Pascal Rabaté présente son film Ni à vendre ni à louer au festival de Karlovy Vary

Pascal Rabaté

Dans le cadre du 46e Festival international du film de Karlovy Vary, le film Ni à vendre ni à louer, de Pascal Rabaté est le seul film français à être présenté en compétition officielle. Pour Pascal Rabaté, auteur de BD, mais qui trouve dans le cinéma une autre forme d’expression, le festival de Karlovy Vary est une première, comme il l’a confié au micro de Radio Prague:

Pascal Rabaté
« C’est déjà un grand plaisir parce que se dire que le film ne s’exporte pas, mais va au moins être vu ailleurs que dans l’Hexagane, c’est très plaisant. Et puis vu la réputation du festival, c’est quand même quelque chose ! Je suis très flatté... »

Le festival a un certain renom en France, vous en aviez entendu parler auparavant ?

« Oui, j’en avais entendu parler. Ensuite, savoir comment ça se gérait, ça restait très obscur. Mais je savais que c’était un festival dans la catégorie A, qu’il avait une certaine renommée, que c’était un croisement entre les cinémas de l’Est et les cinémas européens. »

Ni à vendre ni à louer,  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
On va parler de votre film car c’est pour le présenter que vous êtes ici. Votre film s’appelle Ni à vendre ni à louer. C’est un film un peu particulier dans sa forme car c’est un film sans dialogues, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y ait pas de son. Il se compose de petites saynètes, des petits tableaux qui mettent en scène les différents personnages du film. Est-ce parce que vous venez du monde de la BD que vous avez choisir d’adopter cette forme-là ?

« C’est parce que je viens du monde de la BD que j’ai voulu faire un film qui soit spécifiquement un objet cinématographique. Il s’agit de six histoires qui se croisent le temps d’un week-end. C’est vraiment monté en cut, on a vraiment beaucoup de petits éléments qui arrivent à un moment donné central, une tempête de la nuit, qui va redistribuer les cartes. Venant du dessin, des arts plastiques, j’avais envie de faire des images qui soient cadrées et qui fassent sens et qui soient plastiques. Mais je pense que cet objet ne pouvait exister qu’en audiovisuel car il y a beaucoup de travail sur le son, beaucoup de hors-champs créés par des bruits de vaisselle ou des déplacements. On a beaucoup travaillé sur l’épure de ce côté-là pour que justement chaque son fasse sens. Au départ je pensais partir sur quelque chose de beaucoup plus naturaliste, en terme d’ambiances sonores. Puis on a décidé d’écrémer et de privilégier le côté décalé et surréaliste. »

Ni à vendre ni à louer,  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
Le côté décalé et surréaliste, on pense évidemment à Jacques Tati, d’ailleurs vous y faites référence vous-même dans des interviews. La référence est évidente parce que le film se passe au bord de la mer. Le titre étonnamment en anglais s’appelle Holidays by the sea, ce qui fait penser aux Vacances de M. Hulot. Vous avez d’autres influences ?

« Tati est une des inspirations. Il y en a pas mal d’autres : des cinéastes burlesques aux cinéaste poétiques. Des gens comme Jacques Demy par exemple. Je me sens presque plus proche de Pierre Etaix que de Tati parce que Tati était un cinéaste de la société, de l’individu perdu dans la grosse machine. Etaix était plus dans l’intime. Je me situe un peu entre les deux, mais quand on était sur le plateau je pensais beaucoup à Kaurismaki pour un jeu d’acteur retenu, pudique. Là, c’est assez éloigné du travail de Tati sur le corps, très influencé par la pantomime, la comedia dell’arte. Je voulais garder un côté réaliste dans les sentiments. »

Suite et fin de cet entretien dans Culture sans frontières.