Patrick Chauvel a présenté son film « Rapporteurs de guerre » à Prague

Patrick Chauvel, photo: CTK

« Il y a beaucoup de gens qui se disent 'grands reporters de guerres'. Mais ce sont plutôt des stars du show-business qui se recoiffent tous les soirs devant le public à la télévision. On s'est inventé notre titre : rapporteurs de guerre, parce qu'on rapporte la guerre avec nous quand on rentre en France. On la raconte. Quand je ferme les yeux, je vois la guerre... », explique Patrick Chauvel, grand rapporteur de guerre français, jadis photographe, aujourd'hui documentariste, venu cette semaine à Prague. A l'Institut français, il a présenté son film de 1998, intitulé justement « Rapporteurs de guerre » et très reconnu à l'international. Il y interroge, avec simplicité et force, ses compagnons de métier. Quelle est la mission d'un rapporteur de guerre ? Qu'est-ce qui le motive ? Doit-il intervenir lors des conflits ? Aider leurs victimes ? Telles sont les questions que Patrick Chauvel soulève dans son film. On l'écoute :

Patrick Chauvel,  photo: CTK
« Ce que j'aime dans ce film, c'est qu'il ne répond pas vraiment. Il n'y a pas de vraie réponse, ce n'est pas aussi simple que ça. Il y avait plusieurs raisons à ce film. J'en avais un peu marre de faire de la photo. Les jeunes photographes me demandaient ce que je pensais de la photo et je n'arrivais pas trop à y répondre à ce moment-là. On a besoin de jeunes pour prendre la relève, vu que dans ce métier, beaucoup de gens sont fatigués, blessés ou tués. J'ai pensé que c'était un bon moyen de présenter ces photographes en pleine forme qui racontent leur passion et de montrer aussi qui étaient les gens derrière les photos. Au départ, ils ont tous dit non, parce qu'ils sont plutôt timides. Leur métier n'est pas d'être vu. Finalement, ils ont dit oui, parce qu'ils ont préféré que ce soit un collègue à eux que quelqu'un qui n'y connaît rien et fait un mauvais film, trop cliché. Une autre raison pour faire ce film : c'était l'époque du scandale Lady Di. Tout le monde a accusé les photographes de presse de sa mort. Moi, je ne suis pas paparazzi, mes amis non plus. Je ne les critique pas, je m'en fous de ce qu'ils font, je ne suis ni pour ni contre. J'ai des copains paparazzi sympas, qui me font plutôt rire, mais ce milieu ne m'intéresse pas du tout. Par contre, ce qui m'a mis en colère, c'est que le public faisait l'amalgame entre le photographe de presse et le vautour. Ce film était aussi une réaction à cela, un moyen de dire que le photographe de presse n'est pas un terme générique. »