Partenariat oriental : quelles perspectives ?
Ces 24 et 25 avril se tient à Prague un sommet international, organisé à l’occasion du 5ème anniversaire du Partenariat oriental. Cette initiative, lancée en 2009 au moment de la présidence tchèque de l’UE, vise à renforcer les liens politiques, économiques et culturels entre l’Union et six Etats post-soviétiques est-européens. Dans le contexte de la crise en Ukraine, le Partenariat oriental devient un enjeu géopolitique majeur pour l’Europe, bien que certains conçoivent son existence comme ingérence dans la sphère d’influence de la Russie. Pour remettre les idées en place, nous revenons aujourd’hui sur les principes et les objectifs de la politique de voisinage de l’UE.
« Les objectifs de base, tels que l’association politique, l’intégration économique, et le passage progressif au régime sans obligation de visa, resteront les mêmes. Car ce programme vise à aider nos partenaires dans l’accomplissement de leurs ambitions, et non pas les nôtres. Le programme aide également à renforcer la souveraineté de nos partenaires. Ce n’est pas un programme qui les obligerait à choisir entre Bruxelles et Moscou. Il s’agit également pour ces Etats, au moyen de réformes et de modernisation, de partager les valeurs et la prospérité des Etats membres de l’UE. »
A différence des autres politiques de voisinage de l’UE, (notamment le partenariat euro-méditerranéen), le Partenariat oriental répondait à une volonté de rapprochement à l’Union qu’avaient exprimé les Etats post-soviétiques de l’Europe orientale et du Caucase. Štefan Füle rappelle par ailleurs, qu’il est hors de question d’accuser l’UE d’une responsabilité quelconque dans la crise ukrainienne :
« La crise ukrainienne n’a pas été causée par la politique du Partenariat oriental. Permettez-moi de rappeler, que Vladimir Poutine a parlé de l’Ukraine comme d’un Etat artificiel déjà en 2008, lors du sommet OTAN-Russie à Bucarest, donc bien avant le lancement du Partenariat oriental. »
Dans le cadre du Partenariat, l’UE cultive des relations très différentes envers chaque Etat, selon ses besoins, mais aussi selon sa volonté de s’adapter aux conditions de l’Union. Si les relations avec la Biélorussie sont particulièrement tendues et difficiles, (le pays n’a d’ailleurs pas son représentant au sommet pragois), la Moldavie s’apprête à signer un accord d’association et ses citoyens pourront, dès le lundi prochain, voyager en Europe sans obligations de visa. Nous écoutons Štefan Füle :
« Les pays n’ont pas tous la même vision du ‘rapprochement’ à l’UE. Pour certains il s’agit de signer un accord d’association, pour d’autres l’ambition se traduit par un autre type de partenariat. Bien évidemment, le respect des droits et libertés fondamentales et un partage des principales valeurs, sont au cœur de ce type de relations, tous types de partenariats confondus. Le principe que nous prônons est le suivant : plus le partenaire s’engage dans des réformes et dans la modernisation, plus il pourra obtenir de la part de l’UE. »Et quelles sont, selon Štefan Füle, les perspectives du Partenariat oriental ?
« Nous avons trois grandes priorités pour les années à venir, compte tenu de l’actuelle crise en Ukraine. La première consiste à promouvoir la bonne gouvernance et l’Etat de droit, c’est-à-dire le renforcement de la démocratie, des droits fondamentaux, mais aussi la lutte contre la corruption. Deuxièmement, il s’agit d’assurer la croissance économique durable de l’ensemble de la région. Finalement, nous visons l’accomplissement efficace et à temps de l’accord d’association. »
Le sommet se poursuivra ce vendredi au palais Černín, siège du ministère des Affaires étrangères, par une conférence intitulée ‘Cinq ans de Partenariat oriental : l’heure d'une nouvelle stratégie ?’. Parmi les nombreux intervenants tchèques et étrangers : spécialistes des relations internationales, universitaires, mais aussi personnalités politiques.