Pavel Mokry, nouveau chef d'un football tchèque gangréné par la corruption

Pavel Mokry, photo: CTK
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Le football tchèque a enfin un nouveau chef ! Il aura cependant fallu plus de six mois et pas moins de trois assemblées générales pour que les délégués siégant à la fédération élisent le remplaçant de Jan Obst. C'est donc Pavel Mokry qui, vendredi, est sorti vainqueur des urnes pour s'être montré plus habile en coulisses que son adversaire, l'ancien joueur international Ivan Hasek. Mais alors que le football tchèque n'est toujours pas sorti de la plus importante affaire de matchs truqués de son histoire, hormis quelques dirigeants, la presse comme les amoureux de ballon rond se désolent de la désignation de cet ancien arbitre amateur qui incarne l'immobilisme et la continuité dans la poursuite des sombres pratiques qui minent l'un des deux sports les plus populaires en République tchèque.

Pavel Mokry,  photo: CTK
Certes, si elle élimine la Norvège dans quelques semaines lors de son match de barrage, la République tchèque participera à la Coupe du monde pour la première fois depuis 1990. Certes, Pavel Nedved, déjà élu en 2003, et le gardien de Chelsea Petr Cech figurent sur la liste des cinquante joueurs nommés pour le Ballon d'or 2005, et la grande majorité des internationaux évoluent dans quelques-uns des meilleurs clubs européens. Mais à l'intérieur des frontières, le tableau est moins reluisant et le football tchèque se porte nettement moins bien qu'il n'en donne l'air.

Depuis le printemps 2003, le scandale de corruption portant sur l'achat de matchs de première et deuxième division par des dirigeants, directement auprès des arbitres, traîne en longueur, et malgré les écoutes téléphoniques dont dispose la police, aucune sanction exemplaire n'a été prononcée par la fédération ni contre les responsables, ni contre les clubs incriminés. Du coup, le public tchèque se désintéresse du championnat, lassé des pratiques mafieuses en cours aux niveaux professionnel comme amateur.

Ivan Hasek,  photo: CTK
Ivan Hasek, bien connu en France pour avoir joué au RC Strasbourg puis entraîné le club alsacien, se proposait donc de faire le ménage et de mettre en place des mesures radicales pour redonner un peu de crédit au football. Mais les dirigeants de la fédération ont finalement préféré Pavel Mokry, un ancien commissaire de police spécialisé dans la criminalité économique qui, dans l'ombre, exerce son influence dans le petit monde du football depuis déjà vingt ans. Ce dernier sera secondé par un autre personnage avide de pouvoir, Vlastimil Kostal, l'ancien président du Sparta Prague et actuel manager de la sélection. Les deux hommes, qui s'étaient présentés indépendamment lors des deux premières élections, se sont entendus pour placer leurs intérêts, pourtant divergents, en commun. Ils ont désormais quatre ans pour travailler également dans l'intérêt du football...