Tchèques lors des précédents Jeux à Tokyo, en 2021, trois l’avaient été dans les épreuves de canoë-kayak. Outre le sacre de Jiří Prskavec en slalom en K1, Lukáš Rohan avait, lui, décroché l’argent en C1 (canoë monoplace) également dans les épreuves disputées en eau vive, tandis que le kayakiste Josef Dostál, qui était déjà monté sur trois podiums différents lors des Jeux de Londres et de Rio en 2012 et 2016, était rentré du Japon avec le bronze en K2 (kayak biplace) sur les courses en ligne. Et tous trois, auxquels on peut ajouter le multiple champion du monde Martin Fuksa sur 500 et 1 000 mètres en canoë ou encore Tereza Fišerová en slalom, rêvent bien évidemment de faire au moins aussi bien à Paris. Et ce, même si Jiří Prskavec, tout en étant conscient des grandes attentes liées à son statut de double médaillé olympique, préfère envisager les choses sous un angle un peu différent dans un sport où, souvent, vos adversaires sont aussi vos amis :
« Je dirais que j’aurai réussi mes Jeux si je suis content de ma performance. Cela a toujours été mon objectif avant les Jeux. Dans notre sport, vous ne luttez pas directement contre vos adversaires comme, par exemple, en judo. Mes adversaires, je les connais. Nous participons aux mêmes compétitions toute l’année, mais les parcours sur lesquels nous nous affrontons sont toujours différents et certains vous conviennent plus que d’autres. Donc, si je fais une bonne course à Paris et que cela ne suffit que pour la cinquième place, je serai content quand même. Par contre, si je termine deuxième en sachant que j’ai fait une erreur et j’aurais pu mieux faire, je serai déçu. Je n’aime pas trop évoquer un objectif en termes de médaille. Le plus important à mes yeux est d’abord d’être satisfait de ma performance individuelle à l’arrivée. »
Pour y parvenir, Jiří Prskavec, qui possède également quatre titres de champion du monde et onze titres de champion d’Europe à son palmarès mais préfère le calme et la tranquillité à la notoriété et à l’attention des médias, a mis toutes les chances de son côté en profitant de la proximité géographique avec la France. Dans un pays, qu’il dit apprécier pour son public amateur et connaisseur de canoë-kayak, le Tchèque passe un excellent mois de juillet :
« En tant que champion olympique en titre à Tokyo, j’ai eu pas mal d’obligations avant les Jeux, comme celle d’aujourd’hui avec vous, et je suis donc content de passer un mois à Paris et de pouvoir m’y préparer et m’entraîner tranquillement. Ma famille me rejoindra la troisième semaine de juillet et le site olympique des épreuves de slalom ne se trouve pas loin de Disneyland, donc ce sera l’idéal pour les enfants. Nous avons aussi loué une maison avec les autres membres de l’équipe olympique de slalom dans un bel endroit, l’ambiance entre nous est formidable, il ne reste plus qu’à espérer que tout cela servira à quelque chose. »
Cette année, les épreuves à la fois de canoë-kayak et d’aviron seront disputées au Stade nautique de Vaires-sur-Marne, un site flambant neuf un peu à l’écart de Paris. Et le profil du parcours d’eau vive, qui accueillera le slalom, n’est pas pour déplaire à Jiří Prskavec :
« Le parcours à Paris est moins difficile que la plupart des autres parcours auxquels nous sommes habitués lors des autres compétitions internationales. Mais c’était déjà le cas à Tokyo et à Rio et c’est la tendance pour les Jeux olympiques. Mais en même temps, c’est un parcours qui ressemble à celui que nous connaissons sur le site de Troja à Prague et sur lequel nous nous débrouillons plutôt bien, cela pourrait donc être un avantage pour nous. »
Un avantage qui fait dire à Jiří Prskavec que les Tchèques pourraient décorocher au moins deux médailles dans les épreuves de slalom lors des Jeux à venir et qui est la meilleure invitation, pour les amateurs de sport tchèque, à suivre les différentes épreuves de canoë-kayak à Paris.