Paris : inauguration du tombeau rénové du peintre tchèque Josef Šíma

Le tombeau restauré de Josef Šíma (Joseph Sima), un des plus grands peintres tchèques du XXe siècle qui a passé la majeure partie de sa vie en France, a été dévoilé ce mardi au cimetière de Thiais, dans les proches environs de Paris.

La cérémonie s’est déroulée en présence de l’ambassadeur tchèque en France, Michal Fleischmann, et de l’artiste sculpteur Vladimír Škoda qui avait choisi, tout comme son compatriote Josef Šíma, de quitter la Bohême pour aller vivre et travailler en France. Vladimír Škoda, 78 ans, a émigré en France en 1968, pour étudier d’abord à Grenoble, puis dans l'atelier du sculpteur César à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris. Il a décoré le tombeau rénové de Josef Šíma d’une sculpture en métal, son matériau de prédilection.

Josef Šíma autour 1929 | Photo: Wikimedia Commons,  public domain

Šíma, lui, est connu pour ses peintures, ainsi que pour ses réalisations en verre, la lumière étant son objet de fascination. Après être formé au Beaux-Arts de Prague, l’artiste âgé de 29 ans, actif au sein du mouvement d’avant-garde tchèque, accepte en 1920 la proposition de l’atelier de Mauméjean, au pays basque, pour dessiner les vitraux de l’église de la commune de Hendaye. Ce séjour dans le sud de la France est véritablement un tournant pour lui, comme nous le raconte Bertrand Schmitt, réalisateur, conférencier et fin connaisseur de l’art surréaliste tchèque :

« Si on veut voir les choses dans leur aspect global, une des dernières œuvres de Šíma, fin des années 1960, ce sont des vitraux pour une église à Reims. Or les ateliers Mauméjean étaient spécialisés dans le travail du vitrail. Il retrouve à la fin de sa vie sa formation initiale dans le sud de la France. Et puis, tout le travail sur la lumière qu’on trouve chez Šíma, il me semble que cela vient également d’un travail sur la lumière qu’il a pu faire en travaillant sur le verre. Il y a donc quelque chose d’important dans ce séjour dans le sud de la France. »

Josef Šíma a ensuite rejoint Paris où il a épousé Nadine, la fille de la relieuse d’art Louise-Denise Germain. Naturalisé français en 1926, il aura vécu cinquante ans dans la capitale française, jusqu’à sa mort en 1971. Il a notamment rejoint le groupe artistique Le Grand Jeu et devenu l’un des artistes les plus en vue dans le milieu de l’art moderne. La Seconde Guerre mondiale interrompt son activité créatrice mais dès 1950, Šíma est à nouveau projeté sur le devant de la scène, en France d’abord, et en Tchécoslovaquie ensuite où, après avoir été censurée par le régime communiste, son œuvre est finalement réhabilitée lors de deux rétrospectives organisées en 1964.

Le projet de rénovation du tombeau du peintre au cimetière francilien a été soutenu par sa fille Aline Brumlíková. Sa réalisation a pris plusieurs années : elle a été d’abord initiée par la musicologue tchèque installée en France Lenka Stránská. Puis, ce sont les élèves du Lycée des arts décoratifs de Plzeň, en Bohême de l’Ouest, qui se sont passionnés pour ce projet et l’ont mené à bien, créant la réplique de la pierre tombale originale, faite de granit mat, comme l’explique la professeur du lycée, Eva Bednářová :

« Tout a commencé il y a huit ans, lors de mon premier voyage à Paris, avec mes étudiants. Nous sommes allés sur les traces des peintes František Kupka et Josef Šíma. Alors que pour Kupka, il est assez facile de voir ses peintures, pour Šíma, c’est plus compliqué. Nous avons vus ses vitraux à l’Eglise Saint-Jacques de Reims qui nous ont éblouis. J’ai eu l’idée de visiter son tombeau, mais en faisant une recherche sur Google, j’ai appris que celui-ci n’existait pratiquement pas, car la partie du cimetière de Thiais où il se trouve est dans un mauvais état. »

L’exposition de Josef Šíma à Paris | Photo: Site officiel de l’ambassade tchèque à Paris

« Il y a deux ans, je suis partie à nouveaux avec mes étudiants à Paris. J’avais déjà en tête le projet de réalisation d’une réplique du tombeau. Nous l’avons créé en collaboration avec un de nos anciens élèves, le sculpteur Daniel Doležal, d’après l’unique photo existante de l’ancienne stèle que nous avions. Elle a été prise par Miloš Čuřík qui a eu l’idée géniale de se faire prendre en photo sur place et d’apposer sa main sur la pierre tombale, ce qui nous a permis d’évaluer ses dimensions réelles. Nous avons effectué un seul changement par rapport à l’original, en ajoutant sur le tombeau le prénom du peintre, en version française, donc Joseph. »

A l’occasion du 130ème anniversaire de la naissance de Josef Šíma et du 50ème anniversaire de sa disparition, l’ambassade tchèque à Paris expose les photos de ses peintures, accessibles gratuitement, jusqu’au 31 juillet, sur les grilles extérieures du bâtiment situé avenue Charles Floquet, dans le XVe arrondissement.

L’exposition de Josef Šíma à Paris | Photo: Site officiel de l’ambassade tchèque à Paris
Auteurs: Magdalena Hrozínková , Anděla Blažková
mot-clé:
lancer la lecture