Pavel Stecha
Pavel Stecha est l'un des photographes documentaristes tchèques les plus remarquables. Ses oeuvres se trouvent, entre autres, à la Galerie morave de Brno, au musée des Arts Modernes de San Francisco, au musée des Arts décoratifs de Prague, ou encore au Musée Metropolitain de New York.
Avec son appareil photo, il a été présent lors des événements politiques les plus importants qui ont marqué le pays dans la seconde moitié du siècle dernier: des obsèques de l'étudiant Jan Palach, qui s'est immolé sur la place Venceslas, en signe de protestation contre l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'armée soviétique, le déroulement de jusqu'à la manifestation des étudiants dans la rue Nationale pendant la Révolution de velours, le 17 novembre 1989. Pavel Stecha a enseigné l'art de la photographie en Finlande, en Suède et aux Etats-Unis. Ses expositions ont été organisées aussi bien en République tchèque qu'à l'étranger. En 1992, il a remporté le prix World Press Photo pour le portrait du président Vaclav Havel écoutant la sonnerie angélique représentée sur le tableau de maître Théodor.
Pavel Stecha est né le 20 décembre 1944, à Prague. Déjà, à l'école primaire, son professeur de dessin remarque chez lui un talent pour les arts plastiques. Il suggère à son père de lui faire suivre des études dans ce domaine. Mais le père de Pavel, qui ressent une grande aversion vis-à-vis des communistes, se montre peu enthousiaste. Il ne peut supporter l'idée que son fils fasse des dessins pour le Parti. Finalement, la famille opte pour l'école industrielle de géodésie. Au cours de ses études, Pavel se passionne pour le théâtre Semafor, scène contemporaine prestigieuse de Prague. Avec quelques amis, ils achètent des instruments de musique et imitent les chansons interprétées au Semafor. Lorsque son frère lui offre pour Noël un appareil-photo, Pavel est fou de joie. Il vient souvent au théâtre Semafor pour photographier les étoiles de la scène. Au lycée, il présente sur des panneaux des photos illustrant la vie quotidienne et les activités des lycéens, le tout accompagné d'explications.
Parallèlement, il réalise quelques voyages à l'étranger. Un an après l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'armée soviétique, en 1968, les frontières sont fermées et il devient dès lors très difficile de quitter le pays. Son rêve de continuer à voyager pour acquérir de nouvelles expériences, apprendre les langues et peut-être meme travailler en Occident devient donc peu probable. Pavel ne se décourage pas pour autant. Il photographie les événements plus ou moins importants de la vie au quotidien. Par exemple, il prend pour sujet des propriétaires de petites maisons de campagne et en fait toute une série. Ce sont des sujets intéressants, mais pas forcément faciles à publier. A la même période, le professeur Jan Smok, chef du service de la photographie à la FAMU, lui propose le poste d'assistant à l'enseignement de la photographie documentaire. Mais la demande d'attribution du poste est refusée pour des raisons politiques. Le professeur Smok trouve tout de même une solution à l'impasse. Pavel est d'abord admis comme suppléant, puis comme assistant à mi-temps et finalement à plein temps. Poste prestigieux, mais peu rémunéré. Pour gagner un peu plus d'argent, Pavel Stecha coopère notamment avec Mlady svet, magazine très populaire, et prend en photo des acteurs pour les castings.
Après la Révolution de velours, il est nommé vice-président de l'Académie de musique et du cinéma. Il part aux Etats Unis, non seulement pour voyager, mais aussi pour enseigner à l'Ecole supérieure des arts décoratifs où il restera pratiquement Jusqu'à la fin de ses jours. Pavel Stecha a consacré une grande partie de son énergie créative à la photographie d'oeuvres architecturales, tout particulièrement le Château de Prague. Il est le co-auteur de la monographie Fragment. Ce sont des publications centrées sur les détails architecturaux de certaines parties du Château de Prague.
Le photographe Pavel Stecha est décédé en 2004, après avoir lutté pendant de long mois contre la maladie de Kahler. Il s'agit d'une forme de cancer malin et donc inguérissable. Il a dû subir une chimiothérapie et une autotransplantation des cellules de la moelle osseuse. Au cours de ce traitement douloureux Pavel Stecha s'est montré très courageux et optimiste.
